Pour la cinquième édition de la conférence France Is AI – en version 100% en ligne, contexte sanitaire oblige – l’association France Digitale publie une cartographie, secteur par secteur, des jeunes pousses de l’IA. Cette année, l’e-santé réalise une percée notable.
En 2020, France Digitale a identifié 453 startups françaises centrées sur l’intelligence artificielle, soit 18 de plus qu’en 2019. Faut-il y voir un signe de tassement du marché, alors qu’entre 2018 et 2019, ce chiffre avait connu une croissance record, avec plus d’une centaine de nouvelles entreprises ajoutées ? L’association préfère saluer les levées de fonds record de Contentsquare (175 millions d’euros), AB Tasty (37 millions d’euros), Dataiku (100 millions de dollars), Owkin (25 millions d’euros) et Withings (53 millions d’euros), malgré la crise sanitaire et les confinements.
“La cartographie montre que l’IA continue de pénétrer tous les secteurs de l’économie : agriculture, santé, énergie, finance, transports, ou encore, ressources humaines, robotique, support, marketing” explique l’association, co-présidée par Frédéric Mazzella,fondateur de BlablaCar, et Benoist Grossmann, Managing Partner d’Idinvest. La situation sanitaire contribue en effet à l’accélération de la digitalisation des entreprises et des différents secteurs de l’économie française, ce qui représente une opportunité pour les acteurs de l’IA. Saagie (big data), Deepomatic (vision assistée par ordinateur), Vekia (logistique) ou encore Dawex (big data) figurent parmi les “pépites” mises en avant sur ce sujet de la transformation numérique.
20% des startups de l’IA opèrent dans l’e-santé
En outre, sur les 453 startups répertoriées par France Digitale cette année, 89 opèrent dans le domaine de la santé numérique. Outils pour faciliter le quotidien des médecins et des professionnels de santé, plateformes d’analyse des données médicales et d’aide au diagnostic, exosquelettes, assistants vocaux : le secteur est foisonnant.
Owkin en tête…
France Digital met particulièrement en avant Owkin, qui travaille sur des modèles algorithmiques permettant d’accélérer la recherche médicale en cancérologie. Dans le cadre de la pandémie de coronavirus, la startup, basée à Paris, Nantes, Londres et New-York a mis ses outils au service des chercheurs pour prévenir l’apparition de formes graves de la maladie. Financée notamment par GV (anciennement Google Venture) et Bpifrance, l’entreprise a levé plus de 70 millions de dollars en deux ans.
Autre startup “MedTech” prometteuse, Cardiologs, est elle aussi à cheval entre la France et les Etats-Unis. Celle-ci développe des outils d’analyse automatisée des électrocardiogrammes. Les 15 millions de dollars levés en début d’année lui permettront de renforcer son implantation outre-Atlantique… Car si la France excelle en R&D, grâce à ses ingénieurs et à l’incitation fiscale attractive du Crédit Impôt Recherche, le pays peut en effet difficilement rivaliser avec les Etats-Unis, premier marché en termes de financements et de débouchés commerciaux dans de nombreux domaines, et tout particulièrement la santé.
La question de la souveraineté
Ce sujet de la nationalité des startups pose d’ailleurs la question de la souveraineté numérique. Dataiku, par exemple, qui apparaît dans le panorama, est un spécialiste de l’analyse des données et des méthodes prédictives, qui compte Google à son capital depuis fin 2019 (via le fonds CapitalG). C’est aujourd’hui une licorne, valorisée 1,4 milliard de dollars. Mais bien que lancée en France en 2013, elle est désormais une société de droit américain, avec son siège à New York. Son site est en anglais, avec une traduction en Allemand… mais plus aucune page en Français. Avant elle, d’autres entreprises françaises prometteuses avaient déjà fait ce saut, comme Algolia (moteurs de recherche) ou Dashlane (cyber-sécurité). L’enjeu des prochaines années sera de retenir en France leurs successeurs.