Influencia : quelles ont été vos premières réactions à l’écoute des mesures gouvernementales d’accompagnement des influenceurs et de protection des consommateurs ?
Quentin Bordage : la première chose que je tiens à saluer concernant ces travaux est la manière dont ils ont été organisés. Les consultations préparatoires qui ont été menées incluaient tous les acteurs de ce secteur. Certains avaient des avis très divergents mais tout le monde s’est assis autour de la même table et toutes les opinions ont été écoutées. Les conclusions présentées vendredi ont aussi l’avantage de clarifier les choses.
Des définitions claires du mot influenceur et du rôle d’agent ont été précisées.
IN : qu’entendez-vous par là ?
Q. B. : les dispositions annoncées par le gouvernement intègrent, pour la plupart d’entre elles, des contraintes qui existaient déjà mais en les liant clairement au marketing d’influence, le ministère de l’économie clarifie une vérité qui pouvait paraître floue. Des définitions claires du mot influenceur et du rôle d’agent ont été précisées. L’État a aussi insisté sur la nécessité de contrat entre les influenceurs, les agences et les marques lorsqu’il est question de collaboration. Le texte prévoit, par ailleurs, d’interdire la promotion de la chirurgie esthétique sur les réseaux sociaux. On ne sait pas, par contre, ce qui va se passer avec d’autres secteurs comme les NFT par exemple. Beaucoup d’artistes les utilisent pour leurs transactions et le gouvernement n’a visiblement pas pris de décision ferme à ce sujet.
IN : les sanctions contre les influenceurs qui ne respectent pas ces nouvelles règles, qui pourront atteindre deux ans d’emprisonnement et 200.000 euros d’amende, vous semblent-elles justes ?
Q. B. : les sanctions prévues respectent le principe de la législation françaises car elles sont graduées. La peine maximale peut aller jusqu’à la fermeture du compte du contrevenant et ce quel que soit son lieu de résidence.
Le texte prévoit, par ailleurs, d’interdire la promotion de la chirurgie esthétique sur les réseaux sociaux.
IN : le texte gouvernemental précise également que les réseaux sociaux vont devoir coopérer avec les autorités pour que les sanctions soient appliquées. Pensez-vous que ce vœu ne risque pas de rester pieux?
Q. B. : on ne sait pas si toutes les plateformes devront coopérer avec le gouvernement. Les sanctions qui pourront être imposées contre les réseaux qui refusent de collaborer ne sont pas non plus précisées. L’État leur donne six mois avant de faire un bilan et d’imposer, éventuellement, de nouvelles règles. Il semble toutefois que le gouvernement ait décidé de se donner les moyens pour lutter contre les fraudeurs. Une équipe dédiée de quinze personnes va être mise en place au sein de la DGCCRF pour répondre au signalement des internautes et faire appliquer les nouvelles règles en vigueur. Des moyens technologiques supplémentaires vont aussi être dégagés. C’est un changement politique majeur.
IN : les fraudeurs n’ont donc qu’à bien se tenir…
Q. B. : Il y a très peu de fraudeurs parmi les influenceurs. La plupart des personnes qui ne respectent pas les règles le font en raison de leur méconnaissance des textes en vigueur. Les mesures annoncées vendredi et le guide pratique publié par les pouvoirs publics ont l’avantage de clarifier les choses. Ces travaux ont également enclenché une dynamique entre les différents acteurs de ce secteur. Nous discutons les uns avec les autres désormais et des assises nous réunissant seront bientôt organisées. C’est très positif, tout ça…