INfluencia : pouvez-vous nous présenter votre agence en quelques mots ?
Alexis Duvernoy : lorsque nous avons lancé notre structure il y a trois ans, 95% des acteurs de ce secteur étaient des agences de talents. Aucune ne proposait de réelles stratégies de marketing d’influence. Ce marché ressemblait un peu au Far-West. En fondant 18h08, nous souhaitions redonner du sens à ce secteur. Aujourd’hui, nous employons treize collaborateurs et nos clients sont à la fois des TPE et des multinationales. Nous travaillons aussi bien pour le restaurant du coin que pour Decathlon. Les annonceurs viennent nous trouver avec un besoin précis. Ils disposent généralement d’un budget à investir dans l’influence et nous les aidons à analyser leurs cibles et à étudier leur ADN afin de mettre en place la meilleure stratégie marketing possible.
IN : quel a été impact de la loi votée l’an dernier ?
A. D. : cette loi a permis de mettre pas mal de choses au clair. En instaurant un cadre et des normes bien précises, elle a déclenché une professionnalisation grandissante de ce secteur. Elle a aussi accru la confiance entre les influenceurs, les marques et les consommateurs. Il y a un avant et un après depuis le vote de cette loi.
IN : pouvez-vous nous en dire plus ?
A. D. : ce texte a, dans un premier temps, permis de clairement définir la notion d’influence et le rôle des différents acteurs de ce marché. Avant le vote de cette loi, environ 60% des influenceurs ne respectaient pas la régulation et ne dévoilaient pas les partenariats qu’ils avaient bouclés avec les marques. Je pense que ce pourcentage ne dépasse pas 5% aujourd’hui.
IN : vraiment ?
A. D. : oui. Aujourd’hui tout le monde ou presque respecte la loi car de gros acteurs ont été impactés par cette nouvelle régulation et certains ont même été condamnés. Maintenant, les influenceurs font très attention à ce qu’ils font.
IN : cette loi donne-t-elle également plus de poids aux consommateurs ?
A. D. : sans aucun doute. La loi permet en effet aux consommateurs de signaler aux autorités une publicité qui ne répond pas aux nouvelles normes. Ce texte donne donc un réel pouvoir aux particuliers.
IN : certains critiques montraient du doigt l’impact négatif que cette loi pourrait avoir sur le business généré par le marketing d’influence. Un an après son entrée en vigueur, quel bilan peut-on tirer ?
A. D. : au début, les acteurs de ce secteur, et en particulier les influenceurs, ont eu très peur des conséquences de cette loi. Le texte a, en réalité, uniquement pénalisé les gens qui n’étaient pas pertinents et qui ont été vite écartés. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à aller sur les réseaux sociaux et les marques suivent cette tendance. Le marché de l’influence continue, en conséquence, d’enregistrer une croissance exponentielle. Les annonceurs cherchent toutefois à structurer leurs démarches, à payer le bon prix et à créer de véritables stratégies de marketing d’influence.
IN : cette loi est-elle suffisante ou d’autres textes sont-ils nécessaires pour instaurer de nouveaux garde-fous ?
A. D. : cette loi n’est qu’un premier niveau qui en appelle d’autres. Il existe notamment toujours un certain flou concernant le « gifting ». La loi ne fixe aucune limite concernant ces cadeaux offerts aux influenceurs. Certains ne veulent pas préciser ces petits cadeaux dans leurs contrats alors que cela devrait être le cas, selon nous. La loi est aussi assez opaque concernant les collaborations en dehors de l’Union européenne. Lorsqu’un influenceur est basé en dehors de l’UE, et ils sont nombreux et pas seulement à Dubaï, la nouvelle réglementation ne s’applique pas automatiquement. Il faudrait mettre au clair ce point précis.