22 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

Les mots à connaître en 2024 : K-WAY OF LIFE

Depuis les années 80, la culture japonaise a infusé dans de nombreuses strates culturelles françaises, au travers essentiellement de son alimentation et la qualité de ses dessins animés et autres mangas, jusqu’à la création de salons dédiés (Japan Expo, Paris Manga) de plus en plus visités. Cette sensibilité est probablement à l’origine d’un engouement sans précédent, qualifié de vague coréenne (dite Hallyu), qui s’est emparée récemment du pays ; à tel point qu’une seule lettre, le K, posée çà et là en préfixe, semble désormais à la source de tout ce qui est/sera cool.

Tout au long du mois de janvier, Florence Hermelin (Unlock Potentials) se penche, pour INfluencia, sur les mots qui marqueront 2024.

Aujourd’hui : la K-Way of life

Même si c’est un socle puissant, on aurait tort de réduire le soft power coréen à son industrie du divertissement, avec sa musique pré fabriquée (K-Pop), ses courtes séries multi-genres (K-Drama) ou son cinéma (K-Movies). Certes, elle participe directement à l’embrigadement des jeunes générations, fascinées par un système à la Star Ac en continu, qui permet aux trainees recrutés partout d’espérer un jour devenir une idol (sorte de performeur polyvalent en chant, dance et acting), vénérée par des fandom en délire (fan club local), espérant gagner dans leur CD des fansigns, véritable golden ticket pour les rencontrer. On peut même les retrouver héros de Manhwas (manga coréen), à l’instar de l’indétrônable One Piece national, que l’on peut dévorer dans des Manhwabangs, bibliothèques ouvertes 24/7 et désormais directement accessibles sur mobile, device préféré des coréens. En France, le phénomène ne cesse de croitre avec le groupe culte BTS (record de vues sur YouTube avec 108 millions en 24 h), les filles de Black Pink ou plus récemment Stray Kids, qui a réuni 60.000 fans à Paris lors du dernier festival de Lollapalooza.

Sans parler des séries à succès, avec en tête Squid Game et ses dérivés récents sur Netflix mais aussi Kingdom, Crash landing on you, My Name, Arthdal Chronicles, Business Proposal et bien d’autres qui visitent tous les registres. Quant au cinéma, depuis Parasite de Bong Joon-Ho, qui a tout raflé l’année de sa sortie (4 Oscars, la Palme d’or de Cannes, Golden Globes, BAFTA…), les films coréens suscitent l’intérêt, notamment les films d’action ou d’horreur dont ils sont passés maitres. Avec les animés, dont l’adaptation très attendue cette année d’un des plus grands Manhwa, Solo Leveling. Ces phénomènes ont sans nul doute créé un engouement pour la langue avec en moyenne 250.00 étrangers qui tentent chaque année désormais de passer le Topik, examen officiel pour évaluer la pratique de la langue coréenne.

Leur gastronomie s’invite aussi de plus en plus à nos tables. A côté des grillades coréennes très prisées, le fameux Bimbimbap, plat traditionnel à base de bœuf mariné, de riz et de légumes, est d’ailleurs la recette la plus recherchée au monde sur Google en 2023 et fait partie des mots ajoutés à l’édition 2024 à notre dictionnaire Larousse. Sinon, il vous reste à tester le Kimbap, sorte de maki coréen, accompagné du fameux Soju, alcool de patate douce aromatisé. Vous ne savez pas où en trouver ? Cherchez donc un K-Mart shop, épicerie spécialisée à Paris et sur le web. Et qui sait demain, nous assisterons peut-être au grand show Tv Cookin’ Wanta où des chefs relèvent des défis culinaires impossibles en visitant le pays.

Avec le 13ème PIB mondial, la Corée du sud nous impressionne également avec ses gros acteurs privés, les Chaebols, qui sont présents dans nombres d’industries stratégiques (Hyundaï, LG, Samsung, etc), notamment les plus innovantes et exportatrices (1er producteur de smartphones et de semi-conducteurs au monde). Rapporté aux habitants, la Corée affiche des scores comparables à la France. Avec une spécificité asiatique de taille, celle d’avoir su créer son propre écosystème numérique pour ne pas dépendre de technologies et autres applicatifs américains ou chinois (Naver comme portail concurrent de Google, Viki le pendant de Netflix, Kakao pour Uber, Kakao Page pour les webtoons ou encore Kakao Talk pour les applications de messageries instantanées, etc).

Mais ce qui nous fascine le plus, c’est probablement la 3ème place du podium de la Corée du sud au classement PISA des pays de l’OCDE et ce, dans toutes les catégories (mathématiques, sciences, expression écrite). Même sur le critère de l’équité dans l’éducation, puisque l’école y est totalement gratuite jusqu’au collège et demeure par la suite tout à fait accessible pour les familles.

Bien qu’en y regardant de plus près, ces résultats sont au prix d’une pression incessante sur les enfants dès la petite école, à raison de cours supplémentaires de soutien et autres matières extra-scolaires pour être certains de décrocher une des trois universités d’élite du pays, dénommée par l’acronyme SKY. A tel point que l’État a dû légiférer pour limiter à 22h par semaine ces extras. Le pays entier s’arrête d’ailleurs le jour du Suneug, l’examen final au lycée car il sanctionne aussi l’avenir de la famille entière, notamment en termes de protection sociale très limitée. Le revers de la médaille est le taux de suicide le plus élevé du monde, notamment chez les plus jeunes, qui est devenu le fléau numéro un à éradiquer pour le gouvernement, en misant notamment sur la culture et le divertissement.

C.K.F.D !

En résumé

Depuis plus de 20 ans, Florence Hermelin s’attache à restituer l’air du temps et accompagner les entreprises dans leurs transitions grâce à ses analyses stratégiques, prospectives et sectorielles. Elle a fondé et dirige Unlock Potentials, une société de conseil prospectif et de coaching stratégique au service des entreprises.

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