Les Start-up en France affichent un incroyable essor depuis cinq ans, selon l’étude menée conjointement par Estimeo et Mazars. Toutefois, si leur créativité, leur potentiel et leur dynamisme sont bien là, il y a pourtant quelques écueils à éviter pour qu’elles prennent encore mieux leur envol et dépasser le cap fatidique des 3 ans.
La « start-up nation » tant souhaitée par Emmanuel Macron n’est plus un mythe. La France est la deuxième nation représentée au CES de Las Vegas qui a ouvert ses portes ce 8 janvier 2019 dans le Nevada. Plus de 420 entreprises tricolores sont présentes sur le salon dont près de 380 jeunes pousses. Une étude de la plateforme de notation des start-up Estimeo et du groupe international d’audit et de conseil Mazars, effectuée auprès de 217 entrepreneurs, revient sur le développement rapide de ces pépites innovantes qui semblent se multiplier comme des petits pains dans notre pays. Offrant un atout non négligeable : permettre à des secteurs d’activités et des grands groupes de se transformer, d’être créatifs, de renouveler leur offre et de rester compétitifs face à des marchés qui se globalisent et de puissants concurrents internationaux.
« L’essor des start-up en France remonte à la création de la banque publique d’investissement BpiFrance le 31 décembre 2012 », résume Florian Bercault, co-fondateur et président d’Estimeo « Depuis cinq ans, les fonds publics destinés aux jeunes pousses ne manquent pas. Les grands groupes, les entreprises privées, les universités et les fonds de formation ont également fait un gros travail pour encourager le développement de la culture entrepreneuriale dans notre pays. Des sociétés du CAC 40 ont créé des fonds pour financer des compagnies innovantes ou ont pris des participations dans des fonds de capital-risque. L’essor du financement participatif, le dynamisme de nombreux business angels et l’apparition de salon comme Vivatech qui a accueilli cette année Mark Zuckerberg sont d’autres facteurs qui ont participé à la multiplication des start-up en France ».
Les aides sont là…
Quand on leur demande de définir les caractéristiques de leurs sociétés, les fondateurs interrogés dans cette enquête parlent avant tout de leur fort potentiel de croissance (81%). Leur modèle « scalable » soit leur capacité à rapidement croître tout en restant fortement rentable (56%), et leur modèle visant à changer les usages (56%) sont deux autres signes distinctifs de ces jeunes pousses. Les start-upper sont avant tout des anciens salariés du privé (40%) et des serial entrepreneurs (28%). Leurs quatre principales sources de financement sont les fonds personnels (93%), les financements publics issus de Bpifrance (34%), les prêts d’honneur (29%) et les fonds des business angels (27%). Plus d’un quart des start-up early stage (26%) font, elles, appel au crédit bancaire privé des banques pour financer leur innovation et leurs investissements immatériels.
Près de 40% des jeunes pousses ont déjà réalisé des levées de fonds pour un montant moyen de 1,2 million d’euros et 72% souhaitent lever des liquidités dans les dix-huit prochains mois pour une moyenne de 1,5 million d’euros. « Ainsi en transposant ces chiffres aux 4 000 jeunes pousses que compte l’Hexagone, cela représente un besoin en capitaux de 4,3 milliards d’euros sur 18 mois », estiment les auteurs de l’étude. « Beaucoup d’outils existent pour aider ces entrepreneurs mais à peine 30% des start-up utilisent les dispositifs comme le JEI (Jeune Entreprise Innovante) ou le CIR (Crédit Impôt Recherche) », regrette le président d’Estimeo. Tout comme l’intérêt porté aux ICO par les start-upper reste encore faible (2,9 sur 10), tandis qu’ils ont une compréhension financière moyenne des pratiques du capital risque de 6,3 sur 10. Des lacunes parfois dommageables d’autant que l’âge de la start-up n’a pas d’impact sur ces résultats.
Dépasser la phobie administrative
Outre le manque de temps ou l’absence de recherche des bonnes informations, plusieurs facteurs expliquent cette situation. « Certaines entreprises ont du mal à entrer dans les critères de sélection des organismes qui accordent les aides », raconte Stéphanie Latombe, associée chez Mazars « D’autres start-upper peuvent se décourager face à la complexité administrative. La constitution d’un dossier est souvent très lourde et beaucoup de porteurs de projet se découragent et refusent de remplir ces papiers ».
La deuxième et la troisième année d’activité marquent également une période charnière pour les start-up. Les effectifs moyens triplent quasiment entre les très jeunes pousses de moins de six mois et celles qui ont entre deux et trois ans, passant de 2,6 à 7,2 personnes. Toutefois, nombreuses sont les entreprises qui ne parviennent pas à franchir le cap fatidique des trente-six mois d’existence. La « start-up nation » doit apprendre à (bien) vieillir…