18 mars 2021

Temps de lecture : 5 min

Comment Franprix met les grandes marques au vrac ?

Alors que se discute le projet de loi Climat et Résilience qui propose une démocratisation du vrac en grande surface, Franprix poursuit sa révolution RSE. Non seulement en avance sur l’équipement de ses magasins en vrac, l’enseigne vient de lancer un nouveau concept qui nous séduit : « Les marques toutes nues ». Une offre de produits de grandes marques vendus en vrac. Résultat : moins de gaspillage, moins d’emballage, plus de sensibilisation et d’engagement des marques. Rencontre avec Laura Pires, directrice RSE de Franprix pour parler vrac, chaîne de production et consommation responsable.
The Good : Au regard des mesures fixées par le projet de loi Climat et Résilience en termes de gestion de l’espace des grandes surfaces, quel est le positionnement de Franprix sur la vente de produits en vrac ?

Laura Pires : Franprix est un des pionniers du vrac en supermarché non spécialisé. Le vrac est présent dans nos magasins depuis l’évolution des concepts de magasins, en 2015. La taille moyenne d’un magasin Franprix étant de 400m2, nous sommes naturellement concernés par cette loi. A l’heure actuelle, 200 de nos magasins sont équipés de solutions vrac, avec un objectif de 100% de nos magasins d’ici 2 ans.

Que ce soit pour l’épicerie, la lessive, les produits d’hygiène corporelle, ou les liquides (huiles, vin, alcools forts ), nous proposons du vrac et du bio. Enfin, nous avons développé le concept de Vrac de Marques Nationales avec « Les marques toutes nues ».

Concernant la loi Climat et Résilience, nous avons donc une solution efficace, adaptée aux espaces restreints et déjà en magasin pour y répondre : les trémies cartonnées. Ce sont des trémies verticales qui nous permettent de proposer une large gamme de produits dans un petit espace : 60 références sur 2 mètres. Des solutions qui sont également hygiéniques (zéro manipulation produits) et écologiques (évitent les emballages primaires – pas de sac pour mettre le produit dans la trémie, une fois vides, les trémies sont 100% recyclables et recyclées).

The Good : Quelles sont les mesures clés de la feuille de route RSE de Franprix ? Des données chiffrées à nous communiquer sur votre évolution et vos ambitions pour l’année à venir ?

L.P. : Nos trois objectifs principaux sont de mener à terme notre pilote « Les Marques Toutes Nues » avec les 12 marques nationales actuellement à bord ; continuer à installer une offre vrac dans nos magasins pour atteindre 100% des magasins proposant du vrac à nos clients d’ici 2 ans; et enfin poursuivre le développement du bio dans tous nos rayons, notamment avec la gamme “Bio & Ensemble” de fruits et légumes bio sans emballages ou avec un emballage éco-conçu, qui sera présente dans 100% des magasins.

The Good : Peut-on parler d’enjeux spécifiques liés à la grande distribution sur les enjeux du Good ? Si oui lesquels et comment les dépasser ?

L.P. : Pour convertir toujours plus de clients non spécialistes au vrac, il faut d’abord travailler un modèle économique du vrac qui permette de répondre à leur attente d’un prix €/kg du produit en vrac inférieur à sa version emballée. Ensuite, explorer les pistes innovantes pour leur permettre à terme de retrouver le niveau d’information, de transparence et de réassurance auquel ils sont habitués via les emballages des produits emballés.

La grande distribution a ce rôle d’utilité sociale de rendre accessibles les produits alimentaires essentiels au plus grand nombre. Elle doit donc trouver une façon économiquement viable, mais aussi simple et facile, d’embarquer tous les profils de clients vers de nouveaux modes de consommation pour la consommation de produits bio, de produits engagés (équitable, respectueux du bien être animal, etc.), et de produits en vrac ou proposés dans des contenants réutilisables.

The Good : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre corner « Les marques toutes nues » actuellement en phase test ? Quels enjeux liés au branding, à la concurrence entre marques mais aussi à la logistique de production pour ces marques ?

