INfluencia : vos études ne sont pas à proprement en relation avec ce que vous faites aujourd’hui. Expliquez-nous ce parcours…
Marguerite de Verdun : c’est vrai que j’ai commencé une école d’arts appliqués car j’avais besoin de faire des choses de mes mains, ce que ma mère a très bien compris, puisqu’elle m’a accompagnée dans ce chemin atypique. Ensuite, j’ai rejoint L’IESA pendant deux ans, ce qui m’a permis de comprendre la médiation culturelle, l’interaction avec le public dans le domaine de la culture. Je me suis éclatée…
IN. : pensiez-vous alors être multipotentielle ?
M. de.V. : je savais simplement que mon parcours était en dehors des clous, mais je ne posais pas la question comme ça. Très vite j’entre dans un studio photo ou je deviens assistante de plateau, j’y reste trois ans, et puis j’entre chez FMA le Bureau, où je deviens agent de photographe aux côtés de Florence Moll. En parallèle je n’ai jamais cessé de dessiner depuis l’âge de sept ans… J’ai entrepris une formation de un an pour me familiariser avec la BD… Tout cela fait partie de mon équilibre profond. Donc à votre question, c’est Nathalie Cortial en fait qui en me proposant de participer à cet événement, Mets la Face B, qu’il était impossible d’être destinée à une seule chose dans la vie. Cette exposition a mis en lumière un concept que je n’avais pas perçu et cela a été très éclairant. Être exposée aux yeux des autres m’a permis de mettre à sa place, ce travail d’illustration. Maintenant que j’ai vendu et que j’ai eu des compliments, j’ai arrêté de dire que je faisais des petits dessins pour affirmer enfin, « je suis illustratrice ».
IN. : diriez-vous que vous êtes une multipotentielle heureuse ?
M.de.V. : j’avoue que je suis assez philosophe, lorsque l’inspiration est là, je dessine, si elle n’est pas là, je ne touche pas un crayon, en sachant que cela va revenir, et surtout j’ai un métier, agent de photographe qui remplit et nourrit mes journées d’images, d’art, de rencontres… C’est une grande chance.
IN. : quel effet produit sur vous le flux ininterrompu d’images sur le web, notamment sur les plateformes dédiées à l’inspiration, ou autres ?
M.de.V. : j’appelle cela le vortex sans fin dans lequel on entre souvent par mégarde, et lorsque j’y passe vingt minutes, je sors de là comme d’une parenthèse irréelle. Pour autant je ne me sens pas envahie, dans la mesure où mon travail c’est aussi de faire de la veille créative. En clair, ce vortex doit être maintenu à distance. Imprimer, faire des expos, travailler le papier, c’est ça la vie. Reste qu’il faut trouver des contextes physiques pour exister, mais ce n’est pas impossible, puisque déjà deux personnes qui m’ont proposer d’exposer. Nathalie et Hélène Le Crotoy, propriétaire de No Shoes qui invite régulièrement des peintres, des illustrateurs à exposer dans sa boutique.
IN. : que vous a enseigné cette table ronde à laquelle vous avez participé également ?
M.de.V. : elle m’a permis de comprendre ce qu’était la multipotentialité en la valorisant. J’ai entraperçu que c’était une condition difficile à mettre en valeur. Que c’était inhabituel et nouveau d’aborder le sujet sous ce prisme. Ma place en tant qu’artiste, n’existe pas, je dois la construire, et ce sont ces personnes dont je parlais plus haut qui le permettent.
