19 janvier 2015

Temps de lecture : 5 min

Le grand chambardement des métiers

Demain, je serai Ageekulteur, Jeurontologue ou Dronaliste ! Pour les métiers, demain est vraiment un autre jour. Les experts affirment que, d'ici à 2030, deux milliards d'emplois vont disparaître et que 60% des métiers n'existent pas encore...

Demain, je serai Ageekulteur, Jeurontologue ou Dronaliste ! Pour les métiers, demain est vraiment un autre jour. Les experts affirment que, d’ici à 2030, deux milliards d’emplois vont disparaître et que 60% des métiers n’existent pas encore…

Ces prévisions obligent tant à revisiter les cursus scolaires et systèmes de formation qu’à repenser la gestion prévisionnelle des emplois. Si l’on ne peut pas prévoir le futur, on peut l’inventer. Concernant les métiers, cette option a l’avantage d’ouvrir l’horizon et fournir aux jeunes des perspectives plus souriantes. On bascule du discours plombant du type « demain, les robots nous voleront les boulots et nous serons au chômage » à « demain, j’exercerai les professions que j’imagine ». Quelques pistes surgissent pour repérer les secteurs où ces métiers vont émerger, et comme on ne peut pas penser sans mots, inventons les noms de nos jobs du futur.

La fée numérique Abracadabra : quand le digital remanie nos métiers

Fin xxème, la fée électricité pénétrait dans les foyers. D’un coup de baguette magique, elle éclairait le quotidien. Un siècle plus tard, sa descendante la fée numérique transforme tant nos manières de faire que de penser. Expansive, elle remodèle tous les métiers. Par exemple, dans nos salons de coiffure, elle s’introduit par la prise de rendez-vous, les commandes en ligne, les sites d’évaluation de produits, le choix d’un modèle… voire fait disparaître le coiffeur quand les coupes sont effectuées à distance par des robots… Pour l’agriculteur, l’évolution de sa fonction impliquée par l’intégration de la robotique pour gérer son exploitation est telle qu’il n’est plus ce qu’il était, et deviendra peut-être un ageekculteur !

On sait que 90 % des données numériques n’existaient pas il y a deux ans, et ce flux de data créées augmente de manière exponentielle. Il faudra donc des professionnels pour administrer ce stock : des objetbilleurs dédiés au bavardage des objets connectés et des datacorpeurs centrés sur celles fournies par notre corps. Ces données constituent notre nouvel or noir qui, raffinées, deviennent des sources importantes de revenus… Des experts transformeront cette matière brute en services : ces visualiticiens créeront des dispositifs de visualisation des données, et puisque ce sont des algorithmes qui traitent les masses de données, les algorithmeurs seront particulièrement recherchés.

Le numérique enrichit notre vie sociale en y ajoutant une vie virtuelle. Avec l’arrivée des lunettes de réalité augmentée, des lunabulleurs travailleront à nous proposer des services comme la traduction automatique, le coaching sportif ou culturel, la reconnaissance de l’âme sœur… Mais les propositions risquant d’être trop nombreuses, il faudra faire appel à des applicoacheurs. Ils sélectionneront les applications qui nous sont vraiment utiles. Si ce pack « deux vies en une » lavera plus Net que Net, il créera aussi de nouveaux problèmes ; des numéropathes soigneront les dommages commis par l’abus de numérique.

L’usine à la maison : la 3D fait entrer la fabrication dans une nouvelle dimension

En 2013, Obama évoquait l’impression 3D en affirmant que la technologie allait révolutionner la fabrication d’objets. La multiplication des acteurs sur le marché, la baisse du prix des imprimantes 3D, le développement des fab labs sont autant d’éléments qui permettent de le penser. On peut donc imaginer que demain les jeunes mariés imprimeront leurs cadeaux de mariage. Des fabriquanteurs vérifieront la taille de l’impression afin que les tourtereaux ne soient pas écrasés sous des cocottes géantes. Ces experts concevront les plans d’impression, assureront le fonctionnement de cette chaîne de production et surveilleront que des irresponsables ne fabriquent pas des armes dans leur garage ! Comme on imprimera aussi des aliments et des organes, on ne pourra plus se passer de bioimprimeurs ni de corcepteurs, capables de prendre nos mesures biologiques et concevoir nos foie et os de rechange.

