25 octobre 2022

Temps de lecture : 3 min

Edouard Braud (Meta) : « Les nouvelles technologies peuvent modifier le processus créatif des artistes »

Meta va organiser le 26 octobre à Paris, en collaboration avec la Galerie Perrotin, une conférence intitulée « Create for the future » afin d’aider les créateurs et les curateurs à mieux « se connecter » avec les prochaines générations. La maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp cherche depuis plusieurs années à accompagner les institutions culturelles et à leur enseigner les « codes » qui parlent aux audiences plus jeunes et sans cesse connectées. Edouard Braud, le directeur des partenariats créateurs Meta pour la région Europe continentale, nous explique sa stratégie en la matière...

INfluencia : quelle est la stratégie de Meta envers les acteurs du monde culturel ?

Edouard Braud : nous cherchons à accompagner les acteurs du monde de l’art et de la culture en les aidant à mieux utiliser nos outils. Nous essayons de mettre en avant notamment leurs expositions auprès des jeunes générations en jouant la carte ludique. En 2019 à l’occasion de l’installation de JR au Louvre, nous avons convié des créateurs digitaux pour qu’ils participent à cette opération et diffusent des contenus sur leurs réseaux sociaux.

IN : la pandémie a « virtualisé » du jour au lendemain notre accès à la culture. Comment vous êtes-vous adapté à ce changement aussi imprévu que radical ?

E.B. : durant les confinements, nous avons beaucoup aidé les artistes et les institutions culturelles. Notre initiative « Ensemble à la maison » a permis la diffusion en direct sur Facebook de concerts, d’émissions et de visites de monuments. J’ai notamment beaucoup apprécié l’initiative du Château de Versailles qui faisaient régulièrement des Lives avec ses jardiniers. Ce type d’opération permet de désacraliser les musées. Pendant la pandémie, nous avons aussi accompagné des médias afin qu’ils jouent le rôle d’intermédiaires entre le monde culturel et le grand public. Arte a, par exemple, organisé des Lives de visite d’exposition.

IN : comment aidez-vous concrètement les acteurs culturels à mieux comprendre les outils digitaux ?

E.B. : j’ai à Paris une équipe d’un peu moins de 10 collaborateurs qui a pour objectif d’aider les créateurs. Lorsqu’un acteur culturel nous en fait la demande, nous lui donnons des conseils pour qu’il adopte la bonne stratégie et utilise le bon ton sur Facebook et Instagram. Nous organisons aussi des événements comme celui de cette semaine avec la Galerie Perrotin dans lesquels nous réunissons des personnes intéressées par la culture comme des dirigeants de musées, des curateurs, des propriétaires de galerie, des artistes et des experts. Quand une de nos expériences se transforme en jolie success-story, nous la partageons sur nos plateformes et dans la presse afin qu’elle puisse inspirer d’autres acteurs culturels.

IN : Comment peut-on séduire les plus jeunes aujourd’hui ?

E.B. : pour parler aux plus jeunes, les vidéos ludiques sont très efficaces. Les anecdotes et les comparatifs aux problématiques qui les intéressent permettent aussi de rendre plus accessible un artiste ainsi que ses œuvres. Certains médias comme Kombini y arrivent très bien. Je trouve aussi génial le site Culture Prime. Ce média social culturel, qui regroupe les six entreprises de l’audiovisuel public francais (Radio France, France Télévisions, INA, Arte, France Médias Monde et TV5 Monde), diffuse d’excellentes vidéos qui parlent aux jeunes comme celle sur la première influenceuse de France : Sarah Bernhardt. Il réunit déjà 730.000 abonnés et sa production sur Gustave Corbet a été vue 32 millions de fois. De plus en plus d’artistes et d’institutions utilisent également les nouvelles technologies pour désacraliser l’art. La réalité augmentée et les filtres géolocalisés permettent d’avoir des visuels et des informations complémentaires quand on se trouve devant une œuvre ou un monument. Le Smithsonian, le Grand Palais et le Château de Versailles ont intégré leurs collections dans les filtres de RA sur Instagram. Ces outils enrichissent l’expérience des curieux durant leurs visites physiques. La réalité virtuelle permet, elle, de visiter à distance un musée ou une exposition.

IN : ces nouvelles technologies sont-elles des gadgets ludiques ou les prémisses d’une réelle révolution dans le monde de l’art ?

E.B. : Les nouvelles technologies peuvent modifier le processus créatif des artistes et contribuer à l’émergence de nouvelles formes d’expression artistique. Le Projet « THE MAW OF» avec l’artiste VR d’avant-garde Rachel Rossin sur Quest 2 au KW Institute of Contemporary Art de Berlin en est un exemple parfait. Les NFT vont également bientôt favoriser l’entrée des oeuvres numériques au marché de l’art

IN : quel va être l’importance des NFT sur le marché de l’art dans le futur ?

E.B. : les NFT sont un marché comme les autres. Il va falloir un certain temps avant que les choses se stabilisent mais ces jetons non fongibles ont deux avantages principaux. Ils permettent tout d’abord aux artistes établis de toucher un nouveau public. Ils agissent comme des portes d’entrée sur le marché de l’art. Les NFT permettent également à de nouveaux artistes d’émerger car ils font tomber les barrières qui encadraient ce marché longtemps fermé. Mais rien n’est encore écrit concernant l’avenir des NFT…

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