7 février 2025

Temps de lecture : 7 min

« J’ai suivi le bus de tournée de mon fils avec ma moto », Nathalie Cachet (Score DDB) 

Nathalie Cachet aurait pu devenir une grande athlète. Ou pas… La présidente de Score DDB, spécialisée dans la communication des retailers, répond au « Questionnaire d’INfluencia », autour d’une madeleine et d’un thé, au sein de l’Hôtel Littéraire Le Swann* – Proust oblige.
Nathalie Cachet, Score DDB

INfluencia : Votre coup de cœur ?

Nathalie Cachet : C’est la victoire de Charlie Dalin au Vendée Globe en 64 jours 19 heures 22 minutes et 49 secondes. 10 jours de moins que le record précédent d’Armel Le Cléac’h : c’est pour moi un exploit étonnant. Cette course est incroyable parce qu’il faut être aussi fort en mental qu’en stratégie et en physique. On affronte des caps énormes comme le Cap Horn et les mers les plus dures de la planète. On passe deux mois en solitaire sans escale, sans assistance et quasiment sans dormir. J’ai envie de dire « bravo monsieur », mais j’ai aussi deux « bravo mesdames », l’une pour la jeune Violette Dorange, qui à 23 ans a osé entreprendre cette course et a démâté deux fois dans des océans déchaînés, c’est quand même quelque chose de dingue. Et puis l’autre c’est pour la Britannique Samantha Davies, la skippeuse de Initiatives-Cœur,qui a fait le Vendée Globe pour récolter des fonds pour la chirurgie cardiaque. Ce sont des athlètes hors normes qui méritent toute notre admiration.

Je ne comprends pas qu’on puisse traiter le sport comme une variable d’ajustement budgétaire

IN. : Et votre coup de colère ?

N.C. : Puisqu’on est dans le sport, on va y rester ! Mon coup de colère est contre le gouvernement qui voulait baisser fortement le budget du sport. Je peux entendre qu’on le diminue un petit peu, puisqu’il n’y a plus les JO. Mais je ne comprends pas qu’on puisse traiter le sport comme une variable d’ajustement budgétaire, comment on peut couper cette dynamique et reléguer le sport au second plan, quand on voit tous les bienfaits du sport sur le physique, sur le mental, autant sur les jeunes que sur les vieux. C’est quelque chose qui fait du bien aux gens. Je pense qu’il a même une influence sur les dépenses de santé publique, quand on est bien dans son corps, on est bien dans sa tête, on dépense moins en médicaments et en médecins. Cela me semble vraiment complètement aberrant. Marie-José Pérec l’a dit très justement : « le sport ce n’est pas un centre de coût, mais un centre de profit. Investir dans le sport, c’est se donner l’opportunité d’avoir un pays plus inclusif, moins stressé, en meilleure santé, plus courageux. » Je ne comprends pas cette décision, on a vu tous ces athlètes aux JO qui ont embarqué le pays et on a déjà oublié !

J’ai toujours été attirée par des gens différents. Ceux qui sont dans les normes, ce n’est pas trop mon histoire

IN. : La personne ou l’événement qui vous a le plus marquée dans votre vie ?

N.C. : Je viens d’une famille qui n’avait pas la télévision, et je lisais beaucoup, ça pouvait aller de « mon amie Flicka » à la Bibliothèque Rose à des choses beaucoup plus sérieuses. J’ai lu « Le Journal d’Anne Frank » quand j’avais 11 ans, et j’ai toujours ce livre chez moi. J’ai été bouleversée. Lire ce livre m’a transformée. Mon cœur et mon cerveau ont bloqué. Je n’ai pas compris comment il pouvait se passer autant de haine, de violence entre humains ou de ségrégation. J’ai commencé à m’informer énormément sur la guerre de 39-40 et j’en ai beaucoup parlé avec mon grand-père.

