L’intelligence artificielle s’invite aux JO de Paris 2024… pour mieux conquérir le sport de demain ?
Tant pour l’Etat Français du point de vue sécuritaire que pour les promoteurs technologiques qui visent à faire passer les performances des athlètes dans une autre dimension, les Jeux olympiques sont vite devenus le terrain de jeu rêvé pour tester, ou juste perfectionner, une multitude d’usages de l’intelligence artificielle dans le sport.
Le CIO – Comité international olympique – a saisi depuis longtemps l’opportunité de transformation offerte par l’intelligence artificielle (IA) et lançait en avril dernier l’Agenda olympique pour l’IA – qui faisait suite à l’Agenda olympique 2020 lancé en décembre 2014 et, à l’Agenda olympique 2020+5, lancé en mars 2021. Il s’agit, en l’occurrence, d’un document programmatique censé garantir « un cadre de gouvernance et de surveillance permettant d’identifier et d’atténuer les risques » de ladite technologie tout en visant à « tirer parti des connaissances et de l’expérience d’éminents experts afin de soutenir le déploiement de l’IA en faveur du Mouvement olympique », selon les mots du CIO lui-même sur son site internet.
Parmi les secteurs d’intérêt qui titille l’imagination des développeurs, on peut citer l’identification des talents, la personnalisation des programmes d’entrainement, le renforcement de l’équité avec l’aide à l’arbitrage, et l’amélioration de l’expérience des fans. Et cela commence avec les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Pour mieux saisir les enjeux technologiques importants pour les développeurs et les pouvoirs publics de cet été olympique, nous publions aujourd’hui les recherches en la matière menées par Michel Wong, Consultant SeniorCIO Advisory, au sein de Magellan Consulting.
Des innovations inédites
Tout d’abord… du point de vue des fans. En tant que partenaire mondial de Paris 2024, Intel mettra en œuvre ses dernières innovations pour proposer une expérience immersive et interactive aux supporters sur place, ou du live streaming en 8K de bout en bout à faible latence aux téléspectateurs. L’occasion est trop belle pour démontrer le potentiel de leurs technologies comme les accélérateurs d’IA Intel Gaudi, ou l’association du toolkit Intel OpenVINO et de la plateforme Intel Geti pour la Computer Vision.
Bien-être des athlètes
Le CIO proposera une protection des athlètes et des encadrants contre les commentaires malveillants en ligne. Le système alimenté par l’IA surveillera en temps réel des milliers de comptes sur tous les principaux réseaux sociaux et dans plus de 35 langues. Le système sera accompagné d’une cellule présente dans le Village olympique pour le suivi des cas signalés de violence en ligne et d’un service d’assistance téléphonique dédié.
Sécurité de l’événement
La très controversée vidéosurveillance par algorithme avec des caméras augmentées sera mise en place pour améliorer la sécurité des Jeux, malgré les critiques des associations de défense des libertés individuelles. Huit types d’événements seront détectés grâce à l’IA : non-respect du sens de circulation, franchissement d’une zone interdite, présence d’une arme, départ de feu, mouvement de foule, personne au sol, densité trop importante et objet abandonné. Le ministère de l’Intérieur assure que la solution est une aide à la lecture pour la police, la gendarmerie, les pompiers, la RATP et la SNCF, seuls habilités à l’utiliser, et que la reconnaissance faciale et le recoupement avec des fichiers ne seront pas utilisés.
Compagnon touristique
Pour bien accueillir les millions de visiteurs supplémentaires attendus pour les JO, les organismes touristiques se sont aussi transformés. L’Agence nationale du tourisme intègre l’IA dans le site France.fr avec un travel planner intelligent et un chatbot nommé MarIAnne en tant que guide virtuel.
