Le rire comme solution à la morosité ambiante ? Les entreprises semblent être de plus en plus nombreuses à le penser. Edwina Girard n’ira pas s’en plaindre… Cette autrice et comédienne a fondé en 2018 Ozécla. Cette start-up de six salariés basée au pied de la butte Montmartre, rue Aimé Lavy (cela ne s’invente pas…), se définit comme étant la première agence d’humour et d’artistes pour les sociétés. Pour un peu, on la croirait tout droit sortie de l’incontournable série, The Marvelous Mrs Maisel (Amazon Prime)…
« J’ai bossé dans la pub avant de me lancer, nous explique Edwina. Je vendais aux agences média des espaces publicitaires vidéos. J’ai toujours eu envie de faire marrer les gens. Les faire rigoler est une obsession pour moi. Au travail, je faisais bénévolement le boulot d’happiness manager. Je préparais la vidéo humoristique annuelle, je faisais faire à mes collègues timides des choses un peu fofolles. Un jour, je me suis dit que je devais tenter le coup et transformer cette passion en business. Je pensais au début représenter des humouristes pour qu’ils fassent rigoler les salariés pendant une quinzaine de secondes mais mon activité s’est développée bien plus rapidement que prévu… »
Ozécla débusque ses auteurs, humoristes et comédiens en parcourant les scènes ouvertes, les festivals et les théâtres. Les animations que l’agence propose aux entreprises sont variées. Murder Partys, soirées immersives, dîners improvisés, blind test, « ozecap ou pas cap ? », ateliers sketches… Le choix est large. Cette année, la PME a même développé avec les experts du cabinet de conseil NAM & Kouji un catalogue de prestation pour sensibiliser les collaborateurs sur les sujets liés à la RSE comme le harcèlement, la diversité, le handicap ou l’écologie. La Murder RSE propulse notamment les participants dans une entreprise fictive qui ne fait rien comme il faut. Leur rôle au sein du comité de direction sera d’adopter une gestion plus responsable.
La belle histoire d’Ozécla aurait pu s’achever avec l’arrivée du Covid. « Au mois de mars 2020, nous avions réalisé un chiffre d’affaires record et puis tout s’est arrêté du jour au lendemain, se rappelle Edwina Girard. Après un bon coup de flip, on s’est remis sur pied en proposant notamment des murder partys en visio. Nos clients, qui étaient tous enfermés chez eux derrière leurs ordinateurs, nous ont dit que ces moments de détente leur avaient fait beaucoup de bien. Le confinement nous a aussi permis de signer un partenariat avec Larousse et de créer cinq jeux de société dont un « Inside Murder », un « Débat à la con » et un Escape Game. Depuis la fin des restrictions sanitaires, c’est la folie. Toutes nos activités sont reparties de plus belle. Le rire permet en effet de dédramatiser des sujets sensibles. »
Ozécla anime aujourd’hui plus de 200 événements par an, fait travailler près de 200 intermittents du spectacle dont une vingtaine très régulièrement. Edwina et son équipe écrivent une cinquantaine de scenarios sur-mesure chaque année. A ce jour, plus de 600 clients ont fait appel à ses services. Avec des tarifs compris entre 900 et 25.000 euros, l’agence peut servir tout type d’entreprises. « Au moins 70% des membres du CAC 40 ont déjà fait appel à nous mais nous travaillons aussi avec de toutes petites sociétés, se réjouit la fondatrice de cette start-up. De la banque au luxe en passant par le conseil ou les médias, tous les secteurs ont envie de rire. » La liste de ses clients le prouve : Chanel, L’Oréal, Axa, TF1, Prisma Media, Kombini, Accor Arena, Booking.com, vente-privee.com, BNP Paribas, Crédit Agricole, Capgemini, EY, Danone, Amazon… Qui dit mieux ?
L’avenir pour cette jeune pousse semble radieux. « Je ne veux pas piloter une multinationale mais notre croissance va nous obliger à nous organiser en silos, révèle Edwina. J’ai aussi un rêve secret. Je voudrais créer un restaurant immersif avec un personnel exclusivement composé de musiciens, de comédiens et de mentalistes. Il me faut, pour cela, trouver un partenaire. » Des candidats ?