Comment se comportent les journalistes français sur les réseaux sociaux et quel impact dans leur vie professionnelle ? Cision et l’Université anglaise Canterbury Christ Church ont mené l’enquête.
Juchés sur l’épaule, comme un perroquet, les réseaux sociaux sont devenus un allié indéboulonnable des journalistes au fil des années : 94% l’utilisent dans le cadre de leur travail, contre 85% en 2012. Si les plumes françaises ont fait de Facebook, Twitter et LinkedIn leur tiercé favori en matière d’engagement de communauté, de veille ou encore de networking, la jeune génération fait bouger les lignes et Instagram, Pinterest, Messenger… vont avoir une belle carte à jouer pour devenir des référents en la matière.
Autre point important de cette étude, le manque de pertinence de certaines informations : pour 86% des sondés, les médias sociaux encouragent la rapidité au détriment de l’analyse et pour 61%, ils dégradent la valeur du journalisme. Un éditorial sérieusement malmené par la course à l’audience et à la primeur de l’information, aussi farfelue soit-elle. Les fake news ont -malheureusement- encore de belles années devant elles. Découvrez ci-dessous les résultats complets de cette étude ainsi que l’infographie.
Toujours plus de journalistes utilisent les réseaux sociaux
En hausse : le nombre de journalistes présents sur les réseaux sociaux : 94% (91% en 2016)
Stable : le temps passé sur les réseaux sociaux : jusqu’à 2h par jour pour 70% d’entre eux (69% en 2016)
En forte hausse : le pourcentage de ceux qui surfent entre 4h et 8h par jour : 10% (6% en 2016)
Le paradoxe entre leurs objectifs et leur quotidien
Les journalistes ont conscience de l’importance des médias sociaux et sont actifs. Mais on constate un réel écart entre leurs objectifs et les tâches qu’ils ont le temps d’accomplir tous les jours. La priorité est donnée à la publication de leur contenu.
Le networking se place sur la 3ème marche du podium : c’est l’objectif de 71% des journalistes (49% en 2016). Face à l’infobésité, réseauter peut permettre d’être connectés aux bonnes personnes pour révéler une information en avant-première ou en vérifier certaines. A noter que, comme en 2016, 57% des journalistes se servent des médias sociaux comme un indicateur de mesure de leurs contenus.
Facebook et Twitter toujours favoris mais les digital natives font bouger les lignes avec les réseaux sociaux de vidéos et d’images ainsi que WhatsApp
Facebook (72% d’utilisateurs), Twitter (69%) et LinkedIn (52%) sont indétrônables mais on note une progression des réseaux sociaux audiovisuels :
– YouTube (50%)
– Instagram et Pinterest (26%)
Quant aux messageries comme WhatsApp elles sont utilisées par 14% des journalistes. On mesure clairement l’arrivée des digital natives qui utilisent quasiment 3 fois plus les médias sociaux :
– Youtube (31% chez les 18-27 ans/11 % chez les 46-64 ans)
– Instagram, Pinterest (62% chez les 18-27 ans/24% chez les 46-64 ans)
L’opinion des journalistes sur l’impact des réseaux sociaux mitigée. La nouvelle génération plus optimiste
Ils ne sont plus que 49 % à estimer que les médias sociaux ont profondément changé leur travail. Après le pic à 65% en 2016, ce chiffre pourrait marquer un tournant révélant qu’ils semblent s’adapter de mieux en mieux et retrouvent leurs marques. Les autres constats restent stables par rapport à l’année dernière :
– 55% déclarent ne plus pouvoir se passer des médias sociaux (56% en 2016)
– pour 86%, ces derniers encouragent la rapidité au détriment de l’analyse (89% en 2016)
– 32% estiment qu’ils ont amélioré leur productivité (34% en 2016)
– 61% considèrent que les médias sociaux ont dégradé les valeurs du journalisme (62% en 2016)
On retrouve encore une fois une vraie rupture générationnelle : les 18-27 ans sont 85% à ne plus pouvoir se passer des réseaux sociaux contre 51% des 46-64 ans. Plus encore, 61% des 46-64 ans estiment que les réseaux sociaux dégradent les valeurs du journalisme traditionnel, contre seulement 31% des 18-27 ans.