L’intégration de l’IA dans le domaine sportif n’est qu’à ses balbutiements, le potentiel est immense et il est clair que la prochaine décennie témoignera de la capacité de l’industrie du sport à prendre le virage de l’IA. Mais les IA n’ont pas attendu qu’Anne Hidalgo, la maire de Paris, et consorts se jettent dans la Seine pour s’immiscer auprès des athlètes. L’intelligence artificielle dans le sport représentera 29,7 milliards de dollars (environ 27,3 milliards d’euros) d’ici 2032, avec une croissance annuelle moyenne de 30,1% de 2023 à 2032, selon une étude de Allied Market Research. Et, elle offre déjà tout un tas de nouvelles perspectives pour les athlètes professionnels ou amateurs, les organisations sportives, les médias et les fans, transformant ainsi les données sportives en un vecteur de développement stratégique…
Performance et santé des athlètes
Un des usages les plus répandus est l’analyse prédictive de la performance des athlètes. En monitorant les mouvements, les données physiologiques et les caractéristiques techniques des exécutions, les algorithmes d’apprentissage automatiques ou Machine Learning peuvent fournir des indications vitales sur les forces et faiblesses des athlètes en temps réel pour mieux proposer certains ajustements personnalisés. L’équipe de cyclisme Jumbo Visma utilise par exemple l’IA pour prédire les besoins énergétiques des coureurs selon les données comme la puissance maximale limitée, le type de trajet et la météo.
L’IA contribue aussi à la santé des athlètes. L’algorithme peut évaluer le risque de blessure, en mesurant la sollicitation des muscles et le niveau de fatigue, ou personnaliser les exercices de récupération. Springbok Analytics, spécialisé dans la biologie musculaire avec leur modèle d’analyse 3D des muscles basé sur l’IA, collabore actuellement avec la NBA et GE HealthCare sur une étude des articulations du genou.
Coaching et stratégie
La grande quantité de données engendrée par le sport complexifie le traitement des informations. L’analyse par l’IA des séances d’entrainements et des matchs, via la capture de données utilisant la Computer Vision – un domaine de l’IA qui permet aux ordinateurs de « voir » et d’interpréter les images et vidéos de la même manière que le font les êtres humains –, fournit en temps réel des tendances invisibles à l’œil nu même pour l’entraineur le plus expérimenté, ce qui permet au personnel encadrant d’élaborer de meilleurs schémas tactiques et de prendre des décisions stratégiques en cours de jeu. C’est ce que propose Genius Sports à la Premier League et la NBA.
Autre usage, la Formula-E a créé une interface conversationnelle utilisant le Natural Language Processing en combinant les données télémétriques des voitures et l’IA générative de la plateforme Vertex AI de Google pour que les pilotes et ingénieurs accèdent facilement aux données comportementales de leurs voitures.
Expérience des fans
Les organisations sportives et les diffuseurs puisent dans les solutions pilotées par l’IA pour améliorer l’engagement des passionnés et ainsi monétiser leurs contenus. WSC Sports, partenaire de plusieurs ligues sportives et diffuseurs tels que la NBA, la Serie A, TF1 ou Canal+, utilise leur algorithme d’IA s’appuyant sur la plateforme de cloud computing Microsoft Azure pour proposer une expérience de visionnage immersive en analysant en temps réel les événements sportifs et en créant automatiquement des moments forts agrémentés de statistiques. Un partenariat équivalent est à noter entre la NFL – National Football League – et AWS via le programme Next Gen Stats.
Autre exemple de personnalisation, US Open et Wimbledon utilisent la solution IBM Slamtracker s’appuyant sur la plateforme IBM Watsonx pour générer automatiquement des commentaires personnalisés, comme un focus sur un joueur ou uniquement des analyses techniques, prenant en compte l’historique de visionnage et les préférences de l’utilisateur.
Des solutions existent aussi pour améliorer l’expérience des fans allant aux stades. Manchester City FC utilise WaitTime pour la gestion des foules, de façon à diminuer les temps d’attente et éviter des goulots d’étranglement, avec des caméras intelligentes Cisco Meraki, et un algorithme fonctionnant sur les processeurs Intel Xeon Scalable avec accélération intégrée de l’IA.
L’IA a la capacité de remodeler la manière de pratiquer et de consommer le sport. Pour certains, en prédisant et en optimisant les performances, elle risque de menacer l’authenticité et l’imprévisibilité qui font le charme du sport. Mais l’élément central reste l’humain. L’IA ne pourra pas suppléer la prise de décision de l’entraineur ou le jugement de l’arbitre, et il reviendra toujours à l’athlète de performer et de nous faire vibrer.
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