Dans une interview accordée aux Echos, Pedro Pina, le directeur de YouTube pour l’Europe, revient sur le rôle de la plateforme dans le paysage audiovisuel français. Il déclare notamment vouloir travailler avec les chaînes traditionnelles : « Il est temps que nous collaborions tous ensemble. Nous pouvons leur apporter une audience complémentaire qu’elles n’ont plus […] Deuxièmement, nous leur apporterons des revenus supplémentaires en leur redistribuant plus de 50 % des revenus générés sur leur contenu. Et pas seulement par notre publicité. Nous avons développé une fonctionnalité pour qu’ils puissent pousser leur propre inventaire, qu’elles facturent à un prix, si elles le souhaitent, plus élevé en fonction de leurs pratiques commerciales.. »
Revenant sur les capacités de production de la plateforme, notamment en comparaison avec les acteurs traditionnels, il considère que « ce n’est pas parce qu’un programme a coûté moins cher qu’il n’a pas de valeur. Les vidéos d’HugoDécrypte ont des coûts de production moindres qu’un programme TV classique mais leur audience se compte en plusieurs milliers, voire millions de personnes ». Il ne souhaite pas opposer les productions de YouTube à celles des diffuseurs, notamment car certains produisent déjà du contenu exclusif pour la plateforme — c’est le cas de TF1, par exemple, via Studio TF1 (ex-Newen), qui produit « Safe Zone » pour YouTube.
L’IA permettrait également de réduire les coûts de production audiovisuelle : « on voit déjà que les coûts dans les grands studios s’effondrent. Alors il est possible qu’à l’avenir, vous aurez besoin de beaucoup moins d’argent pour produire des émissions ». Pedro Pina en profite notamment pour annoncer le déploiement prochain d’une nouvelle fonctionnalité fondée sur l’IA générative, qui permettra de traduire automatiquement les vidéos — avec synchronisation labiale — dans 18 langues (actuellement encore en version bêta).
Enfin, le directeur Europe de YouTube souligne le succès des contenus français à l’international. Selon une étude réalisée par la plateforme en décembre dernier, « plus de 60 % du temps de visionnage des contenus français se fait hors de France ». Tibo InShape, par exemple, s’exporte très bien grâce à sa stratégie éditoriale de shorts YouTube (format court vertical) « humoristiques et sans parole », qui « touche désormais une audience universelle ».