« Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. » Citer saint Matthieu n’a jamais été autant d’actualité. Les marques et les consommateurs jurent, la main sur le cœur, qu’ils souhaitent stopper le réchauffement climatique, protéger l’environnement, limiter leurs impacts, combattre le sexisme, s’opposer au racisme et réduire les inégalités sociales. De nombreuses initiatives vont dans ce sens : lutte contre la déforestation, agriculture durable, énergies propres, promotion de la parité dans les entreprises, postes réservés aux personnes de couleur, aides à l’embauche pour les habitants des quartiers défavorisés… ces projets louables sont souvent annoncés, à grands renforts de publicité, à la télévision et sur les réseaux sociaux. Mais les marques et leurs clients peuvent être capables du meilleur un jour et du pire le lendemain. Un Dr Jekill et un Mr Hyde sommeillent en chacun d’entre nous…
L’homme est un être essentiellement paradoxal, disait l’essayiste et académicien français André Frossard. Notre société de consommation le prouve chaque jour ou presque. Nous n’hésitons pas à faire un détour pour acheter des aliments en vrac et éviter les emballages en plastique, mais nous sommes dans le même temps capables de manger un bon steak saignant alors que nous savons pertinemment qu’un kilogramme de viande bovine équivaut à une émission de 27 kg de gaz à effet de serre. Pour l’agneau, ce chiffre atteint même 39 kg de CO2. Craquer pour une côtelette n’est pas bon pour la couche d’ozone… Les touristes passent plus de vingt heures en vol pour visiter l’Australie, mais ils se donnent bonne conscience en allant dormir dans un hôtel écoresponsable qui recycle ses ordures, limite sa consommation d’énergie et propose des aliments cultivés localement. Cracher 7,18 tonnes de CO2 dans l’atmosphère pour rendre visite à un ami à Sydney ne choque pas l’écolo qui a quitté Paris pour vivre en pleine campagne – dans une maison autonome en eau et en électricité qu’il a fabriquée lui-même et dans laquelle il fait pousser des fruits et des légumes afin d’éviter d’acheter des produits frais dans les grandes surfaces. Allez comprendre… Plusieurs secteurs illustrent parfaitement notre schizophrénie consommatrice.
Ceci est un extrait de l’article paru dans le dernier numéro de la revue INfluencia, numéro 35, « Inspirations 2021 ». Pour accéder à l’intégralité de ce contenu , cliquez ici pour vous abonner ou acheter la revue (en version print et/ou digitale)