27 mars 2025

Temps de lecture : 3 min

Le MMA, un business florissant pour les frères Pourrut

Longtemps interdits en France car jugés trop violents, les arts martiaux mixtes (MMA en anglais) connaissent un succès grandissant dans notre pays pour le plus grand plaisir des frères Pourrut qui organisent des combats dans des lieux prestigieux comme Le Zenith de Paris et qui vont commencer à exporter leur savoir-faire à l’étranger cette année.

SPORT

©Yann Levy

Rien ne sert de courir, il faut partir à point… Jérôme et Laurent Pourrut ont suivi ce proverbe à la lettre pour lancer leur ligue de MMA baptisée Hexagone MMA. Les arts martiaux mixtes, anciennement appelés combat libre ou free-fight, sont un sport de combat qui combine des techniques de percussion (pied, poing, genoux et coude en professionnel) debout mais également au sol (on parle de ground and pound), des techniques de projection et balayages ainsi que des soumissions (clé articulaires, étranglement sanguin).

Pendant de très nombreuses années, ces combats ont été interdits en France car ils étaient jugés trop violents comparés à la boxe« Les sports jeunes mettent toujours du temps à s’imposer, relate Jérôme Pourrut. Pour moi, le MMA est né dans les années 70 avec Bruce Lee lorsqu’il cherchait à créer l’art martial le plus efficace mais son lancement officiel remonte à 1993 avec le lancement de l’UFC aux Etats-Unis. » https://www.ufc.com

Jérôme Pourrut

Le législateur en France a longtemps hésité à autoriser ce sport. « Il y a eu plusieurs rumeurs concernant sa légalisation en 2009, 2010 et en 2016. Avec mon frère, nous sommes impliqués dans les sports de combat depuis 2005 et nous attendions le vote de la loi. Aujourd’hui, un seul pays au monde en Scandinavie l’interdit encore. » La réglementation dans notre pays est néanmoins très stricte. « Les règles concernant les combats sont les mêmes partout. Les doigts dans les yeux ou les frappes dans les coquilles ou la colonne vertébrale sont formellement interdits notamment, ajoute Jérôme Pourrut. La spécificité en France concerne le suivi médical des combattants. Ils doivent tous passer régulièrement une batterie de six tests distincts pour s’assurer de leur capacité de combattre. Je suis tout à fait favorable à ce texte car les combattants doivent être en parfaite condition physique pour pratiquer ce sport dans lequel on peut frapper une personne debout, assise ou couchée. »

Les frères Pourrut n’ont pas tardé avant de créer Hexagone MMA. « Nous l’avons lancé en 2020 dès le vote de la législation, assure Jérôme. Le Covid est ensuite passé par là mais nous sommes parvenus à organiser notre premier show dès le mois de juillet 2021 à Paris La Défense ArenaEn trois ans, cette société a tenu pas moins de 21 galas, avec une moyenne de 5000 spectateurs par événement. « Notre stratégie, explique son co-président, est d’organiser des combats dans des lieux où on ne les attend pas comme le Zénith de Paris où nous sommes allés plusieurs fois ainsi que le théâtre antique d‘Orange, les Arènes de Béziers ou d’autres Zénith en région. »

Le business model de cette société, qui compte une dizaine de collaborateurs, est assez simple. « Nos revenus proviennent exclusivement de la vente de billets ainsi que du merchandising, du sponsoring et des droits télévisés que nous versent RMC Sport qui nous soutient depuis notre lancement et avec qui nous avons une exclusivité, assurel’entrepreneur qui occupe aussi le poste de CEO de Fighting Spirit Distribution, une société qui publie notamment les plus importants magazines français sur les sports de combat et le catch, à savoir Top Fight et Planete CatchBeaucoup d’organisateurs de combat sont aussi agents de combattants mais nous avons toujours refusé de suivre ce modèle qui vous encourage à favoriser vos athlètes plutôt que les autres car nous souhaitons proposer des combats dans lesquels les meilleurs gagnent. Cela nous enlève une ligne de nos revenus mais nous préférons garder cette stratégie. » Grand bien lui en a pris car Hexagone MMA est aujourd’hui un des principaux acteurs de ce secteur en France. Notre pays commence aujourd’hui à devenir trop petit pour cette structure.

Jerôme et Laurent Pourrut

« Nos combats sont déjà diffusés à la télé dans plus de 150 mais nous allons organiser cette année entre 12 et 15 événements à l’étranger dont certains en Hongrie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Belgique, vante notre interlocuteur. Beaucoup de combats de MMA se tiennent en France. Certains sont amateurs et d’autres professionnels. Ce mix est excellent car les combattants amateurs, qui ont souvent entre 18 et 24 ans, peuvent ensuite devenir pros après s’être formés lors des galas amateurs et ces jeunes sont très actifs sur les réseaux sociaux. Certains ont même plus d ‘abonnés que des sportifs professionnels et cela sert à promouvoir notre sport. »

En termes de communication, Hexagone MMA suit une stratégie assez classique. « RMC Sport nous amène une certaine visibilité et légitimité, reconnaît Jérôme Pourrut. En région, nous mettons en avant nos galas avec des affiches 4X3. Nous signons aussi des partenariats avec des clubs locaux et nous finançons des pushes sur les réseaux sociaux. Nous essayons également de produire des contenus et de mettre au point un story-telling qui créé des attentes autour des combats que nous proposons. Cela semble plutôt bien fonctionné car la semaine de notre gala au Zenith de Paris, notre compte sur Instagram a atteint 17 millions de reach, soit un chiffre comparable à celui de l’UFC en France. » Ses ambitions pour l’avenir sont importantes : « Nous voulons à terme être le leader de la MMA en Europe. Il existe des ligues importantes dans certains pays mais aucun acteur international. Nous comptons être le premier et nous commençons à nous donner les moyens de nos ambitions en organisant cette années nos premiers galas à l’étranger. »

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