Hélène Chartier (SRI) : « ne comptez surtout pas sur moi pour être votre co-pilote »
Elle a toujours sur son portable au moins une dizaine de parties de Scrabble en cours. Hélène Chartier, DG du Syndicat des régies Internet répond au « Questionnaire d’INfluencia », autour d’une madeleine et d’un thé, au sein de l’hôtel Swann* – Proust oblige.
INfluencia : votre coup de cœur ?
Hélène Chartier : il est pour un livre qu’on m’a offert : « la papeterie Tsubaki », par OGAWAIto. C’est l’histoire d’une jeune femme de 25 ans, qui reprend la papeterie que lui a léguée sa grand-mère dans une petite ville balnéaire au Japon et qui calligraphie des lettres pour ses clients. Elle répond aux vœux, rédige des lettres d’amour, de condoléances… Elle répond même aux souhaits les plus surprenants de ceux qui viennent la voir et qui ont besoin de résoudre différentes situations, de se faire pardonner, de parler à leur père… Et grâce à son talent, la papeterie devient un lieu de partage avec les autres. C’est un livre très beau, très délicat, calme, tout à fait à rebours de notre époque.
Et puis j’ai toujours des coups de cœur culinaires, car je suis très gourmande (rires). La salade de papaye verte, souvenir d’un voyage récent en Thaïlande, est vraiment l’un de mes plats préférés. C’est frais, croquant, pimenté. En un mot juste délicieux.
IN. : et votre coup de colère ?
H.C. : il est très contextuel, lié à l’ambiance générale et l’irresponsabilité en France de tous nos politiques (tous bords confondus). Ils ont tous plus d’ego que de vision à long terme et se moquent royalement de l’intérêt général. Chacun défend son bout de gras. En fait, ce qui m’énerve par-dessus tout, c’est qu’on ne sait plus se parler, ni s’écouter. Chacun reste sur son quant-à-soi. L’autre a forcément tort et plus personne n’est en mesure d’argumenter. La notion de conciliation n’existe plus et cela donne des formes extrêmes de polarisation. Ce brouhaha politique est effrayant pour la France et pour le monde en général.
IN. : la personne qui vous a le plus marquée dans votre vie ?
H.C. : mes parents. Ils auraient eu 100 ans cette année et ont fêté quelques jours avant le décès de mon père, leurs 75 ans de mariage… J’ai des souvenirs de maisons remplies, de grandes tablées bruyantes, car on aime bien parler fort chez les Chartier, d’échanges parfois vifs mais sincères. J’aime cette chaleur ! Ils nous ont éduqué, mes quatre sœurs et moi sur de grands bons principes : sens du devoir, du travail, des autres, de la famille, joies de partager… Ils nous ont appris par exemple, que la gentillesse paie toujours, pas forcément à court terme mais qu’au fil de l’eau, ça marche !
IN. : votre rêve d’enfant ou si c’était à refaire
H.R : je n’ai pas le souvenir d’avoir eu un rêve d’enfant particulier et de vouloir refaire autre chose. Mais avec l’âge, je regrette de ne pas avoir commencé le sport plus tôt… Je serais peut-être moins courbatue et j’aurais moins de problèmes d’articulations (rires). J’ai quand même eu, plus jeune, ce petit fantasme de ce que j’appelle « la blonde à la caisse » comme on les voit dans les films des années 50 ou 60 avec Lino Ventura ou Jean Gabin. Elles discutent avec les gens dans un petit bar chaleureux ou un commerce de bouche. C’est du concret et de l’échange dans un l’esprit bon vivant qui me ressemble bien ! J’aurais aimé avoir ce type de job, de convivialité, d’accueil. Bon, on est un peu loin du SRI, même si finalement c’est un collectif qui rassemble, où on échange beaucoup et on essaie d’aller vers des objectifs communs ! On peut finalement y voir une sorte de parallèle (rires)
IN. : votre plus grande réussite ? (pas professionnelle)
H.R. : c’est de prendre la vie comme elle est, avec ses bons côtés et ses aspects moins bons, de savoir rester positive et assez joyeuse (presque en toutes circonstances). J’ai cette capacité incroyable d’oublier les ennuis, les coups durs, les gens qui n’ont pas été très sympathiques et de ne garder que les bons souvenirs … Ça facilite sacrement la vie de ne pas trainer de rancunes !
Mais de façon plus concrète, je dois dire que ma plus grande réussite – et ma plus grande fierté – est d’avoir su changer toutes les douilles et les fils de toutes les vieilles lampes que j’ai récupérées dans la maison de campagne de mes parents et d’avoir arrêté de faire sauter les plombs et de provoquer des courts-circuits. C’est très simple en fait quand on a le bon matériel. Du coup, j’ai rénové huit pieds de lampes en peu de temps.
