Retail : l’année de la prise de conscience écologique
Spécialisé dans la transformation digitale de la grande distribution, Aristid Retail Technology vient de publier la sixième édition du tour du monde des « 40 innovations retail » publié fin 2022 aux éditions Kawa. Décryptage de quelques pépites les plus responsables repérées par l’auteur de l’ouvrage, Rodolphe Bonnasse, CEO d’Aristid Retail Technology.
The GOOD : Quelles sont les grandes tendances des points de vente en ce moment ?
Rodolphe Bonnasse : Le commerce est le reflet de la société. Si les retailers ont beaucoup couru derrière le « tout numérique », on sent que cette tendance ralentit. Désormais, la tech se met au service de l’expérience client. C’est dû aussi au fait que la vague du 100 % e-commerce a atteint son plafond de verre. Cette année est celle de la grande prise de conscience écologique, mais elle est aussi celle des grands paradoxes. D’un côté de nombreuses enseignes orientent leurs réseaux de magasins vers l’énergie positive et vont jusqu’à fixer le tarif de leurs produits en fonction de leur impact carbone. En parallèle, certains explorent les métavers et créent des collections commercialisées en monnaies virtuelles. Les magasins autonomes se multiplient, l’intelligence artificielle effectue des diagnostiques poussés, Amazon digitalise complètement le shopping mode… Mais il se crée aussi des lieux dédiés au patrimoine, à l’expression sensorielle des marques, d’autres dédiés aux rencontres et échanges entre « humains » passionnés. Enfin, j’ai tenu à illustrer cette année une tendance émergente et très significative, celle des initiatives autour du commerce inclusif. Aujourd’hui en France, 1 adulte sur 7 est en situation de handicap ou de limitation, les stigmatisations sociétales sont nombreuses et très diverses. Il est indispensable que nos commerces soient les premiers lieux d’ouverture d’esprit et d’expression de cette société multiple, leur influence sur ce point comme sur celui de la transition écologique est indiscutable.
The GOOD : Quel est l’innovation magasin à impact qui vous a le plus marqué ?
Rodolphe Bonnasse : C’est une boutique éphémère située à Stockholm baptisée Klimatbutiken a été imaginée par l’enseigne alimentaire suédoise FELIX. Durant deux jours, en octobre 2021, le magasin a présenté ses produits bio avec des étiquettes indiquant leur impact carbone, généré à toutes les étapes de leur production à leur transport en passant par l’emballage. En plus de cette information qui permettait d’orienter sa consommation vers les produits plus responsables, les prix de ces produits étaient indexés sur cette échelle, favorisant ainsi les produits à faible émission. Les résultats en rayons sont sans appel : les boulettes de viande ont bien été délaissées au profit des alternatives végétales rapidement en rupture de stock. Impossible de payer avec sa carte bancaire ici. Seule la monnaie « CO2e » créée pour l’occasion était valable. Attention, le montant était plafonné à 18,9 kilos de CO2 par personne, soit l’équivalence en consommation hebdomadaire maximale fixée par les Accords de Paris. Une limitation efficace pour prendre conscience de sa participation individuelle aux enjeux planétaires. Il s’agit plus d’une opération de sensibilisation que d’un réel test de concept marchand. Néanmoins, il démontre que l’incitation par le prix à un choix plus responsable fonctionne. Et il n’est pas exclu qu’un jour nous soyons obligés de consommer en fonction de l’émission de CO2 générée par nos produits…
The GOOD : Dans le troisième chapitre baptisé « Born this way », vous expliquez que les consommateurs attendent des marques un réel engagement social que ce soit en faveur de la diversité, de l’orientation sexuelle ou encore du handicap. Avez-vous un exemple d’innovation retail qui traduit cela ?
Rodolphe Bonnasse : Absolument, du côté du Japon. A Tokyo, le Dawn Café a été ouvert en août 2021 à l’occasion des Jeux Paralympiques. Objectif : combattre l’isolement des personnes handicapées. La particularité de ce café ? En entrant, pas de serveurs mais des robots blancs aux yeux verts baptisés « OriHime ». Ces derniers sont contrôlés à distance par 60 pilotes japonais et étrangers atteints de différents handicaps. Ils sont équipés d’une caméra et de plusieurs micros et haut-parleurs pour que leurs pilotes puissent voir, entendre et discuter en direct avec les clients. Chaque table et zone de comptoir est équipé d’un robot qui discutent avec les clients, passent les commandes mais aussi leur parle de leur handicap moteur ou mental. Certains pilotes habitent parfois à des kilomètres du café ! Un dispositif a par exemple été conçu pour permettre aux pilotes atteints de la maladie de Charcot-provoquant une paralysie des muscles- de contrôler leur robot uniquement grâce aux mouvements de leurs yeux. Ainsi, l’interface du robot permet à ces personnes d’oser travailler auprès d’inconnus, de discuter et entretenir des liens sociaux.
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