Honte à ceux qui s’autoéditent vulgairement chez Amazon, ils seront les ennemis des nobles maisons d’édition germanopratines qui défendent leur pré carré papier avec une rage contenue, voire un dédain dont seuls, les académiciens annoblis ont le secret… Car, la rage ne sied aux humains, que si elle s’habille en Zola.
Ne dites pas à votre éditeur que vous-vous autoéditez chez Amazon publishing, il vous croit suspendu à ses courriers… de refus. Vos manuscrits étant trop ceci, trop cela… La guerre entre l’autoédition cavalière (et pour cause) à la Amazon et l’édition dite classique a de belles années devant elle. Et si les auteurs se vantent rarement de faire appel à la modernité, -tel un David Foenkinos qui récemment a publié discrètement une pièce de théâtre sur la plateforme honnie. Les plus décomplexés, dont le journaliste multiplateaux Jean-Michel Apathie en tête, le clament dès qu’ils en ont l’occasion. Une chose est sûre, ne comptez pas, si vous êtes un auteur pro-numérique, faire la une de la presse littéraire. Elle vous méprise, et vous déteste car « vous n’en êtes pas » … De quoi ? De la case noble de la littérature adoubée par les pairs des très académiques salons germanopratins… Jusqu’au jour où, chacun y trouvera son compte. En attendant, Kindle Direct Publishing poursuit son aventure éditoriale, Les Plumes Francophones. Après le succès de l’édition 2019, ces dernières récompenseront cette année deux lauréats : La Plume des Lecteurs, attribuée par le public et La Plume du Jury, attribuée par un jury composé de journalistes et d’influenceurs et présidé par Frédéric Duval, Directeur Général d’Amazon. Les auteurs francophones ont jusqu’au 31 août prochain pour déposer leurs manuscrits sur Kindle Direct Publishing. Mais on ne vous a rien dit. Camille Fabre, responsable de cette entité revient sur cette tragicomédie entre anciens et modernes et remet assez bien les points sur les i.
IN: il est de bon ton de boycotter l’autoédition, -qui plus est Amazon-, dans les salons germanopratins, que répondez-vous?
Camille Fabre : aujourd’hui, les livres autoédités ont durablement trouvé leur place dans le paysage littéraire français et conquis de nombreux lecteurs qui apprécient non seulement la qualité des plumes, mais également la créativité et la liberté de ton de cette nouvelle génération d’auteurs. Selon la Bibliothèque nationale de France (BnF), sur les 80 000 livres déposés en 2017, un sur cinq était autoédité. Plus significativement encore, la moitié des auteurs déposant un livre pour la première fois à la BnF cette année-là étaient autoédités. Les ventes de livres numériques gagnent parallèlement du terrain : selon l’Observatoire de l’économie du livre, 22% des Français ont déjà lu un livre numérique.
IN : en quoi l’autoédition est-elle un bon outil de vulgarisation de la littérature?
C.F. : l’autoédition permet à chaque auteur de trouver son lecteur. Avec le lancement de Kindle Direct Publishing (KDP) en France dès 2011, Amazon a permis de révéler de nombreux écrivains tout en offrant aux lecteurs une sélection toujours plus large et variée d’ouvrages dans tous les genres. Avec ses multiples services accessibles en quelques clics, le service offre aux auteurs toutes les fonctionnalités dont ils ont besoin pour publier leurs livres aux formats numérique et papier sous 48 heures, en toute simplicité, sans avance de frais et avec des niveaux de redevances pouvant atteindre 70% du prix de vente. Le service propose aussi de nombreux outils pour parvenir à des ouvrages d’une qualité professionnelle et mettre en place des stratégies de communication. Ces dernières s’étendent des classiques opérations promotionnelles aux nombreux évènements spécifiquement organisés par Amazon pour donner de la visibilité aux auteurs, dont le désormais célèbre concours littéraire annuel « Les Plumes Francophones » dont le but est de révéler et de valoriser de nouveaux talents littéraires auto-édités.
IN : quelles sont les limites d’un tel process?
C.F. : je ne vois pas de limite, bien au contraire, je vois des opportunités, au même titre que l’entrepreneuriat. L’autoédition reste une aventure personnelle, formidable et intense, qui n’est pas sans rappeler celle d’un autoentrepreneur. En partant à la conquête de ses lecteurs, l’auteur doit se démarquer, se faire connaître, séduire par ses couvertures et sa mise en page, contrôler ses ventes, exposer ses ouvrages là où le lecteur est le plus présent… bref, endosser toutes les responsabilités pour assurer le succès de son oeuvre.
IN : pensez-vous découvrir de grands auteurs qui seraient passés entre les filets des maisons d’édition?
IN : KDP est un véritable dénicheur de talents et le concours d’autoédition en langue française Les Plumes Francophones a pour but de révéler de nouveaux talents littéraires, tout en favorisant le rayonnement international de la francophonie. Amélie Antoine a rencontré un vif succès avec Fidèle au poste avant d’être repérée par les éditions Michel Lafon et de sortir en librairie en mars 2016. Louisiane C. Dor, prix Renaudot poche 2017 pour Les méduses ont-elles sommeil ? a initialement publié sur KDP (en 2015) avant d’être édité chez Gallimard (en 2016) puis en Folio (2017).
IN : croyez-vous qu’un jour l’autoédition fera la loi sur ce marché?
C.F. : l’autoédition est une pratique qui touche toujours plus de lecteurs et profite bien entendu aux auteurs autoédités qui représentent jusqu’à 40% du TOP 100 hebdomadaire sur Amazon.fr.
IN : que faudrait-il faire afin d’améliorer l’image de l’autoédition by Amazon. En dehors de JM Apathie, peu d’auteurs connus semblent en parler ouvertement.
C.F. : À titre d’exemple, Aurélie Valognes, révélée par Kindle Direct Publishing avec « Mémé dans les orties » et 4ème auteur ayant le plus vendu de livres en France en 2018 (classement JFK) témoigne souvent de son parcours. Elle nous a notamment fait l’honneur de présider le jury de la Plume du Jury de la dernière édition des Francophones.
IN : une étude menée par Opinionway révèle que la lecture a été un vrai refuge pour les lecteurs lors de ce confinement?
C.F. : L’enquête révèle en effet qu’un tiers des Français a profité de cette période pour lire plus que d’habitude (+38% chez les jeunes âgés de moins de 25 ans). Assignés à résidence, 62% des jeunes âgés entre 18 à 34 ans ont déjà pensé à écrire un livre et certains indiqué qu’ls s’étaient enfin lancés dans leur projet. Et puis, le confinement a été profitable à de nombreux écrivains puisque 33% d’entre eux ont déclaré avoir beaucoup plus écrit qu’en temps normal.
Amélie Antoine chez KDP repérée par Folio qui édite son ouvrage
Les méduses ont-elles sommeil ? de Louisiane C. Dor, publié sur KDP avant d’être édité chez Gallimard (en 2016) puis en Folio (2017). Prix Renaudot poche 2017.
Aurélie Valognes, révélée par Kindle Direct Publishing avec « Mémé dans les orties »