16 décembre 2022

Temps de lecture : 6 min

2022. L’audiovisuel français en marche arrière

Au sommaire du dossier NPA cette semaine ; Bilan d’audiences 2022 : TF1 et France Télévisions progressent sur leurs cibles prioritaires ; Publicité : la grande incertitude de 2023 ou encore 2023, l’année du grand mix de la distribution TV. Retrouvez comme chaque semaine l’essentiel de l’INsight NPA en accès gratuit et bénéficiez d’une offre d’abonnement à NPA attractive.
L’édito de Philippe Bailly, 

« La rue de l’Echelle est située à Paris, dans le 1er arrondissement, à deux pas du Palais Royal. Grâce à l’Autorité de la concurrence, dont le siège est situé au numéro 11, elle est en passe de s’imposer comme l’un des hot spots des dirigeants de l’audiovisuel français : après l’avoir arpenté pendant l’instruction du projet de fusion de TF1 et M6, les patrons de ces deux groupes, mais aussi ceux de France Télévisions, Canal+, NRJ, Altice et Orange, entre autres, pourraient bientôt y tenir à nouveau siège, pour débattre des vices et vertus de la cession d’OCS à Canal+ ; d’une part, de celle de Salto à un acquéreur encore inconnu, de l’autre.

C’est l’une des rares certitudes de cette fin d’année. Sauf retournement de dernière minute, un accord de reprise d’OCS par Canal+ devrait être confirmé dans les toutes prochaines semaines, sans doute même avant que pointe 2023. A défaut d’aboutir aussi rapidement, la volonté de désengagement de Salto de TF1, M6 et France Télévisions devrait se concrétiser au cours des prochains mois.

S’agissant des plus grands équilibres du paysage audiovisuel français, le contraste est saisissant entre ce qui était prévu fin 2021 et ce qu’il en est advenu douze mois plus tard. Peu auraient misé à l’époque sur un échec de la fusion entre TF1 et M6, et les débats portaient avant tout sur les « remèdes » qui seraient appliqués à l’opération ; TF1 et M6 ne vieilliront finalement pas ensemble et devront se dessiner, chacun pour son compte, un avenir dans le monde du streaming triomphant. Et si peu miseraient aujourd’hui sur le fait que l’Arcom ne renouvelle pas les autorisations de diffusion dont bénéficient Bouygues et Bertelsmann, le poids de l’expérience ajouté à l’agressivité dont font preuve les équipes de Xavier Niel les dissuaderaient sans doute de le faire avec trop de force.

Professionnels et observateurs tiennent en tout cas de quoi nourrir cocktails et déjeuners en ville des premiers mois de l’année avec, pour cette histoire-là, au moins, la certitude d’un terme – le 5 mai au plus tard, date de fin de validité des autorisations en cours. Comme dans le conte, mais pour cinq ans, au lieu de cent, le paysage se trouvera alors figé, par la grâce d’une disposition législative datant de 2016. Il est moins que probable que le paysage audiovisuel mondial cesse dans l’intervalle de vibrionner, que des alliances se nouent, que de nouveaux services apparaissent. Mais rien n’y fera, aussi longtemps que sénateurs et députés ne se seront pas accordés pour modifier la loi.

Le scénario du service public tient plutôt, lui, d’Amours, Gloire et Beauté, avec ses 33 ans au compteur.
Mêmes débats, mêmes rapports, mêmes commissions chargées de plancher sur les missions, l’organisation et le financement… avec, ces temps-ci, une tendance regrettable à faire un, voire deux, pas en arrière : Sur le financement ? La promesse de suppression de la redevance du président candidat Macron a été tenue, un fléchage provisoire depuis le produit de la TVA a été bricolé pour deux ans, et rien n’est aujourd’hui prévu au-delà de 2024. France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, ARTE et l’INA pourraient finir par revendiquer un titre de champions olympiques du saut de haut vol vers l’inconnue financière. Sur l’organisation ? A lire la ministre de la Culture expliquer fin novembre, dans l’Opinion que son cœur balançait entre fusion au sein d’une même entreprise, création d’une holding sous laquelle abriter les entreprises de l’audiovisuel public ou mise en œuvre plus systématique de synergies, on pouvait se demander si ses services avaient pensé à lui transmettre les études réalisées – notamment – pour le compte de son prédécesseur Franck Riester, lors de la préparation de son projet de loi de… 2019. Cette irrésolution ne semble pas réservée aux déclarations publiques. On sait que la ministre a convié les patrons de l’audiovisuel le 6 décembre, pour un diner de travail destiné à les entretenir de ses projets. « On a compris qu’elle allait plutôt dans le sens des synergies », raconté, hésitant, l’un des participants.

