12 décembre 2024

Temps de lecture : 6 min

Grégory Gazagne (Snapchat) : « Le Chat, premier usage mais sans pub… jusqu’à maintenant ! »

Snapchat a présenté hier son bilan 2024, ses projets d’avenir et ses enjeux stratégiques pour 2025 : développement de l’écosystème pour les créateurs de contenu, lancement d’un format publicitaire innovant via le Chat conçu pour les marques, intégration de l’IA sur certaines fonctionnalités, arrivée de la cinquième génération des "Spectacles", lunettes de réalité augmentée (AR), un pari audacieux pour l’avenir. Entretien avec Grégory Gazagne, Directeur Général de Snapchat France sur les ambitions de l’entreprise et les défis du marché.

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INfluencia : Lors de la présentation de votre bilan de l’année 2024 vous avez évoqué le contexte sociétal pour expliquer en partie la croissance de la communauté Snap…  

Grégory Gazagne : Nous comptons 21 millions d’utilisateurs quotidiens en France, avec une pénétration composée à 91 % de 15-24 ans, qui représentent un tiers de notre base. Les deux tiers restants ont plus de 25 ans, ce qui nous amène à une moyenne d’âge de 35 ans. Cette forte présence des jeunes sur notre plateforme nous confère une responsabilité particulière : les comprendre et les accompagner, notamment dans un environnement numérique souvent critiqué pour ses effets négatifs. Snapchat n’est pas un réseau social au sens traditionnel, mais une application de communication. Cette distinction est essentielle : 84 % de nos utilisateurs déclarent être heureux sur Snapchat. Cela reflète notre ADN, qui vise à recréer dans le digital les interactions authentiques de la vraie vie. C’est d’autant plus important aujourd’hui, alors que des études aux États-Unis parlent de ‘récession de l’amitié’, un phénomène inquiétant : 20 % des jeunes déclarent ne pas avoir d’amis, ce qui est énorme ! Ce que nous constatons c’est qu’avant la pandémie, les réseaux sociaux étaient principalement utilisés pour partager des images idéalisées de soi, de sa vie ce qui pouvait alimenter des comparaisons négatives et des problèmes de santé mentale. Depuis, les priorités ont changé. Les recherches sur Google concernant ‘comment obtenir plus de likes’ ont fortement chuté, tandis que celles sur ‘comment se faire des amis’ ont explosé. Cela illustre un besoin croissant de connexions sincères, un besoin que Snapchat comble. C’est ce qui explique en partie la croissance continue de notre audience.

Avec 91 % des jeunes présents sur notre plateforme, nous avons une responsabilité éthique majeure

IN. : Comment Snapchat se distingue-t-il dans un environnement concurrencé par les réseaux sociaux et comment accompagnez-vous votre communauté sur les questions sociétales ?

G.G : Notre singularité réside dans l’authenticité de l’application et le principe du droit à l’oubli automatique, qui reflète des interactions réelles de la vie quotidienne. Contrairement à d’autres plateformes, Snapchat est conçu pour favoriser les échanges privés et sincères entre amis ou avec sa famille, vous ne pouvez communiquer qu’avec des personnes que vous avez acceptées. Cela limite les phénomènes de viralité et de fake news, car nos contenus proviennent soit de médias professionnels, soit de créateurs dont les publications sont rigoureusement modérées. Avec 91 % des jeunes présents sur notre plateforme, nous avons une responsabilité éthique majeure. Ignorer les problématiques qui les concernent serait irresponsable. C’est pourquoi nous avons développé des plateformes locales dans chaque pays qui orientent les utilisateurs à partir de mots-clés liés à des thématiques sensibles comme les addictions, la dépression ou le harcèlement. D’ailleurs, nous collaborons avec des associations et des ministères pour lutter contre la consommation de drogues, le harcèlement et les violences domestiques. Notre dernier partenariat avec le 3919 (ligne d’écoute des femmes victimes des femmes) a été initié lors de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes (25 novembre). Le contrôle parental est aussi un enjeu central pour nous. Nous offrons des outils permettant aux jeunes mais aussi aux parents de signaler un contenu de manière anonyme et de prendre des mesures rapides en collaboration avec notre équipe. L’éducation numérique est un élément clé de notre démarche, afin de continuer à positionner Snapchat comme l’une des plateformes les plus éthiques du secteur.

