3 avril 2023

Temps de lecture : 3 min

Santé mentale et écrans, la poule et l’oeuf de la Gen Z

Désormais placée au même niveau que la santé tout court, la santé mentale est un sujet ultra conscientisé par la Gen Z. Et notamment via les réseaux sociaux, pourtant eux-mêmes acteurs du problème. Les étudiants de l’École de Communication Sup de Pub se sont penchés sur la question. 
Entre bellicisme des aînés et fin du monde à venir 

 Le contexte mondial dans lequel est née cette génération est délicat, voire carrément déprimant. Et les jeunes de la Gen Z assument une certaine perméabilité aux mauvaises nouvelles qui arrivent aussi régulièrement que les nouvelles trends sur Tik Tok. 

Entre la crise climatique qu’il est devenu difficile d’ignorer, la guerre désormais voisine et la pandémie mondiale qui a rythmé leurs études et leur démarrage dans la vie professionnelle….ces jeunes ont été gavés du pain noir de l’actualité. 

 

Ras-le-bol face à la sévérité des générations précédentes 

 Mais presque plus encore que ce nouveau monde alourdi de mille peines, c’est la négativité des médias et le jugement de leurs aînés qui les agacent. “On nous dit que l’on est une génération perdue, que pour nous c’est trop tard, et que l’on va devoir réparer les erreurs de nos parents.” Une génération qui se sent dans l’impasse, coincée entre les catastrophes qu’elle voit arriver et le sentiment d’impuissance généré par une information qui semble les blâmer quoi qu’elle fasse. 

Comme si le droit à la légèreté de la jeunesse leur était refusé au regard de l’urgence des choses à réparer. Sans toujours qu’ils ne sachent plus ou mieux que les autres avant eux comment faire. 

 

Influence social media 

 Au premier rang des coupables désignés du mal-être qui touche ces jeunes, trônent les réseaux sociaux.  

Dans Un si beau siècle, la poésie contre les écrans, Olivier Frébourg dit : “Nous savons qu’un complot mortifère sape nos sociétés. Je dis et redis à mes enfants : les écrans ce n’est pas la vie. Ils détruisent le plus beau divertissement, l’ennui, le temps perdu, la rêverie.” S’ils ne nient pas les effets délétères de leur temps – pléthorique – passé devant les écrans, ils assument aussi que leur génération a dû y faire face si tôt qu’elle doit apprendre à se limiter sans avoir connu le temps “sans” béni.  

La fatigue émotionnelle générée par les réseaux sociaux ne leur échappe pas, que ce soit la toxicité des violences verbales de Twitter, ou celle plus subtile de l’universalisation de l’idéal à atteindre d’Instagram, rendant maladivement désirable une projection toujours plus éloignée de la réalité. Ils notent également la culture de l’entre-soi qui se joue désormais dans les plateformes, sur lesquelles ils disent moins s’ouvrir aux autres qu’à leurs débuts. 

Et cette toxicité est tellement identifiée qu’ils prônent la nécessité de prévenir et former les nouvelles générations aux dangers du social media, et d’être influencés par tout et n’importe quoi.  

 

Hypersexualisation et perte de l’innocenc 

 Les futures générations qui sont aussi au cœur de leurs pensées lorsqu’ils pointent du doigt la sexualisation des jeunes et des enfants sur les écrans, comme le récent scandale Balenciaga qui a dû présenter des excuses à la suite de sa  campagne très controversée mettant en scène des enfants. Ou encore l’hypersexualisation de très jeunes actrices comme Millie Bobby Brown de Stranger Things.  

Ils adoptent alors une posture d’aînés inquiets de voir cette ultra conscientisation de l’image de soi signer la même perte de l’innocence que leurs propres aînés déplorent chez eux. 

 

Inclusivité ou catégorisation ? 

 Un autre sujet de malaise vient aussi du paradoxe liée à l’inclusivité, qui à trop vouloir inclure frôle le risque d’hyper-classification. Comme sur la question du genre, pour laquelle ils se posent la question de la représentation, mettant en exergue la difficulté à trouver une incarnation qui puisse permettre à tous de s’y identifier. “Désormais c’est tellement déconstruit et décomplexé que l’on a recréé des cases”. Et s’ils mentionnent la pub Celio be normal qui célèbre le fait de ne pas rentrer dans une catégorie singulière, c’est aussi pour en parler comme d’une action très (trop) ponctuelle. 

 

Troublante augmentation des troubles de santé mentale 

 Ce qui est loin d’être  ponctuel en revanche, c’est la croissance du nombre de jeunes souffrant de troubles de santé mentale. On assiste notamment à une augmentation significative du nombre de cas souffrant de trouble dépressif chez les jeunes adultes, particulièrement depuis les confinements, comme le trouble anxieux généralisé (TAG). 

Depuis les simples crises d’angoisse jusqu’aux fortes maladies mentales en passant par le phénomène de phobie scolaire, la Gen Z semble être atteinte de tous les maux. 

 

Conscientisation aiguë des problèmes et libération de la parole 

 On l’a dit, le social media a sa part de responsabilité dans cet état de fait, ne serait-ce que de parler du harcèlement qui peut s’y pratiquer, mais il leur apparaît en même temps comme la meilleure plateforme pour en parler. Artistes et influenceurs de cette génération prennent ainsi librement la parole sur le sujet, comme la créatrice de contenu EnjoyPhoenix qui dénonce les conséquences de la positivité toxique, ou encore la chanteuse Pomme qui assume ses visites régulières chez la psy. 

Les contenus pédagogiques sous forme de témoignages se multiplient également autour des troubles de la personnalité (personnalité borderline, bipolarité, trouble dissociatif de l’identité…). Consulter un.e thérapeuthe n’est plus un tabou, et prendre des médicaments non plus. Jusqu’à la dérive du phénomène de l’anxiolytique “doudou” que l’on garde sur soi. 

 

 

En résumé

L’École de Communication Sup de Pub a allié ses forces avec Influencia pour donner la parole à des jeunes communicants issus de la Gen Z dans des interviews “canapé” où s’expriment librement leurs pensées. Tout d’abord représentants de leur génération, ils en sont également des observateurs éclairés. De quoi nourrir une envie d’insights, et redonner ses lettres de noblesse à la notion d’égocentrisme, bien souvent attachée à cette génération.

Une série en 12 épisodes, écrite par Mathilde Beauhaire, à retrouver chaque mardi.

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