Ensuite j’ai fait mes études à Saint-Denis, à Paris 8. Là, j’ai découvert des gens de tous les univers, de tous les milieux sociaux, de tous les pays. J’ai vu la richesse culturelle de mélanger les gens les uns avec les autres, d’échanger des points de vue différents. On allait à la cité de Villetaneuse le soir manger le poulet yassa, les mamas africaines qui n’avaient pas d’argent nous recevaient tout le temps. C’est cette diversité qui fait la richesse du monde et cela m’habite au quotidien. On apprend tellement les uns des autres. J’ai toujours été attirée par des gens différents. Ceux qui sont dans les normes, ce n’est pas trop mon histoire.

J’ai participé à de nombreux championnats régionaux en course sur 800 mètres et 1500 mètres

IN. : Votre rêve d’enfant ou si c’était à refaire

N.C. : J’aurais adoré être athlète de haut niveau, et notamment courir le 800 mètres. J’aime cette rigueur, cette dureté. J’ai fait beaucoup d’athlétisme quand j’étais jeune, j’ai participé à de nombreux championnats régionaux en course sur 800 mètres et 1500 mètres. Mes parents m’ont incitée à ne pas continuer dans cette voie. Mais je suis contente de ce que je fais actuellement et puis cela peut toujours me laisser l’espoir que j’aurais pu être une grande athlète (rires). Parce que la réalité est que c’est très très dur, il y a peu d’élus. Mais je cours toujours, je fais entre 30 et 40 kilomètres par semaine, beaucoup de vélo également. Le sport fait partie de ma vie j’en fais trois à quatre fois par semaine.

J’ai toujours la moto mais plus le petit copain

IN. : Votre plus grande réussite ? (pas professionnelle)

N.C. : J’ai passé mon permis moto du premier coup à 40 ans, alors que j’étais la seule femme et que tous les candidats avaient la trentaine ! C’est vraiment une très grande réussite pour moi. Avant, c’était plutôt l’époque des voitures. Mais un jour, je suis remontée du Sud en moto avec mon copain de l’époque et j’étais derrière. J’ai réalisé que j’aimais vraiment la moto et je me suis dit que si je n’étais plus avec ce garçon un jour, il faudrait que je puisse apprendre à conduire. Arrivée à Paris, je me suis inscrite au permis et j’ai bien fait parce que j’ai toujours la moto mais plus le petit copain ! (rires)

J’aimerais beaucoup faire un road trip moto dans un pays comme l’Argentine, le Chili, l’Inde ou le Népal et aller à la découverte des gens et des paysages, quelque chose d’un peu physique. Je sais que je ne pourrai pas le faire maintenant car il faut du temps pour un tel voyage. En tout cas je regarde beaucoup toutes les infos sur les road trips et ces pays et je vois que je suis beaucoup targetée sur Instagram.

Quand on est six, on n’a pas les mêmes ambitions, on ne s’investit pas de la même façon et ça ne marche pas

IN. : Votre plus grand échec ? (idem)

N.C. : Alors que j’avais déjà mon job il y a une dizaine d’années, nous avons décidé avec cinq autres amis de monter une boîte de location de voilier entre particuliers. Tout le monde m’avait dit que c’était une bêtise et que cela ne marcherait jamais.

Mais j’aimais bien l’idée de se dire qu’à une époque où on est moins dans l’achat et la possession et plus dans l’usage, on crée un nouveau modèle. Nous nous sommes lancés et finalement je me suis occupée de tout (rires). En fait, tout le monde avait raison : quand on est six, on n’a pas les mêmes ambitions, on ne s’investit pas de la même façon et ça ne marche pas. Autant construire ensemble un projet c’est bien, autant pour le développer ou mener une entreprise il faut être bien aligné. Donc nous avons arrêté. C’est un échec mais j’ai appris plein de choses. J’ai pu naviguer beaucoup, j’ai découvert la mécanique que je ne connaissais pas, j’ai recruté des marins, j’ai fait des belles rencontres. J’aimais bien accueillir les gens qui louaient le bateau et les voir heureux. Donc je ne regrette pas cette aventure mais j’aurais bien aimé avoir cette activité pour plus tard.

