Laurent Héquily affirme avoir mis au point une technologie capable de créer des vagues artificielles sur des plans d’eau naturels. Un premier prototype devrait voir le jour, l’an prochain, au Futuroscope.
La promesse est ambitieuse, le secret toujours bien gardé mais le projet semble progresser dans la bonne direction. La société française Wavering Solution affirme avoir mis au point la première vague artificielle de surf écologique. Le premier prototype de cette Okahina Wave devrait être inauguré d’ici un an au Futuroscope . En 2022, la start-up prévoit de construire un site plus ambitieux sur le lac des Dagueys à Libourne en Gironde. Voilà les « infos » que cette société accepte de révéler au grand public car Laurent Héquily reste bien discret pour dévoiler les détails de son innovation. Surfeur échaudé craint l’eau froide…
Du Sahara aux vagues…
Cet entrepreneur, qui a longtemps organisé des expéditions au Sahara, a découvert les plaisirs de la glisse sur les eaux salées au passage de la quarantaine. « En 2008, j’ai fait construire à Avensan dans le Médoc un premier bassin pour tester une nouvelle technologie capable de créer des vagues artificielles mais la crise financière a éclaté peu après et ce projet a été abandonné, explique l’homme d’affaires. J’ai ensuite connu une certaine traversée du désert ». Le boom du surf et le soutien de ses amis qui lui disaient de ne pas abandonner ce rêve qui lui tenait tellement à coeur l’ont encouragé à repartir dans cette aventure un peu folle en 2015. Après quatre ans de recherche qui ont mobilisé une quarantaine d’experts et de partenaires issus notamment du Cluster M.E.C.A à Nantes, de la Caisse des Dépôts et Consignation Biodiversité et de Créocéan, le concept d’Okahina Wave a enfin été validé.
40 millions de surfeurs
L’idée de créer des vagues artificielles n’est pas nouvelle. Le surf connaît un succès grandissant. Plus de 40 millions de praticants goûtent déjà au plaisir de glisser sur des tubes salés et leur nombre devrait franchir la barre des 47 millions dès 2020. Trouver des rouleaux n’est toutefois pas facile et les meilleurs spots deviennent surpeuplés. Pour permettre aux amateurs de sortir leurs planches sans forcément être au bord de la mer, des piscines à surf commencent à voir le jour. Mais les sites existants sont coûteux et pas franchement respectueux de l’environnement. Le NLand au Texas, qui est pour l’instant fermé, couvre cinq hectares. Son bassin a été construit avec 35.000m3 de béton soit l’équivalent de 300 maisons avant d’être rempli de 45.000m3 d’eau potable ce qui représente le volume de quinze piscines olympiques.
La Wavepool à Waco, toujours au Texas, est, elle aussi, une énorme piscine plutôt vilaine. Mais le site le plus connu est le Kelly Slater Surf Ranch à Lemoore en Californie, qui porte le nom du légendaire surfeur aux onze titres de champion du monde. Dans ce bassin en béton de 700 mètres de long par 150 mètres de large, une sorte de petit train créé une vague presque parfaite avec des sections de tubes et de faces qui permettent de réaliser des figures acrobatiques (http://www.kswaveco.com). Si la déferlante est impressionnante, le site est extrêmement moche et pas écologique pour un sou. Un comble pour un sport sensé célébrer Mère Nature. D’où l’idée de Laurent Héquily d’inventer une technologie peu gourmande en énergie qui ne nécessite aucune imperméabilisation des sols, pas un mètre cube de béton et aucun système de filtration ni de traitement des eaux.
Une structure flottante en forme d’atoll
« Pour créer une vague d’une soixante de centimètres de hauteur, notre technologie consommera une énergie comparable à celle d’une Autolib, compare l’entrepreneur. Pour une vague de 1,20 mètre, on table sur une consommation semblable à celle d’un Clio électrique et pour un tube de près de deux mètres à celle d’une Tesla. Et si le site de Kelly Slater a necessité un investissement de 30 à 40 millions de dollars, le budget de notre projet à Libourne devrait être compris entre 11 et 12 millions d’euros ». L’autre grande originalité de cette technologie est qu’elle peut être utilisée dans des plans d’eau existants. Son infrastructure légère flottante en forme d’atoll polynésien ne perturbe pas les lacs ou les bassins. Mieux encore, les vagues artificielles oxygènent l’eau et contribuent au maintien de la biodiversité de l’écosystème. Voilà tout du moins les promesses formulées par Wavering Solution. Laurent Héquily refuse en effet d’expliquer dans le détail la technologie qu’il a développé et il ne montre aucun film qui illustre le fonctionnement de sa machine à vague. Plusieurs business angels et le groupe de travaux publics NGE ont toutefois apporté des fonds pour soutenir ce projet, selon son fondateur. A suivre…