24 mai 2021

Temps de lecture : 2 min

Stop Funding Heat dénonce Facebook pour sa désinformation climatique.

Décidé à secouer le réseau social, beaucoup trop timoré, à l’image de son patron, Stop Funding Heat annonçait le 12 mai dernier le lancement d’une pétition en ligne visant à contraindre Facebook à une meilleure gestion de la désinformation climatique qui gangrène sa plateforme. Une initiative populaire qui fait suite à un rapport très à charge contre le Gafam publié le même jour par l’association britannique.

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Le 18 février dernier, après des mois, et même des années, de pression populaire, Facebook se « donnait » enfin les moyens de combattre la désinformation climatique qui pullulait jusqu’alors librement sur sa plateforme. Une prise de conscience opérée par le Gafam aussi soudaine que nécessaire, qui fait écho à son repositionnement stratégique global concernant la publication de fake news sur son territoire numérique — que nous pouvons créditer aux nombreux bad buzz dont il a été victime ses dernières années —. Le réseau social annonçait ainsi l’intégration d’une nouvelle section au Centre d’information sur le climat, une page lancée par ses soins en septembre dernier.

Cette section servirait à regrouper des faits scientifiques indiscutables sur le climat, concoctés avec des experts de l’Université George Mason, du programme sur la communication en changement climatique de Yale et de l’Université de Cambridge, dont une explication du rapport entre réchauffement climatique et diminution du nombre d’ours polaires ainsi qu’une description de la baisse du coût des énergies renouvelables. Disponible uniquement en Allemagne, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni, cette plateforme allait être également ouverte en Afrique du Sud, en Belgique, au Brésil, au Canada, en Espagne, en Inde, en Indonésie, en Irlande, au Mexique, au Nigeria, aux Pays-Bas et à Taïwan.

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Suffisant pour calmer ses détracteurs ? Non, bien évidemment. Auteure d’une pétition visant à mettre le réseau social face à ses propres contradictions, l’association britannique Stop Funding Heat, dérivée de la campagne à succès Stop Funding Heat lancée en 2016, et qui cherche à combattre la propagation en ligne de la désinformation climatique, dévoilait la semaine dernière un rapport accablant en la matière. Pour le groupe activiste, Facebook ne fait rien ou presque contre la désinformation climatique, n’ayant même pas inscrit cette notion dans les règles officielles d’utilisation du réseau. Le rapport de 40 pages chapeauté par Stop Funding Heat démontre que les algorithmes censés contrôler la propagation de fake news ne détectent pas celles relatives au changement climatique. Plus grave encore, le Gafam « aurait été rémunéré à plusieurs reprises pour la publication de publicités climato-sceptiques » sur ses pages anglosaxonnes, selon Sean Buchan, un chercheur travaillant pour l’association, dans les colonnes de The Cube, une filiale d’Euronews. Ce dernier rappelle en effet que : « c’est grâce à cela que leur business fonctionne, en publiant des contenus créés par des publicitaires au milieu de publications organiques ».

Facebook n’a pas tardé à répondre à ces accusations à Euronews en affirmant que les publications de son Centre d’information sur le climat sont lues par 100 000 personnes chaque jour. Le Gafam rappelle aussi qu’elle emploie des fact checkers indépendants pour analyser et noter son contenu. « Quand ces sociétés auxquelles nous faisons appel détectent une publication mensongère, nous ajoutons un message d’avertissement et réduisons sa diffusion. De plus, nous engageons régulièrement des actions contre des pages, des groupes ou même des comptes qui continuent à diffuser des fake news concernant le changement climatique », déclarait un porte parole du réseau social. Mais pour Stop Funding Heat, les actions menées par le Centre d’information sont justement loin d’être suffisantes. Et pour cause : le réseau publie en moyenne six informations vérifiées sur la thématique climatique par mois alors que ses utilisateurs partagent 4,75 milliards d’articles chaque jour. Pour l’association, il est temps que Facebook s’active sur le sujet car la désinformation climatique a de grandes chances de s’aggraver à l’approche de la COP 26 — la vingt-sixième conférence annuelle de l’ONU sur le climat — qui se tiendra en novembre prochain à Glasgow.

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