Le chiffre est impressionnant. 61% des publications des utilisateurs Français de LinkedIn présentent des signes d’utilisation d’outils d’Intelligence Artificielle dans leur rédaction. Plus de six posts sur dix publiés sur le plus grand réseau professionnel sur internet au monde sont donc écrits aujourd’hui partiellement ou totalement grâce à l’IA. Cette estimation n’étonne pas vraiment l’auteur de cette étude, le CEO et fondateur de l’agence Influence Metrics, Nataniel Bahs.
20.000 posts analysés
« Pour réaliser cette analyse approfondie d’un échantillon représentatif des posts français, qui porte sur 20.000 posts LinkedIn publiés en 2024 dans notre langue, notre algorithme a étudié chaque message afin de repérer des marqueurs représentatifs de l’IA. Le chiffre de 61% peut paraître important mais il est assez logique. Il y a quelques mois de cela, une étude britannique avançait un pourcentage de 56% et à la vitesse à laquelle l’IA générative se développe, il n’est pas étonnant d’arriver aujourd’hui à 61% en France. » Attendez un instant, M. Bahs… Vous nous dites donc que la « plume » de l’IA peut être décelée par des algorithmes ? « On peut même s’en apercevoir nous-mêmes, nous répond cet expert. L’intelligence artificielle a tendance à toujours utiliser la même structure pour composer des textes. Elle écrit ainsi une introduction, puis une thèse, une antithèse et une synthèse. C’est le modèle de celui qu’on nous enseigne à l’école. L’utilisation massive de l’IA sur LinkedIn a donc, pour conséquence préoccupante, une perte progressive de créativité avec des contenus standardisés et peu différenciants. Cette évolution limite l’authenticité des posts qui est pourtant une condition du succès de leur visibilité sur la plateforme. » Beaucoup d’internautes ne s’aperçoivent pas encore de cette uniformisation rédactionnelle.
LinkedIn ressemble de plus en plus aux autres réseaux
« On voit assez peu de posts critiquant cette tendance sur internet, confirme Nataniel Bahs. Par contre, de plus en plus d’utilisateurs se plaignent de voir LinkedIn ressembler de plus en plus aux autres réseaux sociaux avec la prolifération de contenus qui ne sont pas à caractère professionnel. » À terme, une trop grande utilisation de l’IA sur LinkedIn risque de provoquer une baisse de légitimité des contenus publiés. Les informations diffusées tendent en effet de plus en plus à s’éloigner de sources fiables ou de données concrètes, privilégiant des généralisations ou des contenus superficiels générés automatiquement. Si beaucoup craignent que l’efficacité de l’intelligence artificielle générative provoque une augmentation significative de la cadence de publication des posts, le fondateur d’Influence Metrics n’a pas encore repéré cette tendance dans ses études. « Sur les 26 millions de comptes LinkedIn créés en France, à peine 12 millions sont réellement actifs, tempère notre interlocuteur. Les gens qui utilisent l’IA pour publier des contenus à gogo sont souvent ceux qui tentent de vendre des formations sur l’intelligence artificielle. Les personnes qui se servent réellement de cette plateforme sont, en réalité, des professionnels qui ont, le plus souvent, des postes hiérarchiques assez élevés. Ces cadres ne postent pas sans arrêt des messages et je ne pense pas qu’ils vont changer leurs habitudes avec l’arrivée de ChatGPT. »
5,5 milliards d’internautes
2025 pourrait toutefois être l’année de tous les dangers ou de tous les succès pour l’IA générative, comme nous le rappelle cet article publié sur notre newsletter quotidienne. Plus de 5,5 milliards de personnes utilisent Internet de nos jours, ce qui correspond à un taux de pénétration mondiale de 67,5 %, selon l’agence We Are Social et la société Meltwater qui viennent de publier l’enquête intitulée Digital 2024 October Global Statshot Report. Le nombre d’internautes a augmenté de 151 millions – +2,8 % – au cours des 12 derniers mois. Plus de 250 millions d’internautes ont, quant à eux, utilisé ChatGPT chaque mois, d’après Similarweb, entraînant une moyenne mensuelle de 2,5 milliards de visites.
La croissance n’est pas finie
Ce chiffre pourrait encore croître sensiblement. « Si aujourd’hui 61% des publications en France sur LinkedIn présentent des signes d’utilisation d’outils d’IA dans leur rédaction, ce pourcentage devrait encore progresser, estime Nataniel Bahs. Personne toutefois ne peut dire jusqu’où. On va arriver à terme à un certain plateau comme on le constate pour toutes les autres technologies. Les usages vont aussi évoluer. » L’IA peut être utilisée comme une aide complémentaire et non pas comme un remplaçant. Et vous, vous en faites quels usages ?