L’origine du partage : l’échange, le nouveau top-modèle

Hier, quand on donnait un livre ou un disque à un ami, on lui faisait plaisir. Aujourd’hui, on continue à faire plaisir, tout en conservant l’objet. Cette spécificité du numérique se traduit par la facilitation de l’échange et la perte de la valeur marchande des objets. La société confrontée à cette nouvelle abondance doit apprendre à réutiliser, partager, échanger en réseau. De nouveaux métiers naîtront de ce paradigme : le voisineteur (spécialiste du lien entre voisins) nous fera accepter que nos voisins soient toujours trop proches ! Et grâce au monnétarien (gestionnaire de monnaie complémentaire), nous payerons nos salades en heures de baby-sitting !

Terre cuite : ça chauffe pour la planète !

Après des années de maltraitance, la planète va mal. L’obligation de la sauver donne le feu vert à de nouveaux emplois. Les enverdeurs (intégristes de l’écologie) ne pourront plus tenir un discours ripoliné au vert. Des végétaliticiens effectueront le bilan carbone des objets dits verts. Après avoir méprisé la nature, elle deviendra un laboratoire de recherche. Des biométiciens s’en inspireront. En 2050, il y aura huit milliards de bouches à nourrir, avec des assiettes non destructrices de la planète. Des toitaginiers planteront les choux à la mode du toit de chez nous. Des entomosiniers cuisineront des tomates aux cancrelats ou des ragoûts de sauterelles. Pour diversifier les sources d’énergies renouvelables, des énergohommes concevront des dispositifs de récupération de l’énergie humaine.

À fond la forme : de la réparation à l’amélioration

Les évolutions de la santé laissent entrevoir une médecine fondée sur la prévention et les soins sur mesure. Les médecins prescriront des applications basées sur la captation de données corporelles ; des laborantins du numérique ou numérantins les analyseront. Le décryptage du génome effectué pour la première fois en 2004 se généralisera ; les assureurs attendent pour créer des assurances surtaxées pour les patrimoines génétiques à risque, tandis que des génométhiciens limiteront ce type de dérive. On passera aussi d’une science réparatrice à une science augmentatrice des potentialités de l’être humain. Des immortaliseurs mettront en place toutes les thérapeutiques antivieillissement.

My Taylor is dead ! Les lignes de fuite des structures pyramidales

Début xxème, Frederick Taylor élaborait une méthode de management fondée sur la mesure chiffrée et les procédures, l’organisation scientifique du travail. Entre 1900 à 1965, la révolution industrielle offrait un cadre idéal à la diffusion et l’expérimentation de ses théories. Mais ces principes étant applicables uniquement dans des systèmes fermés, l’arrivée d’Internet change la donne. Pour survivre, l’entreprise doit anticiper, s’adapter et innover en permanence.

Dans ce contexte, les percolacteurs seront cruciaux, ces globe-trotters de l’innovation parcourant le monde pour trouver des idées innovantes et effectuer du copier-coller intelligent. Quant aux mayoNeteurs, ils utiliseront le Net pour faire prendre la mayonnaise à des concepts endormis. Enfin, ne pouvant plus se contenter de l’intelligence clonée de quelques supposées élites, l’entreprise aura besoin de participapulseurs : concevant des manifestations participatives, ils feront émerger de l’intelligence collective. Pendant ce temps, des bonhteurs (spécialistes du bonheur) conjugueront liberté, créativité et rigueur.

Coups de vieux : les cheveux blancs de la démographie

Un Français sur trois aura plus de 65 ans en 2050 ! Principe des vases communicants, ce vieillissement va provoquer une cure de jouvence de l’emploi. On aura besoin outre de soignants, d’assistants de vie, de coachs en vie virtuelle et robotique, et de gestionnaires de bien-être. Des jeurontologues développeront des dispositifs ludiques améliorant les capacités cognitives des seniors. Des companobots s’assureront du bon fonctionnement des compagnons robotisés des ancêtres. Ces nouvelles relations nécessiteront parfois de faire appel à un légisboteur, ou spécialiste du droit des robots. La vie pouvant paraître un peu trop longue, des euthanalogues géreront les euthanasies… Ces perspectives ouvrent de nombreuses voies ! Heureusement, demain, les boulimiques de l’exploration pourront être slasheurs – exercer plusieurs métiers en parallèle – ou ronronner dans le travail en ayant sept vies professionnelles !

Anne-Caroline Paucot / @Propulseurs
Propulseurs

Illustrations : Martin Lacreuse

Article extrait de la revue « Le Futur » disponible en version papier ou digitale !
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