« Les médias ont un rôle primordial à jouer dans le partage de l’information, d’autant lorsque cette dernière est sensible. Lorsqu’il est temps d’aborder les questions de diversité sexuelle et de genre, cela peut parfois être délicat et il peut être difficile de connaître les bons termes à utiliser », explique Michel Dorais, sociologue de la sexualité, professeur titulaire et chercheur à l’Université de Laval. D’où ce guide publié par la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, en collaboration avec la Commission canadienne pour l’UNESCO (CCUNESCO). Cosigné avec Jasmin Roy, essayiste, documentariste, ancien journaliste, et Guillaume Tardif, étudiant à la maîtrise en travail social.
« L’acronyme LGBTQI peut donner à penser que ces personnes ou communautés forment un tout, ce qui n’est pas le cas. On sait aussi que la majorité des personnes qui ont des désirs ou des comportements homosexuels ne s’identifient pas comme homosexuelles ou bisexuelles. De plus, dans plusieurs pays, le partenaire considéré « actif » ou « dominant » dans un rapport de nature homosexuelle n’est pas considéré homosexuel. Enfin, les plus jeunes générations ont tendance à nommer leurs attirances en dehors des catégories binaires du type hétérosexuel versus homosexuel ou transgenre versus cisgenre ». C’est ainsi que Michel Dorais aborde dans ce guide intitulé Comment aborder la diversité sexuelle et de genre?
Une personnalité avoue son homosexualité… entend-on dire souvent… Est-ce un crime, un pêché, une faute?
En effet, comment aborder la diversité sexuelle et de genre dans les médias alors même que le recours au sensationnalisme est systématique et biaisé par les réseaux sociaux et l’immédiateté du traitement de cette dernière par les médias classiques? « Choquer le public, ridiculiser les événements tels que la gay pride, utiliser les mots sans le comprendre, voilà ce contre quoi je lutte depuis 30 ans », poursuit Michel Dorais. « On oublie trop souvent que traiter de ces sujets c’est avant tout parler de diversité humaine puisque cette réalité existe partout sur la planète. Et de citer cet exemple, «combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu qu’une personnalité avait « avoué » son homosexualité? … Les dictionnaires nous enseignent qu’on avoue une faute, un péché ou un crime ».
Le sexe, le genre et plus si affinités…
Voilà entre autres, les malentendus que veulent dissiper les trois auteurs du guide que vous pouvez lire ici.
Êtes-vous cisgenre?
Ainsi qu’une liste de quelques mots et expressions définis par ces derniers, et dont vous n’avez peut-être jamais saisi la nuance… Bonne lecture.
LE SEXE : Le sexe désigne des caractéristiques ou des attributs anatomiques et physiologiques d’une personne (il peut cependant arriver qu’elle ne reconnaisse pas ces caractéristiques ou ces attributs comme devant être les siens).
SEXE ANATOMIQUE : Caractéristiques anatomiques, biologiques et physiologiques qui font en sorte qu’une personne est identifiée ou identifiable physiquement comme étant mâle, femelle, intersexuée ou transsexuée.
SEXE ASSIGNÉ À LA NAISSANCE : Sexe inscrit sur le certificat de naissance, en général selon l’apparence des organes sexuels externes ou internes du nouveau-né. Possibilités : sexe masculin (mâle humain) ou sexe féminin (femelle humaine) et, dans un nombre restreint mais grandissant de contrées, sexe autre ou indéterminé.
IDENTITÉ SEXUÉE : C’est le sexe d’appartenance, autrement dit la conscience et la conviction profonde d’appartenir à une catégorie de sexe, conforme ou non avec le sexe assigné à la naissance ou le sexe anatomique. En raison d’une traduction incorrecte de l’anglais et du fait que gender signifie parfois sexe dans cette langue, l’identité de genre est souvent confondue, à tort, avec l’identité sexuée.
PERSONNE INTERSEXUÉE : Personne née avec des attributs physiologiques mâles et femelles. Par exemple, il peut y avoir non-concordance entre les organes génitaux externes, les organes génitaux internes, les caractéristiques sexuelles secondaires, les hormones et les chromosomes. Ce terme remplace l’appellation hermaphrodite utilisée jadis et les termes intersexuel.le ou intersexe, plus récents. À noter qu’il existe aussi des nourrissons nés avec un sexe indéterminé ou ambigu, ambiguïté qui va généralement s’amenuiser à la puberté. Dans les deux cas, on recommande aujourd’hui de laisser ces enfants se développer naturellement, sans interventions invasives, à moins que leur santé ne soit en jeu.
PERSONNE TRANSSEXUÉE : Personne qui a modifié ou qui souhaite modifier son anatomie par un traitement hormonal ou chirurgical afin que son corps corresponde davantage à son identité sexuée. Terme à préférer à personne transsexuelle, puisqu’il s’agit bien de sexuation et non pas de sexualité.
LE GENRE : Le genre réfère aux caractéristiques autres qu’anatomiques et physiologiques d’une personne, plus spécifiquement à ses façons d’être, selon qu’elles sont considérées comme masculines, féminines, neutres (peu de masculin et peu de féminin) ou androgynes (à la fois du masculin et du féminin).
EXPRESSION DU GENRE : Manifestation ou extériorisation du genre ou de l’identité de genre d’une personne, notamment par son apparence, son habillement, sa conduite, sa gestuelle et ses attitudes. C’est en somme le genre que l’on présente à autrui.
IDENTITÉ DE GENRE : Expérience intime et identification de son genre. Ce genre ressenti peut être féminin, masculin, neutre, androgyne, non-binaire ou queer (contestant et transgressant les normes de genre), trans* (traversant les genres), fluide (susceptible de passer d’un genre à un autre, de naviguer ou d’alterner entre plus d’un genre), neutrois (ne s’identifiant à aucun genre), demi-genre (partiellement d’un genre), agenre (hors de la binarité des genres), bigenre (exprimant deux genres) ou encore maverique (d’un troisième genre, en dehors du continuum masculin ou féminin).• GENRE SOCIAL : Genre présumé par autrui en raison du sexe assigné ou du sexe anatomique d’une personne.
MÉGENRER (OU MALGENRER) : Attribuer à une personne un genre qui ne correspond pas à son identité de genre.
PERSONNE CISGENRE : Personne dont l’identité de sexe et l’identité de genre correspondent respectivement au sexe attribué à la naissance et au genre traditionnellement attendu chez les individus de ce sexe (par exemple, un homme masculin, une femme féminine). Est utilisé comme antonyme de transgenre.
CISSEXISME ou CISGENRISME : Préjugé selon lequel toute personne est, ou devrait être, cisgenre (voir la définition de personne cisgenre précédente) et que le fait d’être cisgenre est supérieur ou préférable au fait d’être transgenre.
TRANSPHOBIE : Ensemble des attitudes préjudiciables aux personnes trans*