22 février 2023

Temps de lecture : 3 min

Pour 56 % des journalistes, « Les médias français ne parlent pas assez des entreprises »

Une nouvelle étude de Comfluence pour le Press Club de France décrypte les attentes des journalistes à l’égard des entreprises

Comfluence dévoile la nouvelle édition de son enquête annuelle sur le rapport des médias avec les entreprises, menée entre le 26 décembre 2022 et le 14 janvier 2023. Le cabinet de conseil a voulu tout d’abord sonder l’état d’esprit des journalistes. Jérôme Ripoull, co-fondateur de Comfluence, souligne : « Nous dressons un portrait en 3D de la profession qui vit : la Désintermédiation de l’information, avec la digitalisation et la montée en puissance des réseaux sociaux ; la Défiance de certains Français à l’égard des médias et des journalistes, qui s’est accentuée lors des crises des gilets jaunes et du COVID ;  enfin, qui affronte des Départs lesquels touchent essentiellement la Presse Quotidienne Régionale qui réduit ses effectifs du fait du recul de son lectorat (ce qui n’est pas le cas de la PQN) ».

Dans ce contexte anxiogène, 60% des journalistes – 29,20% tout à fait d’accord, 31,50% plutôt d’accord – estiment qu’il n’y aura plus d’édition papier dans 20 ans dans la presse quotidienne, tandis que 74% pronostiquent la poursuite de la concentration des médias. Pour autant, attachés à leurs métiers, une majorité de journalistes – 62% – affirme vouloir le rester dans les prochaines années. Au quotidien, la radio reste le média traditionnel privilégié d’information pour 73% des répondants. Parallèlement, l’étude met en évidence que 89% des journalistes vont sur les réseaux sociaux chaque jour, LinkedIn arrivant en tête pour 37%. Par rapport à notre étude de 2021, le réseau social professionnel est passé de la 3ème à la 1ère place, reléguant Twitter en 2ème position.

Pour Charles Collet, Directeur Conseil chez Comfluence : « sans doute, le climat sur Twitter, les polémiques sur le rachat par Elon Musk et ses premières décisions ont pu porter préjudice à sa fréquentation. En parallèle, on observe depuis le covid une démocratisation de l’usage de LinkedIn par de nombreuses organisations et leurs dirigeants, ce qui constitue un levier d’information complémentaire. Mais attention, Twitter reste un incontournable dans les pratiques des journalistes ».

 

 

Pas de désamour pour les entreprises

Interrogés sur la place qu’occupent les informations relatives aux entreprises dans les médias français, 56,2% des journalistes répondants jugent que ces derniers ne traitent pas suffisamment leurs actualités. « Loin d’un désamour avec le monde économique, les journalistes sont bien en prise directe avec les entreprises. 86% d’entre eux ont des contacts réguliers avec les entreprises et environ 79% suivent des comptes d’entreprises ou de dirigeants sur LinkedIn » souligne Jérôme Ripoull.

Les répondants n’en sont pas moins exigeants avec les entreprises, puisque 59% d’entre eux considèrent qu’elles peuvent s’améliorer dans leurs communications quand elles les sollicitent, notamment sur les sujets RSE. Et quand ils traitent d’un sujet économique, les journalistes attendent d’elles des « innovations et des activités nouvelles » – 37% –, leur « histoire singulière » – 29% –, des « données chiffrées » – 14% – et pour seulement 4,5% la « personnalité du dirigeant, de la dirigeante ».

Elon Musk patron de l’année 2022, Michel-Edouard Leclerc du début 2023

Comfluence a, enfin, posé la question de savoir quel avait été selon les journalistes le patron le plus marquant de l’année 2022. Sans surprise, Elon Musk arrive en tête pour 32% des journalistes ayant répondu. Patrick Pouyanné se trouve loin derrière à 4% et Bernard Arnault à 3%. Au final, plus de 49 % des réponses portent sur patronnes ou patrons cités une seule fois, ce qui démontre un certain « éclatement » des opinions. En revanche, sur le début d’année 2023, c’est bien Michel-Edouard Leclerc qui apparaît comme le dirigeant qui a le plus retenu l’attention des journalistes. Ils sont 18% des répondants à le citer, 9% Elon Musk, 4,5% Patrick Pouyanné, 4% Geoffroy Roux de Bezieux, 3% Henri Proglio.

« Ce résultat est emblématique d’une forme de rareté de la parole des patrons … et des patronnes ! C’est ce qui explique que Michel-Edouard Leclerc soit devenu un référent pour les médias. Il se situe, de plus, dans la lignée des Antoine Riboud, des Jacques Calvet, des Claude Bébéar, et incarne une prise de parole sociale et sociétale régulièrement délivrée. La difficulté des journalistes à citer d’autres dirigeants met en évidence la rareté de leurs prises de position publiques. Le paradoxe est de les voir massivement investir les réseaux sociaux où la parole est maîtrisée, au détriment de prises de paroles médiatiques considérées comme plus risquées, comme le prouve la communication de Patrick Pouyanné », conclue Jérôme Ripoull.

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