11 mars 2021

Temps de lecture : 3 min

Bruno Stagno Ugarte, Human Rights Watch : “Il ne faut pas tomber dans le désespoir”

Pour le premier épisode de 2021 de la web-émission MyAct, Pascal Pascal Cübb (Sunglasses) et Isa Kurata (ACT Responsible) recevaient Bruno Stagno Ugarte, ancien Ministre des Affaires Étrangères du Costa Rica et Directeur exécutif adjoint en charge du plaidoyer mondial de Human Rights Watch, ainsi que Mercedes Erra Présidente/Fondatrice de BETC et Présidente Exécutive d’Havas Worldwide. Celle-ci est également coprésidente du Comité France Human Rights Watch. L’occasion de revenir sur leurs engagements respectifs au sein de l’association et de souligner l’importance pour les entreprises – et leurs dirigeants – de contribuer à des causes.

“Les êtres humains, qu’ils fassent de la publicité ou autre chose, ont besoin d’agir pour rendre le monde meilleur ” a souligné Mercedes Erra au micro de MyAct, la web-émission créée par Act Responsible (pour « Advertising Community Together »), association qui œuvre depuis 2001 pour inspirer, encourager et rassembler les acteurs de la publicité autour des sujets de la responsabilité sociétale et du développement durable.

“BETC, depuis son origine, a toujours considéré qu’il fallait rendre et qu’il fallait contribuer à un monde meilleur. […] Notre engagement aide nos équipes à se sentir bien, c’est aussi simple que ça” ajoute la publicitaire. Via du mécénat de compétence, BETC apporte ainsi régulièrement sa pierre à de grandes causes. Par exemple, l’agence s’est tout récemment penchée sur la crise migratoire à Calais, avec sa campagne “L’Auberge des Migrants”.

A titre personnel, Mercedes Erra est également engagée pour l’association Human Rights Watch, dont elle co-préside le comité France. Fondée en 1978 sous le nom de «Helsinki Watch», dans le but d’enquêter sur les violations des droits humains commises dans les pays qui avaient signé les Accords de Helsinki, Human Rights Watch compte aujourd’hui environ 450 employés de plus de 70 nationalités et intervient sur les cinq continents.

L’action de l’organisation s’appuie sur trois leviers : l’enquête pour révéler les faits et les éléments de preuve relatifs aux violations des droits humains, l’exposition, pour relayer les témoignages et les enquêtes le plus largement possible, et l’influence auprès des représentants de gouvernements, aux Nations-Unis, sur le terrain ou dans le monde de l’entreprise pour que les lois soient appliquées et la justice rendue.

Avec son équipe d’anciens journalistes, de juristes et d’experts, Human Rights Watch enquête ainsi régulièrement sur des massacres et génocides, sur la prise de contrôle de médias par des gouvernements ainsi que sur les arrestations d’activistes et d’opposants politiques. L’association a aussi élargi son action pour lutter contre les discriminations de genre, contre les personnes LGBT et les personnes en situation de handicap.

En France, c’est Jean-Louis Servan-Schreiber, récemment décédé, qui a mis en place la délégation locale et embarqué Mercedes Erra dans cet engagement. “On lui doit beaucoup », explique-t-elle, en soulignant “l’efficacité” des actions de l’association. “La vérité, quand elle est dite, peut être un levier de modification du monde. On se dit la ‘vérité on l’a’, mais on a vu que, non, on ne l’a pas. On ne l’a pas en Chine, on ne l’a pas dans plein d’endroits. Et on l’a encore moins aujourd’hui avec les fakes news, le digital, le complotisme. On ne sait pas où est la vraie histoire.”

Avec la crise sanitaire, l’association a dû faire évoluer ses pratiques d’enquête pour les adapter au nouveau contexte. Cela est notamment le cas au sujet des Ouïghours, comme le raconte Bruno Stagno Ugarte : “La Chine veut montrer que les Ouïghours sont contents de cohabiter avec les Hans en Chine. On a pu démontrer, en partie grâce à nos propres analyses, par des images satellite et des enquêtes numériques, que c’était totalement faux. La Chine a dû reconnaître qu’il y avait des centres de rééducation”.

Même si la période invite peu à l’optimisme, Bruno Stagno Ugarte tient d’ailleurs à livrer un message positif : “Il y a plusieurs crises, mais je crois qu’il ne faut pas tomber dans le désespoir. Il y a quand même pas mal de signaux comme quoi on peut aller vers de meilleurs jours.”

Parmi ces signaux positifs, figure l’implication croissante des Etats dans la lutte pour les droits humains. “Ces quatre dernières années de Trump nous ont démontré que les Etats-Unis, sont certes un pays important, mais pas indispensable en matière de droits humains. On a vu dans les quatre années passées un bon nombre de petits et moyens Etats prendre les devants, en décidant de lutter pour que tous les vides, tous les espaces qui ont été délaissés par les Etats-Unis soient bien comblés et pouvoir faire face à différentes violations des droits humains, en Afrique, en Asie, ou en Amérique latine.”

“On est là pour changer les choses le plus vite possible. C’est pour ça qu’on est optimistes. Si on n’est pas optimiste, c’est qu’on a pas décidé que le monde sera différent”, conclut Mercedes Erra.

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