Une des finalités inhérentes à l’économie collaborative est de supprimer les intermédiaires marchands dans l’échange de service entre consommateurs. Pour consolider des dogmes commerciaux évidents bâtis par l’industrie du secteur tertiaire, le système a longtemps fait croire aux citoyens qu’ils devaient payer une entreprise pour disposer d’un service qu’un particulier était lui aussi capable de proposer, pour moins cher. Que ce soit les taxis avec Uber et Lyft ou l’hôtellerie avec Airbnb, les industries menacées par l’économie de partage sont contraintes de se remettre en question, d’évoluer. Les agences de RP vont-elles aussi devoir repenser leur offre ? JustReachOut propose désormais une alternative digitale.
Créé par Dmitry Dragilev, fondateur de l’accélérateur de croissance Criminally Prolific, conçu pour les entrepreneurs et les startups, JustReachOut est un empêcheur de facturer en rond pour les sociétés de relation presse. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en respectant parfaitement l’esprit organique de l’économie collaborative, cette plate-forme permet facilement à n’importe quelle entreprise de contacter directement les journalistes intéressés, en les ciblant et en leur fournissant toutes les infos nécessaires à la rédaction de leur(s) article(s).
Destiné en particulier aux PME et aux startups désireuses de marketer leurs produits ou services, JustReachOut propose à son utilisateur de rechercher les articles déjà existants dans son domaine d’expertise, puis de disposer ensuite d’une liste de journalistes couvrant le secteur d’activité qu’il veut mettre en avant, avec une adresse email vérifiée. Last but not least, la plate-forme donne la possibilité aux quêteurs de bonne presse de répondre en ligne sur ce qu’ils voudraient mettre en exergue dans un article, pour ensuite disposer d’un pitch à envoyer directement aux plumitifs.
Une émanation du « Private to Public »
En dix minutes, quelques clics et pour 35 euros par mois, vous avez pu (grosso modo) faire le boulot d’une boîte de RP… Même si l’ambition de la plate-forme est de créer des liens durables entre les journalistes et les dirigeants des entreprises demandeuses, cet outil digital ne peut pas encore complètement remplacer une agence. Mais l’alternative est crédible et sérieuse. Elle s’inscrit aussi dans un contexte d’ouverture des médias au grand public, à l’instar du café brandé ouvert au Canada par le Winnipeg Free Press. Entre deux tasses, le consommateur peut papoter avec des journalistes du média, pour s’informer autrement, découvrir quelques secrets de fabrication. Et donc s’approprier (un peu) son quotidien. Ce café-rédaction est l’émanation du concept « Private to Public » développé notamment par Zappos dans son nouveau siège de Las Vegas. L’idée ? Ouvrir à tout le monde l’espace de travail d’une marque, pour en faire un lieu de convivialité et d’échange entre deux parties qui normalement font chambre à part. Une alternative qui pourrait aussi être épousée par les agences RP désireuses de proposer de nouvelles offres et faire évoluer leur modèle.
Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA