Le temps est venu pour les entreprises non plus de limiter leurs externalités négatives, mais de démontrer leur contribution nette positive à la société. Autrement dit, il leur faut refonder leur modèle, en assumant de faire le choix de promouvoir ou d’abandonner certaines activités en fonction de leur impact sur le monde. Ainsi, une entreprise de tabac pourra mener toutes les actions du monde pour limiter son empreinte carbone, avoir une politique d’achat responsable, une équipe dirigeante composée à 50% d’hommes et de femmes, sa contribution nette à la société sera toujours négative.
le défi auquel nous faisons face est désormais de construire une économie régénératrice
Après avoir essayé de « faire toujours plus en faisant moins mal », le défi auquel nous faisons face est désormais de construire une économie régénératrice, c’est-à-dire basée sur des entreprises qui produisent plus de biens qu’elle n’en consomme. En d’autres termes, le temps est venu d’inventer une entreprise qui contribue positivement aux progrès, toujours créatrice de richesse pour les actionnaires mais aussi créatrice de valeur pour l’ensemble des parties prenantes, des fournisseurs aux consommateurs.
Comment faire, direz-vous ?
D’abord renonçons à cette idée fausse qui veut qu’il y ait un compromis à faire entre performance et impact. En réalité, c’est tout l’inverse. Tout indique qu’à l’avenir seules les organisations ayant un impact positif prospèreront, car elles seront choisies par les salariés, les consommateurs, les investisseurs et les partenaires. La nouvelle génération se mobilise, les consommateurs recherchent des marques militantes, les collaborateurs sont en quête de sens et d’alignement. Ce mouvement ira croissant. Unilever a démontré le business case : des marques activistes qui croissent six fois plus vite que les autres, une économie de 1.2 milliards d’euros grâce à une politique d’achats responsable, et une entreprise devenue employeur préféré dans son secteur dans les 52 sur 54 pays dans lesquels elle opère.
L’entreprise à impact est celle qui met la question de l’impact au cœur de son modèle de performance.
Ensuite intégrons les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance au cœur de la stratégie de l’entreprise au lieu de confier cette question au département RSE. L’entreprise à impact est celle qui met la question de l’impact au cœur de son modèle de performance. Cela ne peut être périphérique mais central.
Enfin, s’engager pour de vrai, cela peut être aussi donner des gages de sa transformation, ce qui peut passer par l’adoption du statut d’Entreprise à Mission ou la certification B-Corp. Introduit en 2019 en France par la Loi Pacte, le statut d’Entreprise à Mission a déjà été adopté par 750 entreprises en France et ce n’est qu’un début. Ce sont autant d’entreprises qui réalignent leurs activités à une raison d’être, comme l’a fait Emery Jacquillat, patron de la CAMIF, en renonçant à vendre des produits fabriqués hors Europe. Près de 200 entreprises françaises sont par ailleurs déjà certifiées B-Corp. C’est par exemple le cas de Chloé, première maison de luxe au monde à obtenir le label B-Corp fin 2021, grâce à l’audace du PDG, Riccardo Bellini. Ce mouvement B Corp inspire plus de 200 000 entreprises qui utilisent le B Impact Assessment pour évaluer, piloter et faire progresser leur impact positif sur le monde.
Les choses bougent. Il faut maintenant accélérer !
Nous avons une décennie pour être audacieux et réinventer nos modèles économiques et nos pratiques. Cette transition ne sera pas facile et une chose est sûre : il n’y aura pas de transformation sans le courage des leaders.
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