L’étude annuelle de Malt confirme le succès du freelancing en France. Le nombre d’indépendants est appelé à augmenter. Normal, ils sont si heureux…
On les dit forcés et contraints. On montre du doigt leurs soi-disant revenus de misère et leur dangereuse précarité. On s’inquiète pour leur avenir, leurs points retraites et leur couverture sociale. Les freelances seraient les nouvelles victimes du monde moderne. Ils seraient surexploités, mal payés et contraints de trimer au moindre appel de leurs clients. Ils rêveraient d’un poste fixe et considéreraient le CDI comme le Graal ultime. Si ces images d’Epinal continuent d’avoir la vie dure, la réalité est bien différente pour ne pas dire opposée.
930.000 freelances en France
Depuis trois ans, Malt publie une étude sur le Freelancing en France . Pour son édition 2019, la plateforme de mise en relation qui connecte 130.000 travailleurs indépendants à 15.000 entreprises clientes dont 75% du CAC 40, a reçu les réponses de 1756 participants spécialisés principalement dans le numérique comme des développeurs (24,7%), des graphistes ou designers (21,5%), des rédacteurs ou traducteurs (13,1%) et des chefs de projet ou coaches (5,8%). Le principal enseignement de cette étude est que les freelances sont… heureux.
Il n’y a pas que l’argent dans la vie
« 90% des personnes interrogées se disent freelances par choix, souligne Vincent Huguet, le CEO de Malt. Ce chiffre atteint même 96% pour les spécialistes de la tech ». L’immense majorité de ces travailleurs (89%) ont déjà été salariés d’au moins une entreprise dans le passé. Sur-diplômés (47% disposent au moins d’un bac + 5), souvent citadins (44% sont basés en Ile-de-France), ils ont décidé de voler de leurs propres ailes en s’installant généralement sous le régime d’auto-entrepreneur (68% d’entre eux ont fait ce choix). Leurs motivations pour sauter le pas sont souvent similaires. La plupart d’entre eux souhaitaient répondre à un besoin d’indépendance (88%) et organiser librement leur emploi du temps (81%). Choisir ses projets et ses clients (57%), tester l’entrepreneuriat (35%) et décider de son lieu de travail (37%) semblent aussi bien plus important que l’appât du gain (33%).
50 000 nouveaux cas de travailleurs «libres» par an
Mais une autre idée fausse est que ces freelances seraient automatiquement victimes d’une baisse de revenus en choisissant ce statut synonyme de liberté. « La moitié des indépendants gagnent plus d’argent que lorsqu’ils étaient salariés mais ce facteur n’est pas la raison principale qui les a poussé a changer de statut », constate Vincent Huguet. La France compte aujourd’hui près de 930.000 travailleurs « libres ». Ce nombre a explosé de 145% en une décennie avec près de 50.000 nouveaux cas par an. L’Europe abrite, elle, 9,43 millions de freelances (+31% en dix ans). La plupart de ces personnes travaillent dans l’IT (40%), dans les métiers de l’image comme le graphisme ou la direction artistique (30%) et dans la communication ainsi que le marketing (30%). Toutefois, la plateforme reçoit chaque fois plus de profils spécialisés dans les ressources humaines ou la finance.
Ce n’est qu’un début…
Le nombre de ces indépendants est encore appelé à augmenter dans les années à venir. « Beaucoup de freelances viennent de métiers dans lesquels ils ont effectué de nombreuses missions, note Vincent Huguet. Ils ont donc été habitués à aller d’un client à l’autre. Avec les années, ils ont commencé à voir de plus en plus d’indépendants travailler à leurs côtés. Cela leur a donné des idées. Des plateformes comme la nôtre leur facilitent également la vie car nous les aidons à trouver des clients et nous nous chargeons de la facturation et du paiement de leur travail. Nous avançons également les versements des clients afin qu’ils ne manquent pas de liquidités ». Pas étonnant dans ces conditions que tant de freelances soient si heureux de leur sort…