14 juin 2024

Temps de lecture : 3 min

Magali Payen (Imagine 2050) : « Nous nous adressons aux acteurs qui ont conscience qu’il existe des problèmes mais qui ne savent pas comment les résoudre »

Imagine 2050, qui accompagne les médias, les acteurs culturels et les entreprises dans leur transition écologique et solidaire, vient de lancer un Mooc qui se veut être le prolongement des formations aux nouveaux récits qu’elle donne à ses clients. Sa fondatrice et présidente, Magali Payen, nous dévoile les clés de sa stratégie...

INfluencia : comment est née l’idée de fonder Imagine 2050 ?

Magali Payen : l’idée est née il y a très longtemps puisque mon mémoire de fin d’étude que j’ai écrit en 2007 portait déjà sur le cinéma d’engagement. Dès 2004, j’ai eu l’intuition qu’il allait être nécessaire de créer un dialogue avec le monde de l’art, les médias et les entreprises afin d’imaginer des futurs compatibles avec le plafond environnemental et le plancher social. Après mes études, j’ai travaillé plusieurs années dans le cinéma et les médias dont Canal + et en 2018, j’ai décidé de fonder Imagine 2050 car je souhaitais consacrer tout mon temps à l’urgence climatique dans laquelle nous vivons.

IN : dans quelle activité avez-vous cherché à vous développer dans un premier temps ?

M. G. : nous avons commencé par faire des vidéos de mobilisation à impact afin de les diffuser sur internet. Le premier programme que nous avons produit était une web série de quatre épisodes sur la pollution numérique.

En 2018, il était assez simple d’avoir plusieurs millions de vues sur la Toile. Notre vidéo la plus regardée a été visionnée plus de 10 millions fois. Aujourd’hui encore, nos nouveaux films sont vus au moins 1 million de fois malgré les algorithmes qui sont devenus nettement plus contraignants.

IN : vous vous êtes ensuite développé dans le conseil…

M. G. : en effet. Cette diversification est née après ma rencontre avec Laurent Esposito. Cet ancien journaliste qui a travaillé pour de nombreuses chaînes de télévision avant d’accompagner plusieurs médias dans leur transformation digitale voulait se focaliser sur leur transformation écologique. Son arrivée nous a permis de nous déployer sur le conseil auprès des leaders culturels et économiques.

IN : comment vous y êtes-vous pris ?

M. G. : nous avons commencé par accompagner dès 2019 les scénaristes de la série « Plus belle la vie » afin d’inclure dans leurs histoires des anecdotes en lien avec les thématiques que nous défendons. Nous leur avons, par exemple, parlé de cette jeune femme qui a vécu pendant deux ans en haut d’un arbre en Californie pour sauver une forêt de séquoias. Cette histoire les a inspirés et ils l’ont utilisé pendant six semaines dans la série. Nous les avons aussi aidés à dépoussiérer l’imagine d’écolo aux pieds nus qu’ils avaient tendance à montrer à l’écran. Cette collaboration a duré jusqu’à la fin de la série en 2022. Nous sommes actuellement en discussion avec d’autres scénaristes pour faire un travail comparable.

IN : parallèlement, vous avez commencé par travailler sur votre conférence…

M. G. : nous avons en effet mis au point notre conférence prospective Imagine 2050 qui fait le tour, avec pédagogie et des pointes d’humour, des grands enjeux systémiques auxquels l’humanité est confrontée face aux crises écologiques. Cette présentation de 90 minutes, qui peut être reformatée sur des durées comprises entre 45 et 110 minutes et qui existe en français et en anglais, se base sur quinze scénarios prospectifs issus de dix rapports publiés notamment par l’ADEME, The Shift Project, Négawatt et le Haut Conseil pour le Climat. Trois grands récits ressortent de ces études. Le premier est celui du « business as usual », le second pense que la technologie va nous sauver et le troisième préconise la sobriété. Seule cette dernière solution ne nous envoie pas dans le mur et nous tentons de le démontrer dans notre conférence qui implique les participants dans la salle afin de leur faire vivre une expérience à la fois émotionnelle et transformatrice.

IN : le monde de la culture, des médias et de la publicité est-il réceptif aux messages que vous tentez de faire passer ?

M. G. : comme partout ailleurs, certains sont plus réceptifs que d’autres et une ultra-minorité commence à agir. Nous nous adressons à la grande majorité des acteurs qui ont conscience qu’il existe des problèmes mais qui ne savent pas comment les résoudre.

IN : le Mooc que vous venez de lancer vise-t-il à les aider ?

M. G. : tout à fait. Cette formation en ligne de 90 minutes, qui est à la fois ludique, dynamique et joyeuse, cherche à faire comprendre le pouvoir des nouveaux récits sur notre société. Le premier tronc commun que nous venons de lancer détaille comment fonctionnent nos imaginaires et met en avant la responsabilité des professionnels des industries culturelles et créatives tout en détaillant la complexité systémique des problématiques environnementales et sociales. Nous allons, dans un second temps, proposer des modules pour huit spécialités dont la fiction, le journalisme, l’édition et les jeux-vidéos et autour de huit thématiques différentes comme l’alimentation de demain.

IN : quels sont vos clients aujourd’hui et combien de personnes employez-vous ?

M. G. : nous sommes quatre permanents et nous travaillons avec une cinquantaine de freelances différents. Nous avons déjà formé près de 13.000 salariés et nous avons collaboré avec de nombreuses entreprises dont TF1, France Télévisions, Publicis et Le Parisien.

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