INfluencia : vous fêtez 10 ans des Chatons. Quel bilan en tirez-vous?
Pascal Cübb : je ne suis pas le mieux placé pour faire un bilan de ces dix années, mais j’ai suivi depuis la première édition, Les Chatons d’Or et je les ai vus grandir. 10 ans, cela pourrait être l’âge de raison mais je dirais que ces années très inspirantes nous amènent vers plus d’ouverture et de réflexion sur le monde en pleine évolution. Le bilan est très positif. Une reconnaissance acquise par les professionnels, une audience de plus en plus large, des milliers de jeunes créatifs et créateurs, ont participé à notre concours. Ils sont devenus grands mais beaucoup sont restés à nos côtés. C’est une grande famille aujourd’hui.
IN. : quand Laurent Allias a lancé ce festival, il s’adressait juste aux jeunes, comment a-t-il évolué?
P.C. : l’idée de Laurent et de Maxime (Verner) était de créer une sorte d’antichambre des Lions à Cannes (Le festival International de la Créativité) pour la nouvelle génération de créatifs. Le succès fut immédiat. Progressivement, les Chatons d’Or ont évolué, avec une ouverture sur les différents métiers de la communication et d’autres secteurs d’activité. Parallèlement, et depuis quelques années déjà, le festival a intégré les grands sujets sociétaux, environnementaux, politiques et éthiques.
IN : pourquoi cette évolution?
P.C. : pour faire avancer les idées qui font bouger notre société. Pour inspirer et donner envie de s’engager. Imaginer et créer le monde de demain. Construire un pont générationnel et soutenir la jeunesse qui en a tellement besoin aujourd’hui.
LE RETOURNEMENT DE L’ICEBERG
IN. : quelles sont les grandes nouveautés?
P.C. : en 2019, année de la reprise par Sunglasses, nous avons produit l’événement au Conseil économique, sociétal et environnemental en pleine Convention Citoyenne avec plus de 1.000 personnes présentes pour la remise des prix. C’était une impulsion forte pour notre festival. L’édition 2020, avec les difficultés que l’on a dû contourner, n’a pas pu se dérouler comme nous l’avions imaginé. Cette année, nous avons créé une nouvelle plateforme virtuelle en 3D permettant d’offrir une véritable expérience et de proposer de nombreux contenus. Une ouverture plus grande encore vers dix pays francophones, dix associations & ONG, 10 syndicats professionnels et 10 émissions ChatonsTV en direct. Nous avons obtenu également le soutien du ministère de la Culture aux côtés de nos partenaires historiques et de nombreux nouveaux soutiens. Nous avons également créé un espace « Emploi & Stage » avec Pôle Emploi pour proposer des outils et des offres sur notre plateforme.
IN : comment voyez-vous le secteur de la publicité évoluer?
P.C. : Le monde de la publicité est dans la tourmente comme beaucoup d’autres secteurs d’activité. Attaquée de tous côtés, montrée du doigt comme le bras armé d’un monde consumériste, elle doit commencer par faire des constats. Un état des lieux. C’est en cours actuellement avec les Etats Généraux de la Communication. Comme je le dis souvent, ce que nous vivons actuellement c’est « le retournement de l’iceberg ». De nombreux sujets émergents aujourd’hui qui étaient déjà présents avant la pandémie. On les cachait sous le tapis. Je n’ai pas la prétention de savoir ce qu’il faudrait faire. Je pense simplement que tout le monde fait ou a fait des erreurs. Après le mea culpa, viendra le temps des engagements et des responsabilités. La publicité est un outil économique important. Elle regorge d’intelligence, de talents, d’expertises et d’expériences pour faire avancer notre société dans le bon sens. Il faut se réinventer et choisir le bon chemin.
IN. : « tu ne dois pas manger sucré, tu ne dois pas manger de viande, tu ne dois pas te moquer des femmes, des Black », etc… La pub pâtit elle de ces interdits?
P.C. : la pub n’échappe pas aux tendances actuelles. Entre la « cancel culture » et les « justiciers masqués » des réseaux sociaux, il est parfois difficile de faire avancer les choses. Cela devient complexe de communiquer avec justesse. Je déteste la censure et les jugements hâtifs sans réflexion. Néanmoins, il ne faut pas rester pétrifié par la peur. Il y a sans doute quelques bonnes motivations dans ce brouhaha médiatico-social. Comme il y en a aussi dans les esprits des créatifs et des communicants.
LE TSUNAMI DE L’ÉVÉNEMENTIEL
IN. : l’événementiel a souffert et souffre, comment le voyez-vous évoluer? Redeviendra-t-il comme avant?
P.C. : l’événementiel a subi de plein fouet cette crise. C’est au-delà de la souffrance, c’est un tsunami. Certains ont pu ou ont su transformer rapidement leur modèle. Mais l’addition va être très salée. L’iceberg s’est retourné ici aussi… Concernant son évolution, j’ai déjà pris mes positions et je ne pense pas qu’il reviendra comme avant. Il va falloir penser et produire différemment.
IN. : pensez-vous que désormais les événements devront systématiquement intégrer encore plus de digital? Quelle est votre vision de la transformation événementielle à moyen terme?
P.C. : selon moi, il va falloir produire du « physique » plus intense, plus intéressant et plus qualitatif avec du digital intégré, mieux maîtrisé et largement diffusé de façon ciblée. C’est ce que nous faisions déjà, chez Sunglasses, aux Cannes Lions et sur les Chatons d’Or depuis quelques années. La demande et l’attente sont palpables, les personnes veulent se retrouver, se voir, échanger sans écran. Raison pour laquelle nous pensons produire la remise des prix pour nos 10 ans, dans la vraie vie!
IN. : vous pratiquez beaucoup le Live sur les réseaux sociaux. Ce format interactif continuera-t-il à avoir de l’avenir ?
P.C. : je pratique la diffusion de contenus broadcastés depuis des années avec Sunglasses. Nous étions parmi les premiers, en 2004, à introduire le digital dans les events à l’époque de mon agence Cübb. Evidemment ces formats vont s’imposer et s’intégrer. Mais pas n’importe comment. On a été submergés de Lives, de Webinars… et autres contenus digitaux plus ou moins bien réalisés depuis un an. Clairement, les audiences ne se tiennent plus aujourd’hui pour des formats sur Zoom, Teams ou Skype. Si on veut être vu, il faut des productions de qualité, des contenus intéressants et une bonne médiatisation. L’avenir est incertain, mais le besoin et l’envie sont certains.
* Agathe Bousquet – Présidente de Publicis Groupe France. Nicolas Bordas – Vice-Président International TBWA Worldwide. Mercedes Erra – Présidente et Co-Fondatrice de BETC – Présidente de Havas Worldwide. Olivier Altmann – Co-Fondateur ALTMANN+PACREAU. Marie-Laure Sauty – Fondatrice de Factor K – Entrepreneuse et Investisseuse. Romain Afflelou – Co-Fondateur de Cosmo Connected – Entrepreneur et Investisseur. Sophie Guérinet – Co-Fondatrice de Act-Responsible et de NGAD. Stéphane Martin – Directeur Général de l’ARPP. Valérie Decamp – Directrice Générale de Médiatransports. Vanessa Vankemmel Sebban – Creative Works Lead de Google France
** Good Impact ; Film & Video; Produit & Concept; Jeune pousse; Jeu & Application ; Edition & Affichage ; Médias sociaux ; Media & Influence ; Animation ; Art & Culture
Campagne pour l’anniversaire des chatons d’Or signée Josiane