IN. : L’information est aussi un sujet qui passe par des partenariats avec des médias…

G.C : Oui, nous avons des partenariats avec une centaine de médias parmi lesquels Le Figaro, Le Monde, Le Parisien, des radios, des télés comme TF1 et M6 et des sites spécialisés comme Brut et Konbini. Les médias trouvent chez Snap un relais à double titre : pour garder le lien avec la Gen Z, une audience compliquée mais que nous avons la chance d’avoir sur Snap et, pour monétiser leurs contenus. Cela nous permet d’avoir du contenu de qualité « save » pour notre communauté, c’est un modèle assez vertueux.

Nous avons instauré des programmes de rémunération plus incitatifs qui ont un double impact : encourager l’émergence de nouveaux talents et générer des opportunités économiques

IN. : Les créateurs de contenu, un axe stratégique pour Snapchat aujourd’hui ?

G.C : Absolument. Nous n’avions pas, jusque-là, autant mis d’efforts sur la commercialisation pour répondre aux enjeux des marques. Les créateurs de contenu sont sur Snapchat parce qu’ils y ont grandi et y communiquent avec leurs amis. Aujourd’hui, nous avons instauré des programmes de rémunération plus incitatifs qui ont un double impact : encourager l’émergence de nouveaux talents et générer des opportunités économiques, notamment en France, où de nombreux créateurs trouvent une audience et peuvent vivre de la qualité de leur travail. Cette initiative a également permis le retour de créateurs emblématiques comme Gaël Monfils, Enjoy Phoenix, Sissy Mua et Noholita, ainsi que l’arrivée de nouveaux talents tels que Lena Situations, qui nous a dit apprécier la simplicité et l’authenticité qu’offre Snapchat, sans la pression de créer des contenus parfaits. D’autres créateurs comme Nico Capone et Maxime Biaggi rejoignent également cette dynamique positive.

Sponsored Snap permet à notre communauté de découvrir des marques en fonction de ses centres d’intérêt et offre aux annonceurs une opportunité unique d’atteindre leur audience directement via Chat

IN. : Vous annoncez le lancement de Sponsored Snap : un nouveau format publicitaire…

G.C : Aujourd’hui, 21 millions de personnes utilisent Snapchat chaque jour, et 90 % d’entre elles passent par l’onglet Chat, qui est le premier usage de la plateforme, tant en termes d’audience que d’attente des utilisateurs et des marques. Pourtant, cet espace ne proposait pas de publicité. Le format Sponsored Snap, lancé en test mi-novembre, vient répondre à ce besoin. Il permet à notre communauté de découvrir des marques en fonction de ses centres d’intérêt et offre aux annonceurs une opportunité unique d’atteindre leur audience directement via Chat. Ce format publicitaire immersif et engageant permet aussi d’ouvrir une conversation directe avec la marque. La commercialisation officielle est prévue pour début 2025.

Notre modèle permet de proposer un retour sur investissement clair et de bâtir des partenariats solides et durables avec les marques

IN. : Proposer de nouveaux formats aux marques, Snapchat, une alternative sur un marché tendu ?

G.G : Avec la baisse des audiences télé et l’inflation des coûts publicitaires attendue en France l’an prochain, de nombreuses marques revoient leur stratégie média. Snapchat se positionne comme une solution pertinente grâce à ses avantages uniques : une plateforme vidéo engageante, des formats de réalité augmentée offrant une attention moyenne de 12 à 15 secondes avec la marque contre 2 secondes sur Internet, et des outils optimisés qui permettent de générer et mesurer des ventes sur les sites Internet comme en magasin. Ce modèle nous permet de proposer un retour sur investissement clair et de bâtir des partenariats solides et durables avec les marques.

