La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Cette formule bien connue n’est visiblement pas du goût d’Elon Musk. Le fondateur de Tesla et de SpaceX s’est lancé, depuis quelques jours, dans un nouveau bras de fer à coups de tweets haineux pour le moins critiquables et inquiétants. La nouvelle cible du milliardaire fantasque est le gouvernement australien. Ni plus, ni moins…
Le régulateur australien tape du poing
Tout est parti d’une injonction de l’organisme australien en charge de la surveillance d’internet eSafety qui a ordonné à X, anciennement Twitter, de retirer les vidéos montrant l’attaque au couteau de l’évêque Mar Mari Emmanuel survenue mi-avril, durant un sermont dans une église de Sydney. Face au refus du réseau social d’accepter ses demandes, le régulateur a obtenu de la justice fédérale australienne une injonction pour bloquer ces vidéos sous 24 heures. Cette décision n’a pas franchement ravi – et c’est un euphémisme – Elon Musk.
L’attaque pour seule défense
«Nous sommes préoccupés par le fait que si N’IMPORTE QUEL pays est autorisé à censurer des contenus pour TOUS les pays, comme le demande le « commissaire en charge de la sécurité électronique » australien, alors qu’est-ce qui empêcherait n’importe quel pays de contrôler l’ensemble d’internet, s’est emporté l’homme d’affaires sur son compte X qui compte 181,7 millions d’abonnés et sur lequel il a publié à ce jour… 42.900 tweets. Nous avons déjà censuré le contenu en question pour l’Australie, dans l’attente d’un recours en justice, et il est stocké uniquement sur des serveurs aux Etats-Unis. »
Canberra réplique
Le premier ministre australien Anthony Albanese n’a visiblement pas apprécié l’attaque frontale de l’homme d’affaires qu’il a qualifié, sur la chaîne publique ABC, de « milliardaire arrogant qui se croît au-dessus de la loi, mais aussi de la décence ». Elon Musk a répliqué sur X en publiant un dessin montrant un enfant hésitant entre deux chemins à prendre. Le premier aboutit à une tempête où la « censure » et la « propagande » (sic) sont représentées par tous les réseaux sociaux du web dont Instagram, Facebook, YouTube et TikTok. L’autre voie mène à un joli château de princesse dans lequel la « vérité » et la « liberté d’expression » sont défendues par le seul et unique – vous l’aurez deviné -… X. Simple et manichéen en diable.
Allez vous faire foutre !
Le patron de Tesla est un habitué des polémiques. L’an dernier, plusieurs groupes américains importants dont Disney et le cablo-opérateur Comcast avait suspendu la diffusion de leurs publicités sur X après qu’Elon Musk ait relayé une théorie complotiste antisémite sur son site.« Je suis désolé de ce message. C’était idiot de ma part », avait répliqué le milliardaire juste avant d’accuser ces annonceurs « d’essayer de (lui) faire du chantage ». « Allez-vous faire foutre, s’est-il même emporté. Est-ce-que c’est clair ? » On peut le penser… Ce nouvel échange de tirs à balles virtuelles confirme une nouvelle fois les tendances libertariennes du patron de Twitter.
« Libertarisme », quand tu nous tiens…
Ce courant politique né aux Etats-Unis dans les années 50 repose sur la liberté individuelle conçue comme fin et moyen. Ce mouvement se distingue de l’anarchisme et du libéralisme en raison de son attachement à la liberté du marché et de sa conception très minimaliste de l’Etat. Ses idées sont aujourd’hui très populaires auprès de la droite américaine la plus dure. Elon Musk est devenu un de ses plus fidèles partisans et un combattant farouche du wokisme. Dans un tweet, il affirme notamment que Netflix qu’il accuse de tous les maux, « attend la fin de la guerre pour faire un film sur un Ukrainien noir qui tombe amoureux d’un soldat transgenre russe ». La fortune ne vous donne pas forcément un sens de l’humour d’une finesse à toute épreuve…