Quelle sera la génération la plus choyée dans les années à venir? L’Europe et les USA continueront-elles à imposer les règles du jeu? A quel degrés l’humain sera t-il connecté? D’ailleurs sera t-il connecté en tant qu’humain, ou en tant que robot? Et notre environnement, nous laissera t-il le temps de changer et de grandir intelligemment?
Autant de questions qui trouveront peut-être des réponses lors de l’évènement Future Now organisé par FutureBrand le 4 octobre. Une conférence accueillant le futurologue Richard Watson, qui présentera à Paris les 5 grandes tendances qui vont influencer les 50 prochaines années. Des tendances déjà développées dans son ouvrages What’s Next (2009) et qui aujourd’hui se retrouvent renforcées par l’évolution de notre société…
Chaque tendance est accompagnée du point de vue de Gauthier Boche, directeur de la stratégie et du développement de l’agence.
Le péril vieux
Dès la prochaine décennie, toutes les 8 secondes dans le monde une personne fêtera son cinquantième anniversaire… Au Japon le pourcentage des + de 75 ans aura augmenté de 36% vers 2015. Le vieillissement de la population va devenir une tendance qui aura une énorme influence sur le changement et le comportement des sociétés à venir.
Le futur 3è âge vivra plus longtemps et en meilleure santé. Cette explosion démographique aura un impact évident sur l’industrie de la santé dans son ensemble (mutuelles privées, dépenses pharmaceutiques, tourisme médical, etc.).
Gauthier Boche approuve: «les consommateurs seront plus vieux mais aussi plus jeunes. La “coolness” deviendra un style de vie lié directement à la vieillesse qui vivra mieux et plus longtemps. Les marques seront forcées de s’adapter à ce nouveau type de consommateur, tout comme les réseaux de grande distribution qui auront une capillarité plus forte. C’est comme si Carrefour devenait un énorme réseau de livraison pour personnes âgées, délaissant ainsi ses lieux de ventes… L’avenir sera donc tourné sur les jeunes et les vieux jeunes…»
La ruée vers l’Est
Le centre économique, politique et le pouvoir militaire migrent petit à petit de l’Ouest à l’Est. L’Europe et les Etats-Unis sont clairement en train de perdre leur leadership au profit de l’Asie et plus particulièrement de la Chine et de l’Inde. Ces deux grandes nations asiatiques ne seront bientôt plus vues comme des marchés émergents dépendants de l’occident.
Elles deviendront des centres économiques et d’innovations incontournables. L’une des principales conséquences sera une demande grandissante en ressources naturelles, largement supérieure à l’offre dans certains domaines.
G.B renchérit : «le centre du monde se déplace depuis toujours d’Est en Ouest. Il y a eu Babylone, Athènes, Rome, l’Europe, les USA et maintenant l’Asie via la Chine. Puis l’Inde devrait prendre la suite pour peut-être un jour voir l’Afrique émerger comme la puissance dominante.
Des marques globales asiatiques de la même trempe que Coca, Nike et autres, vont apparaître. Mais ces grandes marques ne verront le jour que si elles arrivent à amener de l’innovation. La Chine va devenir aspirationnelle et créer de nouvelles cultures qui voyageront hors de leurs frontières ».
L’hyper connexion
La connectivité sera omniprésente! La globalisation, la dérégulation, la technologie et les nouveaux modes de vie changeront les codes sociétaux auxquels nous sommes aujourd’hui habitués. Nous sommes plus d’un milliard à être connectés et le chiffre aura plus que doublé dans la décennie à venir. Conséquence: une anxiété ambiante due à un trop plein d’informations, qui devrait provoquer une forme de panique et d’insécurité ambiante…
La mauvaise nouvelle: sur le plan de la technologie, la vie privée est morte ou en train de mourir.
La bonne nouvelle: cette ultra-connectivité générera une forme de transparence et de responsabilité, pour aboutir à une atmosphère ambiante plus honnête. La masse deviendra plus censée et responsable dans ses prises de décisions. Un comportement qui sera directement lié à une connectivité intelligente tournée vers la foule. Le “moi” disparaitra au profit du “nous”…
G.B provoque: «c’est la mort du digital. Il n’y a plus de dichotomie entre le off et le on line. La connectivité sera permanente et pourrait poser problème car trop de connectivité amène à des comportements hystériques. Gare au “nervous breakdown” et à l’irrationnel qui pourraient enlever toutes formes de responsabilités comportementales…
Les marques devront faire attention à ne pas être en permanence connectées avec leur cibles. En revanche la dématérialisation du shopping sera un changement radical pour le point de vente qui se transformera en lieu d’expérience et de vie ».
Les Technologies GRIN
Génétique, Robotique, Internet et Nanotechnologie forment l’anagramme de GRIN. Les machines seront omniprésentes dans le futur. Il est évident que l’ordinateur deviendra plus intelligent que son créateur, ce qui mettra l’humanité devant un énorme dilemme existentiel. Comment arrêter des machines plus intelligentes que l’homme?
Un autre phénomène devra être abordé avec habileté par la race humaine: la convergence entre la robotique assistée par l’informatique et la nanotechnologie.
G.B fait part de ses craintes: «nous sommes en pleine science fiction, et sur ce point l’avenir est plutôt inquiétant. Nous pourrions assister, si l’éthique ne mesure pas le danger, à une véritable dénaturalisation du corps humain. La fusion entre les terminaux et les individus devrait faire de notre corps un relais de sa technologie… »
Le développement forcément durable
Lorsqu’on aborde le volet environnement, il est très difficile de ne pas évoquer le problème crucial du changement climatique. Un problème qui devrait nettement influencer les autres tendances des 50 prochaines années. On ne peut éviter dans toutes projections de sérieux problèmes comme l’effondrement du système économique ou des épidémies mondiales liées au dérèglement.
A cela se rajoutent des surconsommations de nos ressources naturelles (pétrole, charbon, gaz, eau et uranium) accompagnés d’une surpopulation inévitable. Les notions de «durable» dans un sens plus large, de réutilisation, de réduction et de recyclage seront prioritaires dans le futur.
G.B conclut: «c’est la tendance qui pose problème… Notre civilisation va devoir s’adapter au réchauffement climatique pour éviter tous conflits et crises mondiales. Soit la technologie nous sort de ce mauvais pas, soit il va falloir revoir intégralement le mode de fonctionnement mondial, ce qui risque d’être très douloureux… Une génération entière risque de payer le prix fort de ce changement brutal…».
Bien entendu, aucune extrapolation ne vient compléter ces tendances qui se veulent simplement une anticipation de ce que notre civilisation est en train d’engendrer. Selon Gauthier Boche, Richard Watson n’est pas dans l’approximation. Ce qu’il prédit, annonce, imagine ou affirme selon l’interprétation de chacun, ne semble pas si illuminé que ça…
Certains points sont positifs, d’autres doivent être changés au plus vite, s’ils s’avèrent justes dans les prochaines années. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas…
Gaël Clouzard