Notre ambition pour 2025 est de rendre les expériences de réalité augmentée (AR) encore plus intelligentes, immersives et créatives grâce à l’IA

IN. : Quels sont vos projets en IA pour 2025 ?

G.G : En 2024, l’intelligence artificielle (IA) a démontré son potentiel à transformer notre façon de travailler, de communiquer et de vivre. Notre ambition pour 2025 est de rendre les expériences de réalité augmentée (AR) encore plus intelligentes, immersives et créatives grâce à l’IA. Les utilisateurs pourront concevoir des Lenses en quelques minutes en décrivant simplement leur idée, et l’AR deviendra une interface clé pour afficher du texte, des visuels et des instructions à l’écran. En 2024, les investissements ont permis une augmentation de plus de 50 % des vues de Lenses basées sur l’IA et le machine learning.

Les « Spectacles » sont transparentes et autonomes permettant de rester connecté tout en interagissant avec le monde réel

IN. : Parmi vos innovations, les lunettes connectées, c’est pour bientôt ?

G.G : Nous travaillons sur cette technologie depuis des années, nous avons présenté en septembre dernier la cinquième génération de lunettes connectées les Spectacles. Des développeurs à travers le monde ont commencé à les tester via un programme spécifique pour 110 euros par mois. Ces lunettes représentent un pari sur l’avenir, avec une vision portée par le fondateur Evan Spiegel, convaincu que la réalité augmentée (AR) est une extension naturelle des usages actuels. Les Spectacles offrent une alternative au téléphone, elles sont transparentes et autonomes permettant de rester connecté tout en interagissant avec le monde réel. Mais nous défendons une approche éthique de l’AR. Nous ne voulons pas isoler les gens et enfermer les utilisateurs dans un monde virtuel. L’AR est ainsi passée du divertissement à des usages pratiques, comme l’essayage virtuel, l’apprentissage des gestes qui sauvent ou encore des langues des signes.

IN. : Optimiste pour 2025 ?

G.G : Malgré un contexte incertain, nous restons optimistes pour 2025. Le digital continue de croître, et les réseaux sociaux captent toujours plus l’attention des utilisateurs et les marques ont besoin d’être performantes. Cela fait plus de deux ans et demi que nous investissons pour transformer nos outils de performance, nous sommes en train de réduire l’écart avec le numéro un du marché, l’idée est de continuer sur notre lancée en 2025. Nos outils en constante amélioration aident les marques à générer des ventes. Les crises offrent des opportunités à certains acteurs pour innover et progresser, Snapchat est très bien positionné pour saisir ces opportunités dans l’environnement actuel.

En résumé

Chiffres clés 2024

  • Global :
  • Croissance de la communauté : 443 millions de DAU + 850  millions de MAU, une augmentation de 37 millions, soit 9 % par rapport à l’année précédente.
  • Snapchat touche plus de 75% des 13-34 ans dans plus de 25 pays
  • Plus de 300 millions d’utilisateurs actifs quotidiens utilisent la réalité augmentée chaque jour
  • Snapchat+ compte désormais plus de 12 millions d’abonnés.
  • Spotlight a atteint en moyenne plus de 500 millions d’utilisateurs actifs mensuels au troisième trimestre, soit une augmentation de 21 % par rapport à l’année précédente.
  • France :
  • Croissance de la communauté :  21 millions d’Utilisateurs actifs quotidien en juin, juillet et Août 2024 et 27.8 millions d’Utilisateurs actifs mensuels.
  • Une audience mixte qui regroupe aussi bien les GenZ que les MIllenials
    • 91 % Couverture de la Gen Z (15-24 ans) en France
    • 64 % Couverture des Millennials (25-40 ans) en France
  • Avec plus de 50 % des utilisateurs de Snapchat âgés de plus de 25 ans, la plateforme est également un lieu pour les consommateurs plus âgés.
  • En 2024, 97% des Snapchatters visitent plusieurs onglets au cours d’une même session
  • 84% des Snapchatters en France se sentent heureux quand ils utilisent Snapchat

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