2 février 2024

Temps de lecture : 5 min

Pas d’information de qualité sans publicité !

Pour être volontairement provocatrice, la formule ne suggère évidemment pas de revenir sur le chinese wall qui existe entre rédactions et équipes commerciales ni, évidemment, de mettre en cause les règles qui servent à le protéger.

Des règles existent de longues dates dans le droit français, qui visent également à éviter toute confusion dans le regard du public (l’obligation pour les chaînes de télévision de signaler clairement le début d’un écran publicitaire ou, dans la presse écrite, celle de mentionner les espaces consacrés à la publicité ou aux contenus publirédactionnels, par exemple). Et le règlement européen sur la liberté des médias (EMFA) qui est sur le point d’être adopté renforce les obligations de transparence. Ces dispositions sont salutaires, et il est souhaitable qu’elles soient également appliquées aux environnements numériques.

Mais au-delà. En lançant les Etats Généraux de l’Information, le Président de la République a souhaité garantir que chacune et chacun puisse bénéficier d’une information de qualité. Pour aujourd’hui comme pour demain. Cet objectif est indissociable des moyens dont disposent les médias d’information et, finalement, de leur viabilité économique.

Une « information de qualité » ne se limite pas à l’énoncé de faits bruts et au « bâtonnage » de dépêches d’agences. Elle suppose la capacité à les compléter par des reportages de terrain, à en effectuer une mise en perspective, à offrir une diversité d’analyses et de commentaires… et, plus globalement, à leur apporter une valeur ajoutée rédactionnelle.

Elle suppose au-delà que l’ensemble du travail de la rédaction soit encadré par un processus rigoureux de correction et de vérification permettant de faire de l’erreur de bonne foi une inévitable exception (on ne pense pas, là, à la diffusion volontaire et organisée des fake news, qui relève, elle, de poursuites judiciaires et/ou de l’activité du régulateur).

Et ce simple énoncé, ramène inévitablement au sujet des ressources dont disposent les médias, en même temps qu’il fait écho à l’apparente provocation du début de ce propos.

Presse écrite, radio et télévision se partagent en France la très grande majorité du coût de l’information. Mais les ressources qui y correspondent – soutien public (de la redevance audiovisuelle aux aides à la presse), paiement par le « consommateur » final (abonnements et ventes au numéro de la presse, recettes de la télévision payante) et publicité – ont diminué de près d’un milliard d’euros en cinq ans (2018 à 2022) : -200 M€ pour les financements publics, -480 M€ pour les dépenses volontaires des lecteurs / téléspectateurs, et -290 M€ pour la publicité… au final, cette dernière est plus que jamais la première source de revenus des médias (36 % du total), quand les financements publics n’en représentent qu’à peine un quart (24 %).

Mais le pilier apparait de plus en plus fragile, avec la propension croissante des annonceurs à parier sur les plateformes numériques plutôt que sur les médias historiques. Portées par une incontestable dynamique des usages, mais aussi par une réglementation autrement plus lâche, ces dernières tendent à capter l’ensemble de la croissance du marché, et au-delà. Quand quatre euros sur dix investis en publicité allaient en 2018 à la presse, à la télévision ou à la radio, le chiffre n’était plus que de trois début 2023. Et l’étude prospective que viennent de rendre publique la DGMIC et l’Arcom fait craindre une aggravation : elle évalue que la part des recettes publicitaires qui contribuent à financer l’information pourrait encore diminuer de plus d’un milliard d’euros en 2030.

Parmi les dix priorités qui ont été définies pour les Etats Généraux de l’Information, la seconde vise à « obtenir que les annonceurs contribuent efficacement au financement du journalisme ». Cet objectif représente même la clé-de-voute de l’ensemble de la réflexion. A quoi bon, par exemple, s’attacher à conforter le secret des sources si aucun média n’a plus les moyens, demain, de financer des enquêtes ?

Il en va aussi, et à un double titre, de l’intérêt des annonceurs eux-mêmes. Quand ils font la promotion de leur marque, les médias leur assurent la brand safety, autrement dit l’assurance qu’elles soient mises en avant dans des environnements rédactionnels de qualité et pas au milieu d’un torrent de logorrhées complotistes. Et au-delà, ceux qu’on appelle « annonceurs » sont plus largement des entreprises, dont les dirigeants ont besoin tous les jours d’une information économique fiable pour piloter leurs décisions.

