26 juin 2024

Temps de lecture : 3 min

La campagne d’affichage sauvage d’Adam et Eve ne devrait pas faire rugir de plaisir le CIO

Hurlent-ils de plaisir ou crient-ils après une épreuve sportive ? La dernière campagne d’affichage de la boutique en ligne de jouets pour adultes, Adam et Eve, sème le doute dans l’esprit des passants. Un pari périlleux à l’approche des JO à Paris...

CAMPAGNE

Sauvage au sens propre comme au sens figuré du terme. La nouvelle campagne d’affichage de la boutique en ligne de jouets pour adultes, Adam et Eve, va chercher à rebondir sur l’organisation des Jeux olympiques à Paris sans avoir à payer les droits versés par les sponsors officiels ni même payés les emplacements sur lesquels ses encarts seront placés. Dangereux, vous avez dit dangereux ?

Imaginé par l’agence de communication Différent, le slogan de cette campagne reprend les codes sportifs : « Parce que chez Adam et Eve, tout le monde est champion·ne ! ». Les deux visuels montrent le visage en gros plan d’un homme et d’une femme la bouche grande ouverte poussant un hurlement. À droite de ces clichés, l’annonceur nous demande si « cette personne est en train de… courir un 100 mètres ou de rugir de plaisir ». Les plus joueurs pourront même cocher la case de leur choix sur l’affiche.

 

 

« Chez Adam et Eve, nous croyons que chaque cri de victoire, que ce soit sur le terrain ou dans l’intimité, mérite d’être célébré avec passion, souligne Azur Lebas, le Brand Manager du distributeur. Cette initiative reflète notre engagement à briser les tabous autour de la sexualité et à célébrer chaque individu comme un champion ou une championne de sa propre vie. Nous espérons que cette campagne inspirera des discussions positives et contribuera à une perception plus saine et épanouissante de la sexualité. Nous voulons rappeler à tous et à toutes que dans le domaine de l’intimité, il n’y a ni perdant·es ni gagnant·es, seulement des moments de bonheur partagé. À travers notre nouvelle campagne d’affichage sauvage, nous jouons avec l’érotisme et le sport pour détourner la notion de performance, et ainsi promouvoir une approche ludique et joyeuse de la sexualité. » Car oui, on avait oublié de vous le préciser mais les affiches de l’e-commerçant sont collées, depuis le 17 juin, dans les rues de Lille, Marseille et de plusieurs villes de la banlieue parisienne sans autorisation aucune… Quand on vous disait que cette campagne, qui comprend aussi une sélection de podcasts diffusée sur Acast, était sauvage !

 

 

Cette jeune pousse du commerce en ligne prend un certain risque en collant ses affiches où bon lui semble dans plusieurs grandes villes françaises. Le wild posting est en effet puni par la loi. Lorsqu’une publicité viole la réglementation concernant notamment le respect du règlement local de publicité (RLP) propre à chaque commune et ne demande pas une autorisation préalable à la mairie ou à la préfecture, le contrevenant dispose de quinze jours pour se mettre en conformité après réception du procès-verbal. À l’issue de ce délai, une mise en demeure lui est envoyée par lettre recommandée, avec un nouveau délai de quinze jours pour mettre fin à l’irrégularité. Des sanctions sont ensuite prévues dont une amende administrative de 1500 euros et une astreinte de 200 euros par jour de retard pour chaque affichage. Si une action pénale est engagée, le Code de l’environnement prévoit une amende de 7500 euros contre l’annonceur. En cas de dégradation ou de destruction d’un bien appartenant à autrui, une peine de deux ans de prison et une amende de 30.000 euros peuvent aussi être imposées au contrevenant. Le Comité international olympique n’aime pas trop non plus qu’on joue avec ses prérogatives. C’est même le moins que l’on puisse dire…

 

 

« Les JO sont la poule aux œufs d’or du CIO et son unique source de revenus », nous rappelait récemment Jean-Loup Chappelet, Professeur honoraire de l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) de l’Université de Lausanne, et auteur de plusieurs ouvrages sur l’olympisme. Les sponsors paient cher, très cher pour voir leur nom coller à celui des Jeux olympiques. Les quatorze membres de son programme, baptisé The Olympic Partners (Airbnb, Alibaba, Atos, Bridgestone, Coca-Cola, Deloitte, Dow, Intel, Omega, Panasonic, Procter & Gamble, Samsung, Toyota) ont notamment contribué chacun à hauteur d’environ 150 millions de dollars au budget du CIO.Le montant des partenariats signés par Paris 2024 devrait, lui, dépasser 1,22 milliard d’euros. Il n’est donc pas certain que la nouvelle campagne d’affichage d’Adam et Eve fasse rugir de plaisir les patrons de l’olympisme…

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