Les Millénials sont-ils condamnés à travailler indéfiniment ?
Les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent concernant les futurs retraites des Françaises et des Français nés entre 1981 et 1996. Alors, on ne se fera pas plus racoleur que la situation ne l’exige : oui, les millénials auront droit à leur retraite. Mais sera-t-elle d’aussi « bonne » qualité que celle de leurs ainés ? Rien n’est moins sûr…
Quand les journalistes, à coup de micro-trottoirs intrusifs, leur posent la question, les millénials ont toujours de grandes aspirations en ce qui concerne leur retraite. Non seulement ils espèrent pouvoir y accéder plus tôt que les générations précédentes mais ils aimeraient également la vivre bien plus librement, quitte à renoncer à la propriété privée pour mieux voyager à travers le monde. De doux rêves… qui ont le malheur, depuis quelques années, de se heurter à une réalité beaucoup plus amère. Selon une enquête publiée par le Crédit Suisse en 2017, là où les millénials ne possèdent actuellement que 5% de la richesse mondiale, les baby-boomers au même âge en détenaient 21%. Et si environ 45 % des baby-boomers et des membres de la génération X participaient à un plan de retraite dès l’âge de 31 ans, ce n’est le cas que pour 33 % de la génération « maudite » – on force le trait, c’est notre côté mélodramatique –.
Circonstance aggravante : près de la moitié des ménages composés de millénials doivent encore rembourser un prêt contracté pendant leurs études, avec un solde moyen qui représente généralement plus d’un tiers de leurs revenus. Si l’on devait résumer la situation, on avancerait que les millénials sont tout simplement en retard sur leurs ainés en matière d’épargne-retraite. Il y a quatre ans, des chercheurs de la Harvard Kennedy Schoolet de la Johns Hopkins University publiaient un rapport dans lequel ils expliquaient que les carrières de celles et ceux nés entre 1981 et 1996 avaient « connu un départ difficile en raison de la crise financière et de la grande récession de 2007-2009, puis de la reprise lente, mais régulière, qui s’en est suivie au cours des années suivantes ».
Le prix salé du far niente
Selon les estimés – mais déprimants – chercheurs, les millénials occupent ainsi, et dans une plus large mesure que les générations précédentes, « des emplois de main-d’œuvre occasionnelle dont les prestations de retraite sont plus faibles que celles des emplois traditionnels. Ils devront gérer et piloter leurs propres plans de retraite dans une plus large mesure que les générations précédentes, tout en ayant une espérance de vie plus longue. Ils devront faire face à un avenir économique dont les projections prévoient des taux de rendement et de croissance économique plus faibles que par le passé ». Si la crise de l’épargne des millénnials est dramatique, ils peuvent au moins se rassurer – un tout petit peu – de l’état dans lequel se trouve la Sécurité Sociale.
Selon l’avant-projet de loi de financement de la sécurité sociale, publié fin septembre par l’Agence de presse médicale, le déficit de la Sécurité sociale va nettement se réduire en 2023, à 6,8 milliards d’euros contre 17,8 milliards attendus cette année. Malgré le ralentissement de la croissance, ces chiffres confirment le fort redressement des comptes depuis le record abyssal de 2020 de près de 39 milliards. Malgré cette relative bonne nouvelle, le gouvernement dévoilera le 10 janvier les détails de sa réforme des retraites dont les principaux points sont déjà connus : l’âge de départ légal sera repoussé de 62 à 64 ou 65 ans et la génération 1961 sera la première concernée. On vous laisse imaginer ce que l’avenir prévoit pour les millénials. Pour certain.e.s, cela est tout à fait logique si l’on considère que l’espérance de vie à 30 ans des Millénnials est supérieure d’un an à celle des Gen-X et d’environ 2,5 ans à celle des Boomers. Pour d’autres…
L’heure des comptes
Les Millennials commenceront probablement à prendre leur retraite vers 2050. Malgré leurs aspirations, ils peuvent déjà prévoir de bénéficier de prestations inférieures que celles de leurs ainés. Ils peuvent également s’attendre à travailler plus longtemps que leurs ainés et, éventuellement, à occuper un emploi à temps partiel pour compléter leur revenu de retraite. « Beaucoup de choses dépendront de leurs futures habitudes d’épargne, des rendements des marchés financiers et de la durée de leur travail », concluent les chercheurs dans leur rapport. En leur faveur, les Millennials ont moins d’enfants, ce qui réduit bon nombre de charges. Ils sont également moins intéressés par la préservation de leur patrimoine à la retraite que les baby-boomers, ce qui réduit effectivement leurs besoins d’épargne. Les Millennials devraient bien pouvoir profiter d’une retraite. Mais sera-t-elle d’aussi « bonne » qualité que celle de leurs ainés ? Rien n’est moins sûr…
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