13 février 2024

Temps de lecture : 4 min

Nicolas Maurer : « Team Vitality a écrit une belle page de l’esport cette année »

Cofondateur de Team Vitality, sacré meilleur club esport du monde, Nicolas Maurer n’a rien perdu de l’enthousiasme de ses débuts, il y a 10 ans. À la tête d’une organisation fédérant une centaine de personnes et brassant quelques millions d’euros, il garde la tête bien sur les épaules et poursuit son objectif : structurer le secteur dont l'équilibre n'est pas toujours assuré. Rencontre à l'occasion d'une soirée des Assises de la cybersécurité à laquelle INfluencia a participé.
IN : Team Vitality a célébré ses 10 ans en 2023, quel bilan avez-vous tiré à l’occasion de cet anniversaire ?

N.M : 2023 a été notre plus belle année sur le plan compétitif. On a terminé l’année en beauté en Major – équivalent de champion du monde – de Counter Strike (CS:GO) à Paris Bercy devant nos fans et familles. 50 000 spectateurs ont acclamé les joueurs du club dans une ambiance incandescente pendant quatre jours. C’était fou. On parle de pic d’audience de 1,52 million de téléspectateurs à travers le monde pour les phases finales !

Nous avons emporté 5 trophées majeurs et terminé au sommet des classements de fin d’année. L’autre fait historique c’est la victoire du club des championnats du monde de Rocket League en août atteignant un record d’audience sur le jeu de plus de 468 000 viewers simultanés. L’équipe a réalisé un split perfect : 3 championnats régionaux, un major et un championnat du monde. Du jamais vu.

Au final, on peut dire que Team Vitality a écrit une belle page de l’esport français ! On est super fiers d’être le seul club français à être dans le top 10 des clubs d’esport mondiaux, top 3 européens et leader en France. On n’aurait pas pu imaginer meilleure façon de célébrer nos 10 ans. D’ailleurs, le secteur nous a couronné meilleure organisation du monde (Esports Awards).

Un soutien qui nous a permis de réaliser des levées de fonds d’un montant total de plus de 50 millions d’euros

IN : Des chiffres qui font tourner la tête mais qui contrastent aussi avec la « bulle » dont parlent les spécialistes, pointant du doigt la fragilité de l’écosystème pour de nombreux acteurs, notamment les clubs, qui peinent à boucler leurs budgets. On peine à comprendre si l’esport est à la fête ou à la peine ?

N.M: L’esport connait un contexte économique difficile après une longue période d’adversité. Les analyses parlent en effet d’ « esport winter” dû a un mélange d’effet COVID, période pendant lesquels les sponsors ont afflué faute de pouvoir investir dans le sport notamment et à la difficulté qu’ont connu les clubs de garder les sponsors et de craquer le bon business model. Chez Team Vitality, on n’a pas été atteint mais on a vu d’autres clubs historiques fermés : LDLC OL, Faze

Notre club, porté par un projet de top performance, a la chance de pouvoir compter sur un accompagnement financier solide. On est entouré de partenaires leaders dans leurs secteurs respectifs, partageant les mêmes valeurs de performance, d’innovation, d’authenticité, de passion. Un soutien qui nous a permis de réaliser des levées de fonds d’un montant total de plus de 50 millions d’euros pour investir dans le développement de notre organisation. Cet engagement est unique dans le secteur et le renouvellement de nos partenariats est un marqueur important pour Team Vitality.

IN : En janvier, Team Vitality s’est justement félicitée de pouvoir compter sur 14 partenaires pour “continuer de l’accompagner dans son rayonnement en France comme à l’international”. Qu’est-ce que le profil de ces partenaires raconte de l’intérêt que les marques portent à cette pratique, depuis vos débuts notamment, mais aussi par rapport à d’autres pays ?

N.M : Si on schématise, on a deux types de partenaires : endémiques, provenant de l’esport ou de la sphère tech (Tezos, Xtrfy, Kingston fury…) et non endémique, qui veulent arriver dans l’esport pour toucher une audience jeune et engagéequ’on accompagne en créant pour eux des expériences inédites (KIA, Ben & Jerry’s, Magnum…). Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est de voir des acteurs comme le Crédit Agricole s’engager à nos côtés. Pour nous, c’est un des signes extrêmement tangibles de la maturité du secteur et de ses acteurs. 
Récemment on s’est lancé sur StarCraft II, avec de nouveaux partenaires, on pourra aussi parler à des fans sud coréen. Avis aux amateurs…

Un prodige de l’esport, c’est quelqu’un qui a une combinaison de capacités intellectuelles, techniques et de réflexes hors du commun et une très forte capacité à supporter la pression.

IN : L’un de vos joueurs, ZywOo, a été élu meilleur joueur du monde de Counter-Strike pour la 3e fois. On parle de lui comme « un prodige de l’esport ». C’est quoi exactement un prodige de l’esport ?

N.M. : (rire) C’est quelqu’un qui a une combinaison de capacités intellectuelles, techniques et de réflexes hors du commun et une très forte capacité à supporter la pression. C’est ZywOo.

IN : Pour terminer par là où tout a commencé : comment cette aventure a-t-elle débuté ? Quels ont été les principaux défis que vous avez dû relever, et ceux d’aujourd’hui ?

N.M. : Lorsque mon associé Neo et moi avons créé Team Vitality en 2013, notre mission était de moderniser l’esport des années 2000. On n’a pas commencé dans un garage comme les légendes de la Silicon Valley mais dans un tout petit bureau. La force de Team Vitality était notre envie de trouver le bon équilibre entre la création d’expériences funs pour les fans et de remporter des trophées.

Une fois que nous avons été établis, la deuxième étape a été la professionnalisation. Nous avons commencé à structurer notre entreprise, et donc le secteur. Par exemple, établir des normes pour la rédaction des contrats des joueurs afin qu’ils soient en sécurité et payés à leur juste valeur, commencer à identifier des jeunes talents (des contrats avec l’international), aller chercher des sponsors… Cela paraît simple, mais à l’époque, c’était un grand pas en avant.

Aujourd’hui, nous entrons dans une phase de structuration de notre modèle et de maturité. Maintenant que nous avons réussi à consolider la base, nous pouvons nous atteler à d’autres sujets qui vont continuer à structurer le secteur comme la santé mentale (avec le projet KARE) ou le développement de l’esport féminin, avec notre équipe féminine de League of Legends, Vitality Rising Bees.

À retenir

Aujourd’hui Team Vitality ce sont 110 employés, dont 40 athlètes présents dans toutes les ligues majeures de jeux tier 1 : League of Legends (LEC), CS2 (BLAST Premier et ESL Pro League), VALORANT (VCT). Et plus de 3 millions de fans sur les réseaux sociaux de Team Vitality, 12 millions avec ceux de nleuros joueurs et ambassadeurs. C’est surtout super le seul club français à être dans le top 10 des clubs d’esport mondiaux et top 3 européens, leader en France.

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