Avec le club des divorcés nous sommes partis en vacances régulièrement ensemble un peu partout dans le monde

IN. : Le pays où vous aimeriez vivre et celui où vous détesteriez vivre

N.C. : Clairement la France… J’ai eu la chance de beaucoup voyager. Nous sommes quatre amis qui avons tous divorcé en même temps. Alors, pour rigoler, nous avons créé le club des divorcés (rires) et nous sommes partis en vacances régulièrement ensemble un peu partout dans le monde. Mais quand on regarde notre pays, il y a tellement d’endroits magnifiques. Depuis que je suis petite je vais en Corse, notamment à Calvi et j’y suis très attachée. J’ai découvert récemment Belle-Ile. Et puis nous avons une richesse culturelle et gastronomique extraordinaires. Et si ce n’était pas la France, l’Italie fait partie des pays où j’aimerais vivre.

En revanche, je n’aurais pas envie de vivre, aux Etats-Unis. J’ai fait une partie de mes études à San Diego, je me suis promenée dans tous les parcs nationaux, j’ai fait du roller à Venice, bref c’est un pays que je connais bien. Avec tout ce qui est en train de se passer, c’est trop extrême pour moi et je n’aime pas les extrêmes. Il n’y a plus de limites, plus de partage.

Nous passons beaucoup de temps ensemble à parler, rigoler, à nous envoyer des SMS avec des blagues

IN. : Un moment off

N.C. : La famille, la « MIF », comme dit mon fils. J’ai la chance d’avoir tout proches mes parents qui sont toujours très actifs intellectuellement, ainsi que ma tante de 89 ans qui exerce toujours son métier de gynéco. Tout le monde, y compris mes enfants, habite dans le 18e ou pas loin. Nous passons beaucoup de temps ensemble à parler, rigoler, à nous envoyer des SMS avec des blagues. Je profite de ces moments heureux et joyeux, de la joie de se retrouver, d’assister aux concerts de mon fils, aux expos de l’autre. L’un a fait une expo à Beaubourg, l’autre a gagné Emergenza, un concours de rock. Donc, il est allé jouer en Allemagne pour représenter la France il y a deux ans. Nous sommes partis à une dizaine pendant quatre jours et j’ai suivi le bus de sa tournée avec ma moto. Ce sont des moments exceptionnels à vivre.

IN. : Quel auteur emmèneriez-vous sur une île déserte ?

N.C. : Le romancier Pierre Lemaitre. J’aime sa façon d’aborder les choses, je trouve qu’il est hyper réaliste et embarquant. J’adore les histoires dans lesquelles il nous emmène. Il nous fait voyager à travers les époques. Il est à la fois aussi bon dans des périodes un peu historiques que très contemporaines, dans des récits très romancés que dans des polars. Et si j’ai droit à un deuxième, j’emmènerais Franck Thilliez, j’apprécie beaucoup les polars et cet auteur, qui nous emmène d’abord dans la psychologie des gens, a toujours des constructions très riches et très inattendues. Et sur une île déserte tous les deux pourraient me raconter les livres qu’ils n’auraient pas encore écrits. Je serais leur première auditrice, j’adorerais (rires).

* l’Hôtel Littéraire Le Swann, situé au cœur du quartier historiquement proustien de la plaine Monceau et de Saint- Augustin, présente une collection d’œuvres originales sur l’écrivain ainsi que des pièces de haute couture, des photographies, des tableaux, des sculptures. Notre interviewé(e) pose à côté d’une sculpture de Pascale Loisel représentant bien sûr l’auteur d’ « À la recherche du temps perdu ».

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L’agence accompagne les grandes marques enseignes françaises dans leur réflexion stratégique, la conception et le déploiement de leur dispositif de communication, du packaging à la télé en passant par le point de vente, le social ou encore le plan d’animation commercial.
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