16 décembre 2024

Temps de lecture : 3 min

« La moitié des entrepreneurs risque de connaître un burn out au cours de leur carrière » Laurie Piffero (Bazik) 

Ils sont entrepreneurs, sans salariés et leur petite entreprise se porte bien mais ils sont épuisés. De plus en plus de décideurs souffrent de burn out. Laurie Piffero, qui a fondé l’agence de coaching Bazik, nous explique les raisons de ce phénomène.

STRESS

INfluencia : Selon vous, les entrepreneurs risquent, plus que les autres, de souffrir de burn out. Pourquoi ?

Laurie Piffero : Près de 58% des entrepreneurs montrent des signes de détresse psychologique et la moitié d’entre eux risque de connaître un burn out au cours de leur carrière. Ces chiffres élevés s’expliquent. Ces dirigeants sont à la croisée des chemins. Les freelances qui viennent de se lancer ont souvent des soucis d’argent et un besoin urgent de développer leur chiffre d’affaires mais ils savent que le démarrage d’une entreprise prend du temps. Les chefs d’entreprises déjà installés ont une équipe autour d’eux de freelances ou de collaborateurs qui les aide dans leurs activités opérationnelles quotidiennes. Les entrepreneurs doivent, eux, répondre aux besoins de leurs clients et ils n’ont pas assez de revenus pour déléguer leurs tâches quotidiennes à des employés.

IN : Quand vous parlez d’entrepreneur, vous évoquez donc uniquement des autoentrepreneurs sans salariés ?

L. P. : Oui, je parle seulement des solopreneurs sans employés, sans associés mais qui font parfois appel à des freelances durant les coups de feu.

IN : Ces personnes ont toujours été sous pression. Pourquoi seraient-elles plus susceptibles au burn out aujourd’hui qu’hier ?

L. P. : L’hyper-présence en ligne les oblige à être sur le qui-vive tout le temps. Ils passent leur temps sur les réseaux sociaux pour trouver de nouveaux clients. Ces entrepreneurs se donnent moins que les autres le droit de se déconnecter. Ils n’ont pas non plus de relais auprès desquels communiquer leur mal-être. 

IN : Pourquoi ?

L. P. : Leur entourage considère souvent qu’ils n’ont aucune raison de se plaindre car ils génèrent du chiffre d’affaires, gagnent de l’argent, sont leur propre patron et font l’activité qu’ils ont, eux-mêmes choisie. Les entrepreneurs ne trouvent donc pas de réconfort auprès de leurs proches. Et face à leurs clients, ils veulent sauver la face. Ils gardent un masque qui cache souvent leurs sentiments profonds. Ils attendent d’atteindre leurs limites mentales et physiques pour craquer et cela peut aller très loin comme lorsqu’une personnes s’effondre en larmes devant un de ses clients.

IN : Qui sont les entrepreneurs qui font appel à vous ?

L. P. : Je vois des personnes de tous les secteurs mais ce sont principalement des femmes qui viennent me voir. Ce n’est pas une chose voulue de ma part mais un constat que je peux faire. Les entrepreneuses sont surtout à la recherche d’un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. Elles ont envie de développer leur entreprise mais sans sacrifier pour autant leur vie de famille. Les hommes qui font appel à moi sont souvent à la recherche, dans un premier temps, de solutions pour des problèmes plus techniques ou stratégiques. Certains ne savent pas si et comment ils doivent intégrer leur premier salarié et d’autres veulent faire évoluer leur business-modèle pour pouvoir développer leur chiffre d’affaires. C’est seulement après avoir solutionné ces questions qu’on parle ensuite avec les entrepreneurs des problématiques de bien-être et d’équilibre alors que les femmes sont moins réticentes à aborder ces thèmes dès nos premières rencontres.

IN : Les personnes qui viennent vous voir sont-elles juniors ou très expérimentées ?

L. P. : La plupart des entrepreneurs que je rencontre ont créé leur structure il y a plus de cinq ans. Ils ont eu le temps de lancer leur entreprise, de développer leur chiffre d’affaires et d’enregistrer de bons résultats. Mais ils sont tous à la croisée des chemins et cherchent la meilleure option à suivre pour lancer la seconde étape de la vie de leur société.

IN : Pensez-vous que les problèmes de santé mentale chez les entrepreneurs vont continuer de s’accentuer dans les années à venir ?

L. P. : J’ai le sentiment que la sensibilisation auprès des questions liées à la santé mentale s’est beaucoup développée en France lors des cinq dernières années. Un véritable travail d’éducation a été lancé et aujourd’hui, de plus en plus de décideurs sont capables de repérer des signaux annonciateurs de stress et de burn out avant qu’il ne soit trop tard. Le fait que des influenceurs importants et des chefs d’entreprise connus parlent ouvertement de ces sujets a aussi libéré la parole. Les gens sont aujourd’hui plus vigilants et concernés. Je suis moi-même entrepreneuse depuis onze ans et j’ai connu une période d’épuisement liée à une surcharge de travail.

IN : Votre cabinet propose des accompagnements pour ces entrepreneurs éreintés. Quelles sont vos offres ?

L. P. : Nous proposons des abonnements compris entre trois mois et un an durant lesquels nos clients peuvent profiter de séances de coaching individuel en nombre illimité. Dès qu’ils en ressentent le besoin, ils peuvent nous contacter pour discuter avec nous. Ces séances se font toutes à distance mais chaque personne, quelle que soit la durée de son abonnement, est invitée à participer dans les Landes où je vis à une retraite de cinq jours durant laquelle ils doivent accepter de ne pas dire un mot pendant deux journées complètes. Ce silence leur permet d’écouter ce qui se passe à l’intérieur d’eux-mêmes…

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