Flou, retouché, moche voire amateur… une analyse technique et stratégique des affiches électorales des candidats à la présidentielle, réalisée par Myphotoagency.com vient de sortir. On déroule la pellicule…
Quelle-est la plus réussie ? La plus moderne ? La plus retouchée ? Dans son palmarès photographique, la start-up décortique les stratégies des candidats à l’élection présidentielle. Des référentiels communs à presque tous (photo en studio, utilisation du flash, plan poitrine, regard face objectif) aux détails pour se démarquer des autres, l’examen est complet et intéressant…
La photo la plus réussie : Jean-Luc Mélenchon remporte la bataille devant Nicolas Dupont-Aignan
Top 1 : Jean-Luc Mélenchon. Le portrait du candidat de la France insoumise incarne précisément la campagne qu’il mène depuis des semaines. Et c’est ça un portrait professionnel réussi. Une photo à la fois fidèle à son sujet et capable de montrer le meilleur -ou le plus séduisant- de lui-même. Une photo répondant à un brief et respectant un branding. Vraisemblablement serein, loin de ses accès de colère de 2012, Mélenchon veut fédérer. C’est un candidat qui se veut apaisé et rassurant.
Top 2 : Nicolas Dupont-Aignan. Celui qui se présente comme une alternative au candidat principal de la droite française aura marqué des points avec son affiche qui n’est pas sans rappeler celle de Nicolas Sarkozy en 2007. Sourire franc, posture corporate, retouches maîtrisées pour marquer sa différence avec son plus grand rival. Nicolas Dupont-Aignan n’aura rien inventé avec ce portrait mais aura joué la carte de la sécurité sans se tromper.
Le flop : Jean Lassalle. Le candidat insolite de cette élection n’a pas préparé « Le grand débat de la présidentielle », comme il l’a déclaré, on l’imagine mal avoir passé plus de quelques minutes sur la création de son affiche de campagne. Mais c’est dommage parce que cela se voit. Pour un personnage aussi haut en couleurs, posé sur un fond gris, c’est dommage. Pour quelqu’un qui se dit proche des gens, ne pas regarder ses électeurs dans les yeux, encore dommage. Comme si finalement, Jean Lassalle n’était pas si à l’aise que cela avec sa candidature.
La photo la plus moderne : Marine le Pen en jeune start-uppeuse suivie d’Emmanuel Macron le patron à succès
Top 1 : Marine Le Pen. La photo de la candidate du Front National tranche clairement avec celle des autres candidats. Sur fond gris/noir, avec une forte utilisation des ombres et des contrastes, ce portrait pourrait être celui d’une jeune start-uppeuse, interviewée à l’occasion de sa levée de fonds de série B, en Une des Inrocks. Marine Le Pen se veut rock et branchée. Tout du moins sur son affiche.
Top 2 : Emmanuel Macron. Dans un autre style, tout aussi moderne, on retrouve le portrait d’Emmanuel Macron ayant, grâce à l’emploi des contrastes, opté pour des tonalités vives et dynamiques à l’image du rythme qu’il a voulu donné à sa campagne depuis son lancement. Au premier plan d’un environnement jeune et urbain, on imagine le candidat d’En Marche à la tête d’une PME française solide prenant la parole dans un Hors-Série de L’Express.
Le flop : Benoît Hamon. Contrairement au positionnement de sa campagne, le portrait de Benoit Hamon est étonnamment le plus vieillissant. Avec sa pose d’animateur à la Philippe Risoli dans « Le Juste Prix », son maquillage encore visible à l’œil nu et les tons clairs de l’ensemble du visuel, cette photo pourrait être celle de la carte de visite de Don Draper dans Mad Men.
La photo la plus retouchée : François Fillon accro à Photoshop devance Emmanuel Macron
Top 1 : François Fillon. Si le candidat LR n’est pas celui qui se sera fait retirer le plus de rides sur sa photo de campagne, sa curieuse utilisation de filtres de retouches en tous genres laisse perplexe. Comme si le fichier RAW d’origine avait été tellement maltraité que le grain de la photo se serait transformé en sur-pixellisation. Comme lorsque nous poussons à l’extrême la « structure » et la « netteté » sur le filtre « Clarendon » d’Instagram.
Top 2 : Emmanuel Macron. Les réseaux sociaux s’en sont donnés à cœur joie avec cette photo. Et pourtant, la post-production opérée sur le portrait d’Emmanuel Macron est plutôt très réussie. Si l’image finale peut manquer de matière, au risque d’apparaitre comme un peu trop lisse, elle reste dans l’air du temps en matière de retouches. Ni trop ni pas assez.
Le flop : Philippe Poutou. Le naturel, c’est bien mais peut-être pas pour un portrait officiel de candidat. Celui de Philippe Poutou a le mérite de ne pas avoir été travesti. Au mieux, Paint est passé par là pour supprimer les yeux rouges de la photo. Cette posture visuelle « brute » s’inscrit en cohérence avec l’ensemble de la campagne du candidat du NPA.