Plutôt que de multiplier les campagnes ponctuelles avec une multitude de marques, nous préférons avoir moins de clients et être intéressés à leurs résultats.
INfluencia: comment est né Beastly ?
Evan Nataf : Beastly est le fruit de l’association entre Julian Kabab, créateur de l’application de rencontre Fruitz et spécialiste de l’acquisition, Quentin Mittelette, et moi même. Pour ma part je viens du monde des agences de pub. J’ai développé une expertise en social media depuis 2012 en passant chez Ogilvy PR, Les Gros Mots, Publicis Media ou encore SensioGrey où j’ai été responsable de la social room FDJ. J’ai participé à la conception et au déploiement de campagnes social media et influence pour de nombreux clients français et internationaux. Quentin avait, lui, accumulé diverses expériences dans le pilotage de stratégies d’acquisition via les leviers classiques du marketing digital. Nos expertises complémentaires nous ont incité à lancer en 2017 notre agence de conseil et d’accompagnement stratégique en influence, spécialisée dans la performance.
IN. : il existe pas mal de structures de ce genre en France. Quelles sont vos spécificités ?
E. N. : les campagnes de stratégies de marketing d’influence que nous élaborons sont basées sur trois piliers fondamentaux : la stratégie d’abord, avec une compréhension profonde des besoins et objectifs de nos clients; la créativité, car nous pensons que toute campagne doit être portée par une idée forte pour être retenue et importante, et enfin la performance. Cela se reflète de différentes façons dans nos collaborations avec nos clients : projections de KPIs quantis et qualis, analyse et mesure de l’impact à travers des outils internes et externes, classification des profils selon leurs taux de conversions, ou encore garanties de vues sur les dispositifs vendus. Tant qu’elles ne sont pas atteintes, nous continuons à produire des contenus et à les diffuser sur les réseaux.
Quentin Mittelette : ce modèle plait aux marques car nous parlons le même langage qu’elles. Les sociétés basent, elles aussi, leurs stratégies sur leurs performances et à quoi bon réaliser des campagnes d’influence si leur efficacité ne peut pas être prouvée et mesurée.
nous sommes très excités par la structuration et la professionnalisation actuelle de notre marché.
IN. : quelles relations cherchez-vous à mettre en place avec vos clients ?
Q. M. : nous cherchons à construire des relations de long terme avec eux. De 2017 à 2020, les agences d’influence signaient des contrats d’exclusivité avec les influenceurs et vantaient la multitude de clients activés chaque année en comptabilisant chaque placement de produit effectué par leur talent comme un client de l’agence. Nous avons toujours suivi une stratégie inverse. Plutôt que de multiplier les campagnes ponctuelles avec une multitude de marques, nous préférons avoir moins de clients et être intéressés à leurs résultats. Dans la majorité de nos dispositifs, nous partageons une part du risque avec nos clients. Nous voulons ainsi démontrer notre bonne foi et notre confiance envers la stratégie qui a été vendue. Afin de mieux les accompagner dans la durée, nous mettons en place des équipes dédiées qui sont à leur l’écoute et très réactives. Nous avons aujourd’hui une quarantaine de clients et nous enregistrons depuis trois ans des taux de croissance annuelle de deux à trois chiffres. Nous avons la chance de pouvoir choisir nos clients et ne pouvons traiter l’ensemble des demandes que l’on reçoit.
Nous avons aujourd’hui une quarantaine de clients et nous enregistrons depuis trois ans des taux de croissance annuelle de deux à trois chiffres.
E. N. : depuis la création de Beastly, nous avons collaboré avec plus de 2000 talents mais nous travaillons en général avec 300 à 500 influenceurs par an. Pour certains grands comptes comme Back Market, Fnac, Darty, Leboncoin, Zalando ou encore Google, nous pouvons faire appel à plus de 40 talents chaque année pour produire des contenus. Comme nous opérons dans plusieurs pays et notamment en Italie, en Espagne, en Allemagne, ou encore en Grande-Bretagne, nous devons activer des influenceurs sur différents marchés. Nous collaborons principalement avec des macros-influenceurs (+ de 100.000 abonnés) et des top profils (+ de 800.000) mais nous faisons aussi appel fréquemment à des micro-influenceurs si cela sert la stratégie du client. Nous ne signons aucun contrat d’exclusivité avec ces talents car nous pensons que notre activité de conseil couplée à celle d’agent de talent risquerait de créer des conflits d’intérêt avec les enjeux de nos clients. En revanche, il est tout à fait possible de tisser des relations sur le long-terme avec de nombreux créateurs sans avoir d’exclusivité avec eux. Nous avons, par exemple, accompagné Lena Situations dans la réalisation de son livre « Toujours Plus » ou dans la création et le déploiement des podcasts « Canapé 6 Places » avec Spotify ainsi que Noholita dans le développement de sa marque de cosmétiques Voilà.
IN. : quels sont vos projets ?
E. N. : nous sommes très excités par la structuration et professionnalisation actuelle de notre marché. Nous avons énormément de projets de développement à la fois horizontal et vertical, comme le lancement d’une offre de celebrity marketing, ou encore des offres pour accompagner nos clients mais aussi les talents dans l’exécution globale des campagnes que nous concevons (événementiel, production de contenus, etc.). Nous comptons aussi nous développer à l’international. Après tout, Julian et Quentin ont vécu de nombreuses années aux États–Unis et je suis moi même de nationalité franco-américaine. Notre modèle est tout à fait « exportable ».
IN. : quels pays visez-vous en particulier ?
G. M. : nous avons toujours de fortes ambitions en France car il n’existe pas encore de leader identifié dans le secteur du marketing d’influence. L’Allemagne est aussi un marché très intéressant mais la concurrence locale est déjà assez forte. L’Italie et le Benelux, où nous sommes déjà présents, ont également un beau potentiel. Nous avons de fortes ambitions de croissance pour les années à venir.