Les Fake News, la nouvelle inquiétude des journalistes : 72% les perçoivent comme un grave problème
Les Fake News sont devenues un problème majeur, ressenti différemment selon le domaine des journalistes. Ceux qui traitent de politique et d’actualité sont plus inquiets (84%) que ceux qui traitent des sujets Lifestyle (73%) ou business et industrie (63%). Si les médias sociaux sont des facilitateurs de propagation des Fake News, elles alarment l’ensemble des journalistes et on constate que ce sont ceux qui n’utilisent pas les médias sociaux qui sont les plus soucieux (89%). Les moins préoccupés sont ceux qui surfent 1 à 2 h par jour avec un chiffre qui reste élevé malgré tout : 67%.
Usage des réseaux sociaux : 6 profils types de journalistes
Cette année 6 profils ont émergé : des plus addicts et positifs, les Architectes (5%) aux moins actifs et négatifs, les Sceptiques (13%).
Les Architectes (5%) : des pionniers addicts aux réseaux sociaux
– les réseaux sociaux leur sont indispensables notamment pour publier/promouvoir, pour surveiller les autres medias, leur secteur et pour interagir avec leur audience
– ce sont les plus actifs : 71% utilisent les réseaux sociaux entre 5 et 8 heures par jour, 29% plus de 8 heures
– Twitter est un incontournable mais ils sont 86% à être aussi sur des plateformes vidéo et d’image
– 43% vérifient des informations sur les réseaux sociaux, 50% se connectent pour travailler avec les professionnels des RP
– ils travaillent principalement pour des supports web : 72%
– ils sont très positifs quant à l’impact des réseaux sociaux : 86% affirment qu’ils ont diminué leur charge de travail, 93% se sentent plus proches de leur audience grâce aux medias sociaux
Les Promoteurs (17%) : très actifs et optimistes
– si ce groupe est très semblable au précédent en termes d’usage, la majorité d’entre eux (66%) ne se connecte pas plus de 2h par jour sur les médias sociaux
– Twitter (à 89%) et Facebook (à 87%) sont leurs réseaux favoris; on ne les retrouve que très peu sur WhatsApp (2%)
– ils se connectent principalement pour publier (98%) et partager le contenu des autres (89%)
– 85% ne pourraient plus se passer des réseaux sociaux et 70% pensent que que les réseaux sociaux ont allégé leur charge de travail
Les Messengers (10%) : grands utilisateurs de LinkedIn et fans des messageries
– après Facebook (93%), leur 2ème média social préféré est LinkedIn (57%), et 61% se connectent quotidiennement à WhatsApp
– 82% affirment ne plus pouvoir se passer des réseaux sociaux, 64% affirment qu’ils ont allégé leur charge de travail
Les Chasseurs (20%) : peu actifs mais une conscience de la nécessité des réseaux sociaux
– même s’ils considèrent les médias sociaux comme importants pour publier/promouvoir leurs contenus, et interagir (91%), 73% d’entre eux y passent moins de 2h par jour
– ils se connectent principalement pour trouver des informations (85%)
– ils se concentrent sur Twitter (89%) et Facebook (86%)
Les Observateurs (35%) : très peu actifs et une opinion peu favorable des réseaux sociaux
– peu présents sur les médias sociaux : 54% moins de 2h par jour et 43% quelques heures par semaine voire jamais
– ils interagissent très peu : 8% répondent aux commentaires, 5% utilisent les réseaux sociaux pour se faire de nouveaux contacts
– leur activité principale est de surveiller les discussions à propos de leur contenu (40%)
– ils sont pessimistes quant aux réseaux sociaux, estimant qu’ils dégradent les valeurs du journalisme (60%). Seulement 13% affirment qu’ils ont un impact positif sur le journalisme
– ils s’inspirent principalement des communiqués de presse des professionnels des RP pour créer leur contenu (54%)
Les Sceptiques (13%) : ils « subissent » les réseaux sociaux et sont les plus négatifs
– les médias sociaux sont une nécessité plus qu’un choix : 91% ne se connectent jamais ou seulement quelques heures par mois, les 9% restants : uniquement quelques heures par semaine
– on retrouve le plus fort pourcentage des plus de 46 ans dans ce groupe : 55 %
– ils travaillent principalement pour la presse « papier »
– ils sont les plus négatifs quant à l’impact des médias sociaux : seulement 6% déclarent qu’il est positif, 85% estiment que les réseaux sociaux dégradent les valeurs de journalisme
– ils sont les plus nombreux à apprécier le téléphone pour travailler avec les professionnels des RP (32%)