Le combat est essentiel, et il n’est pas perdu. De la même façon que les entreprises ont su progressivement intégrer les objectifs sociétaux et environnement à leurs stratégies, et qu’elles se sont habituées à en rendre compte dans leurs rapports RSE, osons croire qu’elles adhéreront à l’objectif de réinvestissement dans les médias de qualité. Le « S » (pour sociétal) de ces rapports n’en trouvera que davantage de sens quand il rendra compte de leur implication.

 

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INfluencia est heureuse de vous faire partager  la synthèse de l’Insight NPA de la semaine et vous propose une offre exclusive en partenariat avec NPA Conseil : -30% sur « Insight NPA » de cette semaine (soit 525 € au lieu de 750 €). Insight NPA est l’outil de veille et d’aide à la décision référent pour les acteurs des marchés médias, Télécoms et Numérique.

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Publicité : un risque supérieur à un milliard d’euros pour la presse, la radio et la TV

L’étude sur l’évolution du marché publicitaire, présentée ce mardi 30 janvier par la DGMIC et l’ARCOM prévoit une croissance annuelle moyenne de 2,4 % à horizon 2030, conduisant à cette date à un chiffre d’affaires total de 18,3 milliards d’euros. Les médias qui financent l’information (presse, radio et télévision), ne bénéficieront pas de cette dynamique. A droit constant, aucun des trois n’échapperait… (Lire la suite)

 

Canal+, inclusion des services de SVoD et hausse des prix au menu de la Freebox Ultra

Xavier Niel, PDG d’Iliad a présenté le 30 janvier la nouvelle Freebox du groupe baptisée Freebox Ultra, qui remplace la box Delta sur le segment de l’offre haut de gamme de l’opérateur. Le lancement s’accompagne d’une refonte des offres haut et très haut débit disponible. Freebox Ultra pousse un cran… (Lire la suite)

 

Audience TV de janvier 2024 : l’effet Plus belle la vie hisse TFX dans le Top 5 sur les FRDA 15-49

Dans l’attente des scores consolidés à J+7, qui seront publiés le 5 février, l’examen des audiences à J+1 publiées le 29 janvier par Médiamétrie offre un premier regard sur le rapport des forces du début de l’année. Le groupe TF1 conforte son leadership sur l’ensemble du public 4 ans et + en profitant… (Lire la suite)

Agrégateurs d’information : le régulateur allemand pointe le manque de transparence

Selon une étude sur les plateformes numériques de presse et d’actualité en Allemagne, réalisée au printemps 2023 par le MediaAnstalten (qui regroupe les différentes autorités des médias dans différents Länder), quelques agrégateurs, le plus souvent intégrés dans d’autres produits logiciels tels… (Lire la suite)

 

NPA Conseil lance le Briefing NPA, avec un premier rendez-vous le 7 février à midi consacré aux solutions cookieless.

En ce début d’année 2024, NPA Conseil propose un nouveau format de décryptage des faits majeurs de l’actualité : le Briefing NPA.
En moins d’une heure, l’équipe de NPA et ses invités analyseront tout au long de l’année les principaux faits de l’actualité du secteur des médias, de la vidéo et de l’adtech.
Les sessions se dérouleront alternativement à distance ou en présentiel avec, dans tous les cas, un accès privilégié aux abonnés à l’Insight NPA auxquels le Briefing apportera une dimension de fil rouge et de club.
A quelques mois de la disparition des Cookies tiers, le premier Briefing NPA se déroulera à distance, le mercredi 7 février, à midi.
Il sera consacré à la présentation de la Première cartographie des solutions cookieless implémentées par les principales régies françaises, réalisée en partenariat avec Minted, auprès de 25 régies (366, 20 Minutes Media, Additi Media (Ouest France), Altice Media Ads & Connect, Canal+ brand Solutions, CMI Media, Ebra Medias, Figaro Media, France TV Publicité, GMC Média – Marie-Claire, La Provence Medias, Lagardère News Publicité, Le Monde Publicité, Les Echos Le Parisien Media, M6 Publicité, Netflix, NRJ Global, Orange Advertising, Prisma Media, Reworld Media Connect, Rossel Conseil Médias HDF (ex La Voix Medias), Sud-Ouest Publicité, TF1 Pub, TikTok, Webedia). Elle permettra de dresser un état des lieux de l’implémentation des principales solutions cookieless.

Le Webinar sera animé par

  • Nicolas Jaimes, rédacteur en chef de Minted
  • Philippe Bailly, fondateur de NPA Conseil

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