IN. : votre plus grand échec ? (idem)
H.C. : je rebondis sur la question et la réponse précédente, forcément, je l’ai oublié (rires). Plus sérieusement, j’ai toujours au fond de moi un regret : celui de ne pas avoir su monter un projet viable financièrement autour de la reprise de la maison de campagne de mes parents, une vraie maison de famille, transmise par les femmes depuis 150 ans… Elle était très grande, il y avait beaucoup de travaux, il aurait fallu que je déménage en grande banlieue. Mais sa vente, douloureuse, me permet d’avoir aujourd’hui une jolie maison en Normandie, plus petite et évidemment beaucoup plus gérable mais chaleureuse et prête à accueillir famille et amis !
En réfléchissant bien, je connais un échec récurrent : je n’arrive pas à reconnaitre ma gauche de ma droite. Et c’est infernal, notamment quand je suis en voiture avec quelqu’un. Vous pouvez imaginer la réaction des conducteurs car forcément je dis l’inverse de ce que je veux dire et on finit par se perdre. Donc ne comptez surtout pas sur moi pour être votre co-pilote. Ou alors il faut que je fasse des gestes (rires).
IN. : votre mot préféré et celui que vous détestez
H.C. : mon mot préféré est « À table ! ». C’est le moment où on se retrouve, après avoir cuisiné, où on partage un moment avec d’autres. Et le mot que je déteste le plus, c’est : « jamais ». Je n’aime pas cette idée de définitif, d’enfermement. Je pense qu’il y a toujours moyen de tenter ou de réessayer. Il y a aussi une expression qui m’agace profondément : c’est celle de « bonne continuation » qu’on entend maintenant de plus en plus.
IN. : la réforme (ou la loi) que vous avez le plus aimée
H.C. : pour rire, parce que c’est dans ma nature, je pourrais dire le RGPD qui donne du travail à toutes les associations interprofessionnelles de la pub, aux services juridiques et à tous les cabinets d’avocats.
Plus sérieusement, j’admire encore le courage et la puissance de Simone Veil à défendre le droit des femmes, quasiment seule devant une assemblée d’hommes pas très ouverts sur le sujet à cette époque. Il est nécessaire et indispensable de se souvenir de son combat, notamment quand on voit ce qui peut se passer ailleurs dans le monde.
IN. : quelle personne emmèneriez-vous sur une île déserte ? (Vous n’avez pas le droit à votre famille…)
H.C. : quelqu’un qui sache me faire rire – je crois beaucoup au rire salvateur- et qui joue au scrabble, parce que je peux jouer au scrabble pendant des heures. C’est peut-être un petit truc de mémère, mais moi, j’adore. J’ai une appli sur mon téléphone et j’ai toujours au moins une dizaine de parties en cours avec différentes personnes. Et si j’ai le droit d’emmener une autre personne, je partirais bien avec Rhett Butler (ndlr: le héros de « Autant en emporte le vent », joué par Clark Gable)…
* l’Hôtel Littéraire Le Swann, situé au cœur du quartier historiquement proustien de la plaine Monceau et de Saint- Augustin, présente une collection d’œuvres originales sur l’écrivain ainsi que des pièces de haute couture, des photographies, des tableaux, des sculptures. Notre interviewé(e) pose à côté d’une sculpture de Pascale Loisel représentant bien sûr l’auteur d’ « À la recherche du temps perdu »
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L’actualité
Le SRIregroupe 29 membres et est membre de la Filière Communication. Il travaille sur trois grands axes :
– le décryptage du marché, notamment avec l’Observatoire e-pub et la publication de « pense pas bête ». Les deux derniers publiés en mars et avril portaient sur la « sustainability » et « l’attention ».
– l’amélioration des pratiques
-la défense des intérêts de notre collectif
Le programme Sustainable Digital Ad Trust (SDAT), dont l’objectif est de valoriser toutes les transitions des régies du SRI en faveur d’une publicité digitale plus responsable –technologiques, business ou environnementales – vient de clore son 2ème cycle d’évaluation.
À la suite d’une 1ère vague en mars 2024 qui a permis d’identifier des leviers de progrès tangibles, de nombreuses actions ont été engagées par les membres du programme puis évaluées au cours de cette 2ème vague. L’impact de ces initiatives est significatif puisque les régies engagées ont toutes progressé, de même que la moyenne globale, en hausse de 10 points.
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