Audrey Lecoq aurait-elle résolu la quadrature du cercle ? En 2015, cette ancienne cadre de… Fleury Michon a lancé Pharmazon. Cette centrale accompagne les pharmaciens dans leurs achats de médicaments non remboursables, de produits d’hygiène et beauté, de compléments alimentaires et de dispositifs médicaux en mettant à leur disposition un stock de 15.000 références dont les prix ont été négociés par ses acheteurs. « J’ai créé cette société pour répondre aux problématiques des petites et des moyennes pharmacies qui n’ont pas la passion ni les équipes pour gérer leurs achats au quotidien, nous explique Audrey Lecoq. Nous préparons aujourd’hui dans notre entrepôt situé à Orléans plus de 600 commandes par jour et nous livrons régulièrement plus de 2000 pharmacies dans toute la France. L’essor des ventes en ligne nous a toutefois poussé à aller plus loin en lançant il y a un an tout juste Pharmazon.fr. » Ce site vise, ni plus ni moins, à faire de l’e-commerce sans porter préjudice aux commerces de proximité. Un joli défi…
Le particulier peut ainsi commander sur cette plateforme 10.000 produits de beauté et de parapharmacie en choisissant la pharmacie à laquelle il veut reverser 100% du montant de sa commande et ce quel que soit le mode de livraison choisit. L’envoi des articles est gratuit en pharmacie ou offert dès 45 euros d’achats à domicile ou en point relais. « Nous avons une véritable vision de solidarité avec ce projet qui cherche à aider le commerce de proximité, revendique Audrey Lecoq. Depuis l’arrivée du Covid, les gens ont compris à quel point les 22.000 pharmacies du pays avaient un rôle important à jouer dans notre société. Le gouvernement a mis en place des mesures pour enrayer le lent déclin du nombre d’officines en France. Mais l’e-commerce dans ce secteur est en plein boom. Les ventes en ligne représentent aujourd’hui 8% du marché de la parapharmacie. Ce chiffre peut paraître modeste mais il a doublé en un an et il devrait atteindre 20% dans cinq ans, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). » Certains acteurs du net basés hors de l’hexagone profitent d’avantages compétitifs disproportionnés pour ne pas dire injustes. « La loi française m’empêche de vendre sur mon site des médicaments mais les plateformes étrangères peuvent le faire en toute légalité », regrette la fondatrice de Pharmazon. Se faire un nom sur la Toile nécessite, par ailleurs, de lourds investissements de marketing.
De la pub à gogo
Pour faire connaître sa marque, la start-up française va investir cette année 500.000 euros en publicité. « Cette année, nous avons testé, avec l’agence SCP qui nous accompagne, beaucoup de supports différents en diffusant notre campagne en affichage, sur la télé, la radio, dans la presse et sur le net. Les résultats que nous avons obtenus nous ont convaincu de nous concentrer l’année prochaine sur la Toile avec des référencements payants sur Google et les réseaux sociaux. Nous allons aussi diffuser à nouveau des spots à la télévision car ce média a un réel impact sur notre notoriété et le trafic sur notre site. En tout, nous allons investir 1 million d’euros en pub l’an prochain. C’est une très grosse dépense pour une entreprise comme la nôtre. »
L’autre grand défi que doit relever cette centrale d’achat est de convaincre les pharmaciens de se lancer dans l’e-commerce qui est encore souvent considéré par beaucoup d’apothicaires comme « l’ennemi à abattre ». Mais là aussi, les mentalités commencent à évoluer dans le bon sens. « Nos clients sont de moins en moins réticents à travailler avec nous sur le net, se félicite Audrey Lecoq. La pénurie de médecins en France pousse les pouvoirs publics à autoriser les pharmaciens à faire de plus en plus d’actes médicaux. Cela revalorise leur profession et leur diplôme et augmente leurs rémunérations. Mais de plus en plus de pharmaciens savent qu’ils vont devoir réduire drastiquement dans leurs boutiques l’espace consacré à la parapharmacie afin d’installer des lieux de confidentialité dans lesquels ils pourront parler avec leurs clients sans être écoutés par d’autres. En travaillant avec nous, ils vont pouvoir s’adapter à cette nouvelle donne sans perdre les revenus qu’ils tirent de la vente de produits de parapharmacie. » Ce modèle commence à porter ses fruits. Pharmazon.fr.prépare déjà plus de 150 commandes par jour et ce chiffre pourrait doubler assez rapidement. La start-up a aussi reçu en 2022 le prix du meilleur site e-commerce de l’année de la Fevad et le trophée en or du Sommet des entreprises de croissance dans la catégorie e-commerce. La quadrature du cercle a sa solution…
