Sons, images, émotions, usages… Dans toutes ses dimensions, l’innovation technologique tend à faire naître « L’Homme augmenté ». Retour sur quatre tendances technologiques qui vont transformer notre quotidien à cinq ans.
Plus connecté, plus agile, plus précis… mais à quel prix ? Quels verrous faire sauter pour permettre l’adoption massive de ces technologies dans nos quotidiens ? Comment les réseaux physiques vont-ils assurer cet incroyable foisonnement de contenus et d’informations ? Quid de la grande bataille de l’utilisation des données, toujours plus nombreuses, qui seront générées par ces innovations technologiques ? Promesse d’un quotidien plus facile pour les uns, création de besoins inutiles voire dangereux pour les autres. Quatre tendances technologiques se dessinent qui vont transformer notre quotidien à cinq ans.
Le spectateur en immersion
Avez-vous en tête cette publicité pour le téléviseur Samsung où le téléspectateur trône au cœur de l’arène, immergé dans son film ? La course est déjà lancée entre les industriels pour vous emmener toujours plus loin vers cette sensation de réel. Son spatialisé, image UHD et écrans 4K : la technologie est bien là, avec la promesse de transformer votre expérience de spectateur. Ces images de démonstration projetées sur écrans incurvés et géants vous ont sans doute bluffé au point de rester figé quelques minutes au milieu du magasin. Une fois dans votre salon, vous risquez pourtant d’être déçu en constatant un cruel décalage entre le potentiel de ces équipements et l’offre de contenus des professionnels du cinéma et de la télévision.
L’adoption massive par les professionnels est en effet la clé pour transformer l’essai auprès du grand public et du coup élargir la portée de l’immersion à de nouveaux domaines : jeux, publicité, travail collaboratif, surveillance, Web… Au-delà de cette bataille de pixels et d’écrans, on entrevoit surtout un changement profond de relation entre le consommateur/spectateur et les contenus de demain : immersion ne rime pas toujours avec contemplation !
L’Homme augmenté
Casques de réalité virtuelle, lunettes de réalité augmentée : les effets d’annonce se succèdent côté fabricants. Pour autant, les usages balbutient. Aujourd’hui surtout cantonnées au jeu vidéo ou au cinéma, ces technologies ont vocation à investir votre quotidien dans les cinq ans qui viennent. Google a lancé à Londres son « Glass at work project », histoire de stimuler les cas d’usage professionnel autour de sa nouvelle génération de lunettes – sans d’ailleurs confirmer leur lancement grand public à court terme. Santé, bien-être, mobilité, travail : aucune sphère ne sera épargnée ! L’enjeu : ajouter des informations de manière naturelle à votre quotidien pour l’améliorer. La promesse : plus de performance, une interaction facilitée, une meilleure anticipation et une plus grande précision.
Mais comment optimiser notre navigation dans cette grande quantité de données qui viendraient, demain, s’additionner à notre réel ? Sommes-nous véritablement prêts à intégrer ces technologies dans notre quotidien à horizon 2020 ? Champ de vision trop restreint, interactions tâtonnantes ou design douteux : il reste beaucoup de travail, tant sur l’acceptabilité physiologique de ces outils que sur leur optimisation technologique. À l’instar du succès des smartphones, il ne suffira pas qu’un grand industriel s’empare de l’innovation pour la convertir en business, mais c’est bien le bénéfice utilisateur qui constituera demain le facteur clé de succès auprès des consommateurs.
L’Homme « Monitoré »
L’Internet des objets (Internet of everything, comme le prédit Cisco) n’en est qu’à ses débuts. Une multitude de capteurs arrivent sur le marché et seront à même de mesurer la plupart des segments de notre vie quotidienne : santé, sport, transport, alimentation, sommeil… Plus prodigieuse encore, l’analyse de l’émotion ressentie par l’utilisateur pourrait constituer demain un extraordinaire levier de business pour les industriels, alors à même d’adapter leur offre en temps réel en fonction de notre ressenti. Ubisoft investit dans la recherche sur les émotions pour optimiser les scénarios augmentant l’engagement du joueur. Imaginez un instant que votre maison s’adapte à votre humeur sans que vous ayez à y réfléchir : luminosité, musique, température… Un Blade Runner automatisé en somme !
Dans tous les domaines où la mesure du facteur humain se révèle essentielle (aéronautique, maintenance, sécurité…), le bénéfice est clair. Si la fiabilité de la technologie demeure un enjeu clé, la manière dont nous adopterons ces objets dans nos vies (voire dans nos corps) conditionne leur succès. Les wearables conçus comme des bijoux (Misfit, par exemple) l’ont bien compris. Entre bénéfice avéré et intrusion dans l’intimité, le consommateur devra arbitrer.
Le réseau transparent et customisé ?
Face au foisonnement d’objets connectés et à l’accroissement exponentiel des données collectées, les « telcos » (1) travaillent à rendre les réseaux imperceptibles à l’utilisateur. Connecté partout, tout le temps sans même en avoir conscience : la relation avec votre opérateur ne sera plus la même. Pour survivre, il devra également réinvestir le marché des données, laissé jusqu’alors aux GAFA (2). Mieux vous connaître pour mieux vous servir… mais surtout vendre plus en créant des besoins issus d’une stratégie big data ? C’est une voie possible. Mais on peut aussi imaginer des offres qui redonnent le contrôle au consommateur : de sa connexion, ses données, son identité virtuelle.
À l’heure où les débats sont vifs sur les notions de cyber-sécurité et de souveraineté numérique, certains imaginent déjà des avatars numériques anonymisés comme un double qui vous protège. Une certitude : les cinq ans qui viennent vont transformer notre relation à l’ubiquité.
Emmanuelle Garnaud-Gamache et Florian Le Moigne, b<>com
Illustrations : Agoston Palinko
(1) Pour telecommunication companies, grands acteurs des télécommunications.
(2) Pour Google, Apple, Facebook, Amazon.
Article extrait de la revue « Le Futur » disponible en version papier ou digitale ! Pour s’abonner c’est ici