« Je suis super cool, presque construit et j’ai besoin d’un nom ». C’est avec ces mots que l’idylle est née en novembre 2008. Dans la foulée de son premier tweet, 9000 enfants participaient au concours organisé pour trouver une dénomination à la Rover historique qui depuis le 5 août fascine la planète avec ses photos de Mars.
Quatre ans après la victoire de Clara Ma (12 ans), qui avait trouvé son nom, « Curiosity » crée le buzz sur Twitter en discutant avec Britney Spears . « Alors, est-ce que Mars est aussi bien qu’en 2000 ? », interpelle la chanteuse, en collant en fin de tweet, la vidéo de son clip martien « Oops ! I Did It Again » . La réplique fuse : « Hey Brit, Brit. Mars semble toujours en pleine forme. Peut-être qu’un jour un astronaute m’apportera aussi un cadeau. On croise les doigts. »
Derrière cette réponse taquine brille l’accroche d’une starification digitale rendue possible par le talent des spécialistes des médias sociaux de la NASA. Dirigé par Veronica McGregor, le trio en charge de faire parler Curiosity sur Twitter et Facebook réussit une anthropomorphisation symbole de l’énorme pouvoir de diffusion des réseaux et médias sociaux. Sans eux, la NASA et le Jet Propulsion Laboratory, concepteur du robot multifonctionnel, n’auraient sûrement pas permis à Curiosity de dépasser le simple stade de la curiosité pour atteindre celui de l’ultra notoriété.
En décidant de jouer la carte de la transparence dans les univers digitaux et sociaux avec la publication rapide des premiers clichés de Mars, de la vidéo de son atterrissage et celle de la réaction de l’équipe du JPL, la NASA facilite la tâche de son triumvirat social. Le premier message Twitter une fois posé sur la Planète rouge – « Je suis sain et sauf sur Mars. Cratère de Gale je suis en toi » – a été retweeté 71 000 fois. A ce jour, son compte est suivi par 1 124 444 curieux ! Du jamais vu pour l’Agence fédérale aux 15 milliards d’euros de budget.
Bien décidée à toucher une autre génération de jeunes passionnés depuis la mission préalable de Phoenix, la NASA profite des nouveaux supports de relais pour humaniser encore plus son robot. En le faisant parler à la première personne et en multipliant les références à la culture populaire musicale et cinématographique, McGregor et son équipe sont presque déjà dans la démocratisation de la pré colonisation martienne.
Courtney O’Connor, l’un des trois « nègres » de Curiosity, explique à nos confrères de TechNewsDaily, que leur travail « a transformé une pièce de métal en un adorable Rover vivant et sympathique. » Pour Veronica McGregor, « il faut essayer de se mettre si possible dans l’état d’esprit du robot, et observer les ingénieurs et les scientifiques derrière le projet pour intégrer leurs peurs et leurs espoirs dans sa personnalité. »
Le moins que l’on puisse dire est que pour l’instant, la personnification est réussie. Un article d’Atlantic Wire, consacré début août au phénomène Curiosity, estimait non sans ironie que « la NASA a beau ne représenter que 0,5% du budget fédéral, il génère aujourd’hui pratiquement la totalité du buzz viral de l’Oncle Sam ». Tout est dit !
Benjamin Adler
Rubrique réalisée en partenariat avec ETO