2024, une année de grands mouvements pour le petit écran
La télévision a accéléré en 2024 sa mutation, portée par les innovations des diffuseurs, la digitalisation des usages, la multiplication des écrans, la disponibilité accrue des contenus… L'étude "L’année de la TV" de Médiamétrie revient sur les grandes évolutions à l’œuvre sur ce marché qui reste une part non négligeable de la consommation vidéo.
Entre un été qui a battu tous les records d’audience avec les Jeux de Paris 2024 diffusés en clair sur France Télévisions, la rénovation des plateformes des diffuseurs, l’arrivée de nouveaux acteurs de la SVOD, les évolutions de la mesure qui ont permis de mettre en lumière les nouveaux usages…, le média télévision connaît de profonds bouleversements. De ce point de vue, l’année 2024 a été un excellent cru. Se basant sur les observations de l’an dernier, Médiamétrie a dressé quelques nouvelles évolutions pour 2025, qui ont été détaillées lors de la présentation de son étude L’Année de la TV, jeudi 23 janvier 2025. Elles sont la combinaison de mutations liées aux contenus, aux stratégies des acteurs et aux évolutions technologiques.
« À contre-courant de ce qui se fait sur les réseaux sociaux, la télé mise sur le temps long en matière d’information avec un allongement des formats », a par exemple noté Laurence Deléchapt, directrice TV & Cross Médias, faisant référence au lancement de la matinale Bonjour ! sur TF1, à l’allongement du 20 heures de France 2 jusqu’à près de 21 h ou à la tranche d’information du soir de BFM TV. Sur d’autres formats, la créativité française continue à s’exporter avec succès, dans des formats aussi différents que Les Rencontres du Papotin (qui a trouvé quatre nouveaux débouchés internationaux en 2024) ou HPI, dont l’adaptation américaine va faire l’objet d’une saison 2, la saison 1 ayant réuni outre-Atlantique 6,6 millions de téléspectateurs (14 % de pda).
Les acteurs de la SVOD devraient continuer à parier sur le sport pour diffuser des contenus en live, que ce soit en créant leurs propres événements comme le match Nadal-Alcaraz organisé par Netflix, en co-diffusant des compétitions (la NBA qui arrive sur Prime Video dès cette année) ou en en détenant les droits exclusifs (DAZN sur la Ligue 1 française ou la Coupe du monde des clubs FIFA). Certes poussées par la réglementation, les plateformes référencent davantage les contenus français (+39 % de titres français disponibles en 2024 par rapport à 2020). L’intelligence artificielle est évidemment un autre axe : « Grâce à l’IA, un programme comme Prompt (arte.tv) a pu être créé, franceinfo sous-titre en direct ses programmes. L’outil Synchro de TF1+ ou le moteur de recherche de M6+ y ont aussi recours. Netflix double automatiquement les programmes dans différentes langues avec la synchronisation des pistes audio », a énuméré Laurence Deléchapt.
Le streaming bat des records
Si le temps de consommation vidéo (hors périodes Covid) est assez stable (4h23 en 2024 contre 4h24 en 2019), les consommations ont beaucoup évolué. Ainsi, 36 % de la consommation vidéo se fait à la demande, sur une plateforme SVOD (Netflix, Prime, Disney+…), AVOD (YouTube, Twitch, dailymotion…), sociale (TikTok, Instagram, Snap…) ou BVOD (TF1+, france.tv, arte.tv, M6+, myCanal…). Avec un réel succès puisque « 79 % des Français se sont rendus au moins une fois par mois sur une plateforme BVOD et que leur fréquentation n’a cessé de progresser tout au long de l’année 2024 pour gagner 10 % en un an », a observé Isabelle Maurice, directrice Études, Veille et Prospective de l’institut d’études. Au 4e trimestre, 11,6 millions de Français ont regardé un programme sur une de ces plateformes.
Les plateformes des acteurs traditionnels de la télé sont jugées faciles d’utilisation (70 %). Elles entrent dans les usages des téléspectateurs que ce soit pour le replay. En cinq ans, les programmes ayant gagné plus de 500 000 téléspectateurs grâce au replay ont augmenté de 80 %. Le replay a permis au film Un p’tit truc en plus de recruter 2,6 millions de téléspectateurs supplémentaires après sa diffusion sur Canal+ en novembre 2024. Le preview, dont certaines chaînes ont fait un axe de différenciation, notamment arte.tv et france.tv ou myCanal, est aussi entré dans les habitudes, 72 % des contenus consommés en preview étant des programmes de fiction. Il a par exemple atteint 21 % de la consommation de la série L’Eclipse sur France 2, soit 4,7 millions de téléspectateurs.
Davantage de contenus exclusifs sur les plateformes
De plus en plus, les frontières se brouillent entre les univers de la télé linéaire et le délinéaire. Les plateformes s’émancipent du linéaire avec des chaînes comme FAST, la diffusion de catalogues dans leur intégralité – 52 % des séries disponibles sur les plateformes AVOD n’ont pas été diffusées à l’antenne en 2024 – mais aussi par des contenus exclusifs. Le documentaire DJ Mehdi, made in France a cumulé 2,7 millions de vidéos vues sur arte.tv, sans avoir été diffusé à l’antenne. Tout comme Kaizen d’Inoxtag, ces documentaires ont bénéficié d’une stratégie de distribution qui favorise leur circulation et les occasions d’être consommés en vidéo.
Les petits consommateurs TV passés à la loupe
La nouvelle mesure du média, en vigueur depuis le 1er janvier 2024, a d’ailleurs permis d’intégrer les comportements sur les écrans digitaux à domicile, où se concentrent 3 % de la consommation totale. La nouvelle mesure a permis d’analyser notamment les comportements des non-équipés TV, une population loin d’être négligeable puisqu’elle représente 9 % des Français, soit 5,3 millions d’individus. Sur cette cible, le « non-live » (preview, replay, enregistrement personnel, contrôle du direct) monte à 39 % de leur consommation télé, contre 9 % sur l’ensemble de la population tous écrans et France entière. Leur durée d’écoute est aussi bien plus limitée puisqu’elle n’atteint que 25 minutes par jour contre 3h12 chez les équipés TV.
Pour parfaire la connaissance de ce monde de la vidéo en pleine évolution, Médiamétrie continue à faire évoluer sa mesure. L’institut de mesure d’audience a créé un comité Cross Média Vidéo, qui intègre plusieurs plateformes SVOD (Disney+, Netflix, Prime Video et YouTube mais pas Meta ni DAZN), en vue de fournir dès 2025 deux types de mesures, les unes pour l’éditorial et les autres autour de la publicité. Les premières mesures sont attendues avant l’été.
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