L.P. : L’objectif de ce nouveau concept “Les marques toutes nues” est double : démocratiser le vrac traditionnellement proposé en bio et dans des réseaux spécialisés, et  encourager un mode de consommation plus responsable en permettant à nos clients  de retrouver les produits de leurs marques préférées en vrac et d’acheter la juste quantité. Résultat : plus d’économies, moins de gaspillage, et moins d’emballage.

En termes de logistique, ce projet est porté par un groupement d’acteurs complémentaires pour proposer une solution complète de vente, déployable à grande échelle en Ile-de-France. Il est composé de Franprix (distribution), Bulk and Co (fabricant d’équipements spécialisés pour les rayons vrac), FM Logistic (conditionneur et logisticien), Ilec (fédérateur de marques nationales pour accélérer les innovations), et de 12 marques nationales + la marque Franprix.

Par ici une petite explication du rôle de chacun :
– Bulk & Co : Conception et fabrication du mobilier écologique, trémies en carton et étiquettes. Réalisation des études marketing et conseil auprès des marques pour valider la faisabilité technique et le respect des normes de qualité des produits conditionnés dans les trémies.
– FM Logistic : Réception, stockage des produits et suivi des approvisionnements. Conditionnement dans le respect des normes d’hygiène et de sécurité alimentaire dans les trémies. Livraison des trémies dans les 4 magasins Franprix pilote depuis le site de Mormant dans le 77.
– Marques Nationales : Envoi des produits à FM Logistic dans des conditionnements plus importants qui permettent la réduction des emballages primaires.
– Franprix : Enseigne de distribution et fournisseur de produits à la marque Franprix en vrac

En termes d’enjeux, pour les marques investies dans ce projet comme pour Franprix, il s’agit principalement de réussir à bien faire émerger le concept au sein du magasin et rendre son originalité immédiatement compréhensible auprès des clients. Ensuite, de mieux comprendre les attentes des clients ainsi que les freins sur les achats en vrac. Évidemment sur la logistique, de mieux comprendre les contraintes liées à la chaîne de production pour optimiser notre impact environnemental. Enfin, côté rentabilité, mieux comprendre l’équation économique pour aboutir à un modèle économiquement rentable et déployable à grande échelle.

The Good : Le vrac est-il selon vous LA solution à l’alimentation durable et à une grande distribution à impact positif ?

L.P. : C’est assurément une des solutions importantes pour une alimentation plus durable, d’autant plus si le consommateur vient avec ses propres contenants et achète la juste dose pour ne pas gaspiller. Elle vient en complément à d’autres grands piliers indispensables à une alimentation plus durable, comme l’agriculture bio, un sourcing plus local ou une alimentation plus végétale.

Dans le soutien à la croissance de la consommation en vrac, comme dans celui à la croissance du bio, la grande distribution joue et continuera de jouer un rôle essentiel puisque déjà à date 50% des achats en vrac et 77% des achats de produits bios se font au sein de la grande distribution.

The Good : Parmi la foule d’initiatives venant rebattre les cartes du parcours d’achat de l’alimentation, certaines vous inspirent/séduisent-elles ?

L.P. : Franprix participe à l’évolution des modes de consommation de ses clients et accompagne en effet les nouveaux modes de consommation qui émergent.

Parmi eux, déjà évoqués ci-dessus, Franprix expérimente et a en effet un rôle de précurseur sur :

– La réduction du plastique à usage unique dans les magasins : gamme F&L bio 100% sans plastique, déploiement massif du vrac, expérimentations autour du réemploi (avec la consigne Green Go)

– L’offre de produits les moins transformés possibles, notamment sous la marque Franprix, dans l’objectif d’offrir au plus grand nombre des produits aux recettes simples et les plus proches que possible du fait maison. A titre d’exemple, les produits Franprix sont 100% sans huile de palme, sans exhausteur de goût, sans colorants azoïques, sans édulcorants intenses, sans matières grasses hydrogénées, sans sirop de glucose ajouté.

Ce papier a d’abord été publié sur The Good

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