Ford signe son grand retour en Formule 1 pour 2026
L’entreprise américaine, qui a marqué de son empreinte, la discipline par le passé, retrouvera le paddock en tant que constructeur moteur pour les écuries Red Bullet Alpha Tauri.
Côté business, tout va pour le mieux en Formule 1. Alors que la saison 2023 pointe tout juste le bout de sa carrosserie, l’argent coule à flot dans les usines des écuries, les audiences s’annoncent déjà monstrueuses avec de nouveaux circuits aux énormes potentiels marketing – coucou Las Vegas, coucou Miami –, et la saison cinq de Drive to Survive, la série Netflix dédiée à la discipline dont on ne présente plus l’énorme succès d’audience, déchaine déjà les passions. Un raz de marée médiatique qui a même réussi l’impossible : implanter la Formule 1sur le marché américain pour le bonheur des fans… et des entreprises historiques du sport automobile. Vendredi dernier, Ford annonçait son grand retour en Formule 1 en tant que constructeur moteur pour l’écurie reine Red Bull Racing à compter de la saison 2026. Un come back après plus de deux décennies d’absence qui a de quoi enthousiasmer, tant car la marque américaine n’en est clairement pas à son premier tour de piste, elle qui compte notamment dix sacres constructeurs et treize titres pilotes à sa ceinture.
Au moment d’annoncer cette collaboration américano-britannique, Ford déclarait conclure un « partenariat technique stratégique à long terme pour le développement de l’unité de puissance hybride de nouvelle génération qui sera utilisée à partir de la saison 2026 de Formule 1 ». Le règlement 2026 sur les groupes motopropulseurs sera basé sur 4 piliers : la conservation du moteur V6 de 1,6 litre, l’augmentation de la puissance électrique à 350kW – 475 ch –, l’élimination du MGU-H – l’unité moteur-générateur qui avait le don d’agacer les fans pour son manque de bruit comparée au moteur V8 – et l’introduction d’un plafond budgétaire pour l’ensemble des moteurs.
Le constructeur a précisé qu’il fournira des unités de puissance à l’équipe Red Bull et à Alpha Tauri – qui appartient également à Red Bull – de 2026 à 2030 au moins : « C’est le début d’un nouveau chapitre passionnant dans l’histoire du sport automobile de Ford, qui a commencé lorsque mon arrière-grand-père – le légendaire, mais plus que sulfureux, Henry Ford – a remporté une course de légende qui a contribué à lancer notre entreprise », a déclaré Bill Ford, président exécutif de l’entreprise, depuis New York.
La dernière participation du constructeur automobile à une saison de Formule 1 remonte à 2004, alors en partenariat avec l’écurie Jordan. Pour les livres d’histoire, il reste le troisième constructeur de moteurs le plus titré de l’histoire de la F1. Son triomphe le plus récent étant celui de Michael Schumacheraux côtés de l’écurie Benetton en 1994. Mais plus qu’un retour aux sources, ce come-back symbolise l’attractivité grandissante de ce sport pour le marché nord-américain et surtout étasunien.
… pour mieux séduire ses nouveaux clients
Avec l’introduction de trois nouvelles courses organisées sur ses terres à partir de l’année prochaine, dont le très attendu circuit de Las Vegas, le marché américain continue de croître et d’imposer son rythme effréné à la Formule 1. Pourtant, pendant des décennies, la discipline a lutté pour s’y implanter. Comme l’expliquait le New York Times dans un article publié en juin 2022 : « de la fin des années 1970 jusqu’en 2017, la Formule 1 était contrôlée par Bernie Ecclestone, un homme d’affaires britannique plus qu’excentrique (…). Il gérait la discipline comme son fief, augmentant ses revenus mais s’intéressant peu aux plateformes émergentes qui pouvaient le promouvoir. Il refusait que les sponsors utilisent les images des courses dans leurs campagnes publicitaires ou que les pilotes les partagent sur les médias sociaux. Il n’avait pas d’équipe de marketing, personne pour débusquer des partenariats lucratifs. S’il ne trouvait pas immédiatement un moyen de monétiser la Formule 1, surtout pour séduire sa potentielle fan base américaine, il passait à autre chose ».
Un contexte bien différent de celui d’aujourd’hui. Alors qu’un accord sur les droits de diffusion de 75 à 90 millions de dollars a été conclu avec ESPN, l’audience par course aux États-Unis est passée de 547 722 téléspectateurs en 2018 à 1,4 million de téléspectateurs en 2022. Pour ceux qui doutent encore de l’ampleur du succès, le précédent accord sur les droits de diffusion était évalué à 5 millions de dollars. Une popularité grandissante fortement attribuée au succès de la série documentaire Drive to Survive, diffusée sur Netflix, à coup sûr, l’un des exercices de soft power le mieux réussi de ces dernières années.
Le contenu, rien que le contenu
Comme toute émission de télé-réalité, la série Netflix structure ses épisodes autour d’intrigues émotionnelles – quels pilotes se tirent la bourre, comment conjuguent-ils leur vie de famille et leur profession à haut risque, etc. –. Elle tire profit de l’énorme esprit de compétition des pilotes et des dirigeants d’équipe – la rivalité entre Toto Wolf et Christian Horner, les patrons de Mercedes et Red Bull Racing, ayant été l’un des points forts des précédentes saisons – ainsi que de l’accès inhabituel que la série a négocié avec le sport… et des quelques accidents ultra spectaculaires qui égrainent les saisons. Pour le journaliste du NY Times : « Cela peut ressembler davantage à un feuilleton qu’à une émission sportive, sauf qu’au moment où la narration commence à s’essouffler, des voitures dévalent soudainement une ligne droite à 200 km/h ». La recette du succès pour séduire les derniers américains réticents.
Rappelons juste que Red Bull Racing est l’écurie championne du monde en titre des constructeurs et des pilotes, – super – Max Verstappenayant remporté les deux derniers titres, tandis que le Mexicain Sergio Checo Perez, son binôme, a pris la troisième place lors du championnat du 2022. Tout va pour le mieux, donc.
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