Il y a d’abord eu le phénomène de « tout le monde peut écrire comme un journaliste » avec Internet, puis les influenceurs sont arrivés, se prenant pour des grands « sachants ». Et enfin les premiers robots sont apparus, utilisés pour écrire des articles factuels – résultats de matches ou quiz en ligne par exemple – Mais tout se faisait dans l’ombre. Aucun éditeur de presse écrite ne se flattait ouvertement de faire appel à l’intelligence artificielle. Jusqu’à il y a quelques jours et l’annonce à ses salariés de suppressions de postes du patron du groupe de médias allemand Axel Springer*. Une annonce accompagnée d’une déclaration qui fait froid dans le dos. Mathias Döpfner affirmait en effet que « L’intelligence artificielle va révolutionner le journalisme et l’industrie des médias, en pouvant soutenir – ou remplacer – le journalisme». Vous avez bien lu : « remplacer »…
Certes il s’agira – pour l’instant – de certains secteurs, comme la mise en page ou la correction. Comme si l’âme d’un titre n’était pas aussi celle de son ou sa DA (n’est-ce pas Ann Céline Blanc ?) ou de sa ou son SR (n’est-ce pas Anais Chourin ?). Mais les journalistes du groupe savent bien que leur avenir est désormais aussi en jeu.
Arrivera-t-on demain à un monde sans journalistes, sans éthique, sans aucune vérification ? Un monde où ChatGPT rédigera des articles sur la base de ce qu’il aura « avalé » sur Internet, avec des erreurs, des biais racistes et sans aucune source ? Le « grand remplacement » est-il en route ?
*Bild, die Welt