Depuis que le digital a commencé sa montée en puissance, on a souvent commenté le mouvement d’accélération qu’il a provoqué. Dans un tel contexte, on s’est effrayé de la lenteur de l’audiovisuel français à opérer sa transformation. On a même parfois condamné une tendance à l’immobilisme. Côté privé comme côté public, 2022 sera allée au-delà. Elle aura été celle de la marche arrière et/ou du retour à la case départ. »

 

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La vidéo à l’heure de la redistribution du temps disponible

TV, replay, SVoD, TVoD, BVoD, AVoD, FVoD, HVoD, FAST, VoL, Social Video… A chaque année sa nouvelle offre, depuis que le lancement du Triple Play – il y aura 20 ans en décembre 2023 – a démultiplié les modes d’accès à des programmes audiovisuels. Regarder l’ensemble de l’offre disponible est devenu depuis longtemps physiquement impossible. Mais il semble, au-delà, que le temps passé à visionner des programmes approche de son plafond. Et les marges de disponibilité apparaissent limitées du côté des autres occupations qui scandent la journée (travail, transport, sommeil). C’est davantage dans une logique de « conquête de part d’attention » en puisant dans les moments consacrés précédemment à d’autres formes de diffusion que par l’allongement du « budget temps vidéo » que les nouveaux services devront se faire leur place dans le quotidien des Français.. (consulter)

 

Publicité : la grande incertitude de 2023

Davantage que les chiffres eux-mêmes auxquels ils sont parvenus en fin d’année, ce sont les révisions successives qu’agences de communication et centres spécialisés ont apporté à leurs prévisions d’investissements publicitaires pour 2023, qui retiennent l’attention. Jusqu’à quatre fois en l’espace de dix mois pour Magna (groupe IPG Interbrands), par exemple. (consulter)

 

En 2023, c’est d’Allemagne que pourraient venir les opérations les plus structurantes

Vu de France, l’échec de la fusion TF1 et M6 en France, puis de la mise en vente ratée du Groupe M6, représentent sans aucun doute l’événement majeur, après les seize mois consacrés à la préparation de l’opération. Du point de vue allemand, elle s’inscrit dans une succession de déconvenues qui ont mis à mal la volonté de Thomas Rabe, PDG du géant des médias allemands Bertelsmann, de renforcer les positions de son groupe dans son marché national et/ou sur ses marchés clés, telle que l’édition, en cédant en contrepartie des activités dans les territoires où il n’était pas en position de leader, et plus largement d’œuvrer à la consolidation entre les groupes européens, afin de faire émerger sur chaque marché un champion national de l’audiovisuel capable de rivaliser avec les grandes plateformes internationales. L’année 2023 permettra de mesurer s’il conservera la confiance de ses actionnaires. Au-delà, la volonté de Media for Europe de prendre le contrôle de ProSiebenSat.1 pourrait constituer le feuilleton principal de l’année 2023. La cession de Sky Deutschland par Comcast pourrait, elle, aboutir rapidement. (consulter)

 

Bilan d’audiences 2022 : TF1 et France Télévisions progressent sur leurs cibles prioritaires

Malgré une baisse du temps d’attention consacré aux chaînes de télévision historiques, les groupes TF1 et France Télévisions ont vu leurs parts d’audience progresser en 2022 sur leurs cibles prioritaires au détriment, notamment, de M6. D’après les données de Médiamétrie, l’année a vu également les chaînes TNT marquer des points sur les chaînes historiques. Les « autres chaînes » sont également en progrès grâce, notamment, aux bonnes performances des chaînes d’information en continu (qui ne sont pas individualisées ici).. (consulter)

 

2023, l’année du grand mix de la distribution TV

A l’heure du streaming omniprésent et de la plateformisation de l’audiovisuel, la concurrence entre les différents modes de réception TV devient plus que jamais une donnée structurante pour l’ensemble des acteurs, éditeurs, distributeurs, constructeurs et contrôleurs d’accès pour reprendre le terme entériné par la Commission européenne dans les règlements DMA et DSA publiés cette année. En 2023, si les perspectives de reconquête restent faibles pour la TNT et si la 5G semble encore trop jeune pour troubler le jeu, c’est l’opposition entre les écosystèmes IPTV et CTV (Connected TV) qui devrait animer le secteur. (consulter)

 

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