L’année 2017 a marqué en France une convergence accrue des usages TV, internet et vidéo. En constante progression, ils se complètent et s’additionnent, et le téléspectateur en profite.
C’est confirmé, la France de la télévision est un marché de convergence des usages TV, web et vidéo. Entre le linéaire et la télé par contournement, ces services OTT, comme Netflix -que 20% des Français utilisent sans en connaître la définition exacte- il faut parler d’addition, pas de substitution. Là non plus la théorie du grand remplacement ne tient pas. En janvier 2018, trois mois après avoir constaté une appétence réelle pour la TV connectée chez les agences médias et les annonceurs, dixit une étude MTM-SpotX, INfluencia se penchait sur les quatre scénarii de la TV du futur : dans une mutation historique qui rebat toutes les cartes de la distribution, de la production et des comportements de visionnage, quel avenir pour la télévision ? IDATE DigiWorld répondait avec un storytelling original. L’étude anticipait pour l’Hexagone un scénario de » convergence « , du fait du poids exceptionnellement élevé de la distribution IPTV dans le pays. C’est exactement ce que confirme Médiamétrie. Est-ce une nouvelle déclinaison de l’exception culturelle française ?
Intitulée » TV, Internet, Vidéo : la nouvelle alchimie « , l’étude du spécialiste des études médias constate que » si les plateformes OTT et la SVoD viennent compléter le paysage et donner de nouvelles perspectives à ces marchés, elles représentent aussi une forme de concurrence « . En 2017, près de 3 millions de Français ont un boîtier OTT et 20% utilisent des services de SVoD -la vidéo à la demande par abonnement. Mais ces nouvelles propositions ne s’opposent pas. Elles se montrent même complémentaires avec l’offre des chaînes de télévision. Ces usages de vidéo sur internet et de SVoD pèsent aujourd’hui un peu moins de 10% des consommations TV + Vidéo. Preuve qu’Internet nourrit aussi la TV et offre de nouvelles opportunités : chaque jour, 20% de Français qui ne possèdent pas de téléviseur regardent des programmes sur un ordinateur, une tablette ou un smartphone. Un chiffre qui s’élève à près de 30% pour les 15-24 ans.
Ainsi en 2017, écrans internet et replay représentent 8,7% de la durée d’écoute individuelle (DEI) quotidienne de la télévision (3h51 sur les 4 écrans) soit 43% de plus en 2 ans. » Pour les plus jeunes, qui retardent de plus en plus leur départ du foyer familial et sont adeptes de consommation de contenus sur les écrans mobiles, ces usages sont plus importants : les 15-24 ans consacrent un peu plus de 30% à ce temps TV + Vidéo quotidien « , relate Médiamétrie. En 2017, les Français regardent chacun en moyenne 3h42 minutes la télévision quotidiennement sur un téléviseur. Ils passent également 1h23 chaque jour sur internet. Télévision et Internet continuent donc de progresser. Les téléspectateurs français savent en tirer le meilleur pour orchestrer sur tous les écrans leur consommation de programmes, toujours plus nombreux.
La TV live en France c’est encore 80% des usages
Pour Julien Rosanvallon, Directeur des Départements Télévision et Internet de Médiamétrie, » si ces nouveaux usages TV/Vidéo sont encore émergents, ils sont déjà importants chez les jeunes. Avant d’y voir le signe d’une transformation générationnelle, il faut prendre en compte de nombreux facteurs qui placent notre pays dans une situation unique : la France est, en effet, un des rares pays en Europe dont la durée d’écoute de la TV se maintient à un haut niveau « . Qu’est-ce qui explique cette particularité française, où l’adoption de la SVoD est beaucoup plus faible que dans les pays nordiques et anglo-saxons ? Le poids exceptionnellement élevé de la distribution IPTV dans le pays.
Mais aussi des volontés des acteurs télécoms majeurs a minima de proposer des offres larges de divertissement voire d’intégrer plus largement l’amont de la chaîne de valeur. La France est en effet l’un des rares pays dans lequel les opérateurs télécom ont pris un poids important dans la distribution TV. » L’IPTV offre des possibilités de replay, dont l’émergence du service s’est faite très rapidement. Aujourd’hui de plus en plus de services de replat ont une approche de catalogue qui se rapproche des services de SVOD. En 2017, la frontière entre TV et OTT est devenue floue, plus qu’elle ne l’a jamais été. Les autres usages que la télé linaire sont en croissance de 50% mais ne pèsent que 10% de la consommation globale. La TV live en France, c’est encore 80% des usages. L’écran TV reste le point de convergence : pour regarder un programme long, une fiction, il reste l’écran préféré « , ajoute Julien Rosanvallon. Le village d’Armorique peuplé d’irréductibles Gaulois n’est donc pas qu’une BD à succès.