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L’année passée a été pour le moins compliquée pour le secteur de la beauté en France. Au premier semestre 2020, les ventes de cosmétiques ont reculé de 10%, selon une étude du cabinet Asterès commandée par la Fédération des entreprises de la beauté. Les confinements successifs ont provoqué une baisse brutale des revenus des magasins. Coincés à la maison, les coquets et coquettes se sont moins maquillés. Les ventes de rouges à lèvres ont chuté, à elles seules, de 33% en un an. De nombreuses marques ont retardé le lancement de nouveaux produits. Les plateformes de vente en ligne ont profité de la fermeture des points de vente physiques. En avril 2020, leur chiffre d’affaires a bondi de 73%, selon The NPD Group. Cette croissance n’a toutefois pas permis de compenser les manques à gagner enregistrés dans les boutiques et les professionnels n’espèrent pas un retour à la normale du marché des cosmétiques avant 2022.
Des mentions en hausse de 30%
Ces bouleversements majeurs ont eu un impact majeur sur la communication des marques, comme le montre une étude réalisée par Influence4You et HypeAuditor. Les griffes de beauté ont réalisé à quel point elles pouvaient tirer avantage de la puissance des leaders d’opinion auprès de leurs communautés. Le nombre de mentions les concernant a en effet progressé de 30% durant le premier confinement et les taux d’engagement ont augmenté de 10%. Ces hausses s’expliquent. « Coincés chez eux, les influenceurs ont eu plus de temps pour diffuser des posts sur les réseaux sociaux, analyse Stéphane Bouillet, co-fondateur d’Influence4You. Ils ont également été limités dans le choix des messages qu’ils pouvaient envoyer. Les deux seuls sujets de conversation qu’ils pouvaient entretenir étaient la cuisine et la beauté car à la différence des voyages, par exemple, il est possible de parler de ces thèmes sans quitter son domicile. La plupart d’entre eux ont aussi pris soin de citer plus fréquemment les marques des produits qu’ils testaient afin de maintenir de bonnes relations avec elles. » Ces dernières leur ont bien rendu la monnaie de leur pièce.
145 mentions par mois
Les leaders d’opinion ont en effet été un canal important et efficace de visibilité pour les marques quand l’affichage et la promotion dans les magasins n’étaient plus disponibles lors des confinements. « La plupart d’entre elles ont rebasculé une grande partie de leurs efforts de communication sur les canaux digitaux et notamment sur leurs relations avec les influenceurs », confirme Stéphane Bouillet. Le confinement a été la période étudiée qui a généré le plus de mentions de marques cosmétiques. Le nombre de hashtags liés à la beauté a augmenté de 25% entre la période qui a précédé et celle qui a succédé à la « mise sous cloche » de notre pays. En moyenne, les 53 labels de cosmétiques analysés dans l’enquête de HypeAuditor ont été mentionnées 145 fois par mois par les leaders d’opinion. Les marques distributeur comme Séphora, KikoMilano, Yves Rocher et Nocibé sont celles qui ont été citées le plus fréquemment. Nyx, Toofaced, et Benefit sont les trois fabricants les plus cités.
Petits mais écoutés…
Les influenceurs beauté français préfèrent, par ailleurs, référencer des comptes de labels nationaux. Et le taux d’engagement sur leurs comptes Instagram est dix fois supérieur à celui des marques. Les annonceurs ont donc tout intérêt à travailler avec ces internautes pour développer leur propre audience plutôt que d’investir pour produire du contenu sur leurs propres sites et leurs réseaux sociaux. Mais attention… Une vérité trop souvent oubliée doit être répétée : la taille ne fait rien à l’affaire. Les « petits » influenceurs qui rassemblent entre 1000 et 5000 followers génèrent trois fois plus d’engagement que les autres leaders d’opinion. Ils ont publié, à eux seuls, 43% des mentions de marques françaises de beauté. Et quelques « astuces » permettent aussi de susciter encore plus de curiosité auprès des internautes. Certains posts comprenant un jeu-concours peuvent ainsi générer un taux d’engagement de 68%.
Pour toucher la cible des moins de 35 ans, il n’est plus nécessaire de faire de la télévision
Cette pandémie devrait donc servir d’accélérateur à une tendance qui commençait à apparaître depuis plusieurs années déjà. « Il va y avoir un basculement massif des investissements en communication des marques de cosmétiques vers les réseaux sociaux, prédit le co-fondateur d’Influence4You. Pour toucher la cible des moins de 35 ans, il n’est plus nécessaire de faire de la télévision ou de la presse traditionnelle aujourd’hui. Il faut concentrer tous ses investissements sur la Toile. C’est là où se trouve cette audience. » Les temps changent…